you're a heartless man at worst, babe ▷ soren.

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@OBRIENS + WILLGRAHAM.

essie & soren.
i know you got plenty to offer baby,
but i guess i've taken quite enough.
just give me some candy, before i go.
✣✣✣

La mer d'un bleu azur venait grignoter le sable, laissant dans son sillage une mousse blanche, et de nombreux coquillages que les rayons du soleil venaient réchauffer. Un temps propice pour les touristes qui d'ordinaire se promenaient en masse sur la plage, impatients de se jeter à l'eau pour se rafraîchir. Toutefois, il était encore trop tôt pour que ces derniers daignent mettre leur bout du nez à l'extérieur. Non, ils devaient encore se prélasser dans un des quelconques hôtels de luxe qui bordaient la rive. Ce n'était pas pour autant que la brunette les enviait, et ce pour une raison principale : elle détestait se baigner et avait une trouille bleue de se noyer, qui plus est, se prélasser n'était pas dans ses habitudes. La raison de sa présence ici de très bonne heure était donc tout autre, et ne se justifiait pas non plus, par une volonté d'admirer les surfeurs se pavaner leur planche à la main, bien qu'elle leur jeta un rapide coup d'oeil curieux. En réalité, Essie avait pris pour habitude de venir courir chaque matin pour se détendre les muscles, et promener son chien qui ne la quittait pas d'une semelle. Si le médecin lui avait préconisé de limiter un maximum les efforts physiques, cette information était tombée dans l'oreille d'un sourd, et elle n'en faisait qu'à sa tête. Depuis qu'elle s'était brisée la cheville lors d'une audition, et ce juste avant de rentrer de New York, elle était supposée se reposer afin de favoriser la cicatrisation. Une chose quasiment impossible pour la boule d'énergie qu'elle était. Après plusieurs semaines à broyer du noir - il n'y avait pas que la santé qui lui avait mis un coup au moral, l'amour s'en était aussi mêlé - elle s'était dégotée un poste de professeur de danse dans un petit bouiboui local. Certes, ce n'était pas ce dont elle avait rêvé, mais cela faisait provisoirement l'affaire, et lui permettait de quoi gagner pour s'assurer des fins de mois tranquille. Et puis les autres lui avaient promis de l'accueillir à bras ouverts si elle revenait dans les alentours de la grande pomme, ce dont elle doutait fortement, ayant gardé des souvenirs amère de cette période de sa vie sur laquelle elle avait définitivement tiré un trait. D'ailleurs, hormis une ou deux collègues, elle n'avait gardé contact avec personne, sa petite crise ayant été très claire lors de la dernière représentation : elle ne désirait pas recroiser leur chemin, ou plutôt le sien. Là était encore une autre histoire. Respirant un grand coup, elle accéléra sa foulée pour rattraper Falco qui courrait loin devant en aboyant sur les mouettes qui s'envolaient, ce qui ne manqua pas de la faire sourire. Elle l'avait récupéré à son retour, un cadeau de son père, qui avait pensé que ce serait un formidable compagnon pour l'aider à se rétablir. Il n'avait pas eu tort, et elle s'était fortement attachée à lui, néanmoins il avait un unique défaut : il ne pouvait s'empêcher piquer ses affaires dès qu'elle avait le tourné. Parvenue à sa hauteur, elle se stoppa afin de reprendre son souffle, et les poings sur les hanches, elle observa l'horizon, avant de reporter son attention sur le berger allemand. « Mais qu'est ce que... » La tête penchée sur le côté, il l'observait de ses grands yeux noirs, battant la queue sur le sol, tandis qu'il tenait dans sa gueule ce qui ressemblait fortement à une chaussure. « Falco donne moi ça toute suite... » Elle tira dessus avec force luttant contre lui plusieurs secondes, avant d'arracher la basket pleine de bave. « Argh.... A qui as tu volé ça encore ? » Alors qu'elle s'essuyait la main sur son jogging, elle leva son index devant la truffe du canidé en fronçant les sourcils. « C'est mal. Comment je vais faire maintenant ? » Elle laissa échapper un long soupire, deux alternatives s'offraient à elle : enterrer l'objet dans le sable en priant qu'on ne la remarque, ou chercher son propriétaire. Étant dans un bon jour, elle opta pour la deuxième alternative, et remonta vers la berge, tel le prince charmant à la recherche de sa cendrillon. Un geste qu'elle regretterait à coup sur dans les minutes à venir.

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I wish you the best, i’m headed west
it’s all i know to do
I will fall, i will fall if you come around

Le soleil matinal, pas encore trop chaud, lui caressait la peau, alors qu'il était allongé sur le sable, profitant de cette si belle vue que lui offrait l'océan. En tant normal, il commençait ses matinées de congé avec un petit déjeuner en compagnie de sa cadette, mais aujourd'hui, elle s'était absentée, et bien qu'il appréciait cette routine qui s'était mise en place entre eux, l'idée de pouvoir se réveiller à l'aube pour admirer le lever du soleil sur sa planche de surf était forte plaisante. Il ne se rendait que peu souvent ici, travaillant à Los Angeles, il avait pour habitude de courir le matin le long de Santa Monica Beach avant de se rendre au théâtre et prendre une bonne douche. Ce matin, avait revêtu sa combinaison de surf, bien que l'eau soit plus qu'agréable à cette période. Après avoir profité de nombreuses vagues, être tombé quatre ou cinq fois – ce qui n'était pas si mal que ça, il avait retiré cette tenue pour se retrouver en maillot et profiter au mieux de l'air marin. C'est lorsqu'il commença à fermer les yeux, laissant les goûtes d'eau salée couler le long de ses joues avant de sécher, qu'il entendit un aboiement près de lui. Ses yeux se portèrent vers un beau berger allemand. « Hey buddy. » Tout en caressant l'animal, qui semblait bien heureux de l'attention que le blond lui portait, il regarda par la suite aux alentours pour apercevoir le propriétaire, sans succès. Semblant profiter de ces quelques secondes d'inattention, le chien en profita pour attraper l'une des chaussures qu'il avait laissé sur le coin de sa serviette de plage. « Oh no, don't even think about ... » On dit que ces animaux sont intelligents, on ne pouvait donc pas lui reprocher d'avoir essayé de lui faire entendre raison, mais il n'eut même pas le temps de terminer sa phrase qu'il le vit s'éloigner, faisant preuve d'une rapidité qui déconcerta le jeune homme. L'idée de tout laisser derrière lui pour courir après lui ne l'enchantait guère, mais il n'allait pas repartir avec une basket aux pieds.
Soren attrapa son porte-feuille qu'il glissa dans la poche de son short de bain et entreprit de partir à la suite du berger allemand, qui avait quand même pris une sacrée avance. Tachant de ne pas le perdre de vue, il ne voyait maintenant plus qu'une vague forme au loin, mais celui-ci semblait avoir retrouvé son maitre. Il accéléra sa course en les voyant tous deux marcher dans sa direction, mais son allure ralentit très vite lorsque, à quelques mètres d'eux, il aperçu qui était le maitre, ou plutôt maitresse, en question. Il s'arrêta net. Il ne savait pas trop pourquoi, mais son cœur venait de faire un léger bond. Probablement de la culpabilité, de l'étonnement peut-être ? Essie. Impossible de ne pas reconnaître la jolie brune, qui avait quelque peu partagé sa vie lors de son séjour à New-York. Si lui en avait gardé un très bon souvenir, la dernière discussion qu'ils avaient eu tous les deux – très brève, lui avait fait comprendre que ce sentiment n'était pas partagé. Il s'était comporté comme un égoïste, et pour la première fois, s'était fait remettre à sa place. L'égo du jeune homme en avait prit un coup. Grandis un peu, Soren. Ce n'était rien, ces quelques mots, et pourtant ils étaient resté dans sa tête, refaisait surface de temps en temps, depuis leur dernière séparation. Lorsqu'il pensait à elle, ou bien lorsqu'il était avec une fille, ce qui s'était fait bien plus rare d'ailleurs depuis son retour à Orange.
Rapidement, il se rendit compte que rester là, planter comme un idiot, n'allait pas lui être très utile. Mais la première chose qui lui vint à l'esprit, fut de remarquer à quel point elle était toujours aussi jolie, son regard toujours aussi profond, il l'avait tellement fait craquer, quelques mois plus tôt... Tentant de reprendre le dessus sur ses émotions inexpliquées, il se ressaisit, et continuer de marcher vers elle, alors que son animal courait à nouveau dans sa direction. A son arrivée vers lui, il s'accroupit pour se trouver à son niveau, et sourit. « You shouldn't run away with my things like that, hasn't your lovely mum told you so ? » Il leva alors le regard vers la jeune femme, appréhensif de la façon dont elle réagirait face à lui. L'idée de se prendre sa chaussure dans le visage lui effleura l'esprit et fut loin d'être confortante.

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Le coeur cognant dans les temps et le souffle court, elle releva le visage, et s'éloigna un peu de quelques pas sur le côté dans le sillon du chien qui s'était déjà élancé en avant. Son regard dévia soudainement vers la silhouette qui se tenait non loin, et dont les cheveux dorés brillaient sous l'influence des rayons du soleil. Tandis qu'elle progressait difficilement, s'enfonçant dans le sable, elle ne la quitta pas des yeux, un horrible pressentiment s'immisçant en elle au fur et à mesure que la distance entre eux diminuait. Puis Essie le reconnu, et refusa de bouger davantage, la respiration bloquée au fond de la gorge : elle voulait disparaitre. Malheureusement c'était trop tard, elle avait croisé ses iris, celles dans lesquelles elle s'était perdue plus d'une fois, écoutant ses belles paroles comme on boit du bon vin. Ces prunelles enivrantes qu'étaient les siennes, celles de Soren. Elle frissonna, tremblante, et ce fut l'angoisse au fond du ventre, lui tordant les tripes, qu'elle rompit le gouffre. Le revoir ainsi rappelait à sa mémoire tant de souvenirs, qu'elle avait juré pouvoir oublier à tout jamais, mais c'était hélas avec ténacité qu'ils s'étaient accrochés, la plongeant dans un état second, partagé entre les regrets et l'amertume. Puis, petit à petit, tout s'anima finalement, et muscles tendus, elle se traina devant lui, son coeur faisant un bond plus vite que son corps, comme si il lui avait dicté sa conduite. Durant plusieurs secondes infiniment longues, elle se demanda ce qu'elle devait faire. Pour cette fois, et unique fois, elle désirait fuir ses responsabilités. Mais fuir était synonyme de défaite, or elle ne pouvait pas le lui accorder. Lorsqu'il ouvrit la bouche, elle retrouva tout ce qu'elle avait exécré chez lui : la désinvolture et sa suffisance. "Lovely mum" Était il vraiment sérieux ou être un imbécile fini était naturel chez lui ? Elle fit mine de vomir, la mine déconfite : c'était la pire phrase d'accroche qu'il lui sortait depuis qu'elle le connaissait, et dieu savait le nombre de formules bidons qu'il avait pu user à son attention. « Erff Soren. C'est pas comme ça que tu me feras retourner dans ton lit. 'Lovely mum', vraiment ? C'est... niais. » Elle ferma les paupières un instant, priant que l'océan s'empare de Soren pour l'engloutir, mais lorsqu'elle les rouvrit, force était de constater qu'il était toujours bel et bien vivant en face d'elle. Fichtre, pourquoi les vœux ne fonctionnaient ils jamais ? Ayant subitement réalisé qu'elle gardait toujours en sa possession une de ses chaussures, elle se fit un malin plaisir de la jeter au loin, afin que Falco s'élance à sa poursuite. Il pouvait la détruire, la lacérer même, désormais ce n'était plus son problème, elle espérait juste qu'il n'en fasse qu'une bouché. Un sourire satisfait se dessina sur ses lèvres, alors qu'elle le toisait avec désinvolture, de cet air qui signifiait : voilà ce que j'ai fais de ta basket, je n'hésiterais pas à réitérer avec toi. Après tout, lui même n'avait pas eu de pitié à la traiter comme une vulgaire savate, l'usant à sa guise et selon ses sautes d'humeur. Si tout ce qu'elle lui reprochait remontait peu à peu à la surface, la raison de sa présence dans les environs titillait néanmoins sa curiosité. Une seconde, l'idée lui traversa qu'il était peut être là pour elle afin de faire taire ses remords, mais elle fut immédiatement chassée : il était trop égoïste pour ça. Qui plus est, elle vivante, jamais ses excuses ne seraient acceptées; son pardon ne pourrait s'acheter avec des mots. En réalité il ne pourrait s'acheter tout court. Se penchant légèrement sur le côté, elle regarda ostensiblement derrière lui, faisant bien exprès d'en rajouter une couche. « Où sont tes groupies ? Était ce Jolene ? Mary ? Ou peut être Kelly ? Je n'arrive plus à m'en souvenir. » Elle fronça les sourcils se renfrognant, tandis qu'elle mordillait l'ongle de son pouce. Essie avait véritablement la dent dure, et il avait intérêt à s'accrocher pour ne serait ce obtenir qu'un mot diligent de sa part. « Tu connais l'expression - le monde est petit - ? Et bien parfois j'aimerais que ce ne soit pas le cas. Rester à New York était trop compliqué pour toi, il fallait bien sur que tu viennes ici aussi. » Se tournant vers le berger allemand, elle lui fit signe de revenir d'un geste fébrile de la main, et poursuivit sans prendre la peine de regarder Soren. « Je ne sais pas qu'est ce que tu as derrière la tête, mais ne m'implique pas dans tes histoires. J'ai assez donné comme ça. » Un point d'interrogation flottait au dessus sa tête, et elle réalisa que si lui savait pratiquement tout d'elle, le contraire n'était pas réciproque. Elle ignorait tout de Soren.

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Se retrouver face à elle était perturbant, il n’arrivait pas à expliquer l’effet qu’elle avait sur lui. Ce n’était pas son charme, bien que la demoiselle était loin d’en manquer, mais après tout, elle n’était pas la seule. Non, c’était autre chose, qu’au fond il avait toujours ressentit sans y apporter une grande attention, jusqu’à ce fameux jour, celui où elle avait fini par lui dire ses quatre vérité en lui fermant royalement la porte au nez. Il aurait dû s’en moquer totalement, des conquêtes ce n’était pas ce qu’il lui manquait, et il s’était d’ailleurs persuadé qu’après tout, il n’en avait rien à faire. Mais il n’avait fait que refouler au fond de lui ce sentiment qu’il n’arrivait pas à expliquer. Pourquoi s’en soucier de toute façon, il ne la reverrait sans doute jamais., et c’était bien plus simple comme ça. Pourquoi se prendre la tête pour une jolie brunette ?

Pour certains, c’était le sarcasme, pour lui, la prétention était un bon moyen de défense, se montrer confiant plutôt que de perdre ses moyens, et montrer ses faiblesses était une chose dont il ne pouvait se passer. Se sentant attaqué par la réponse de la jeune femme, ce fut donc naturellement qu’il employa ce mécanisme. Il allait être prétentieux, mais au moins elle ne verrait pas la confusion qui s’était emparée de lui. « Who said i wanted you back in my bed ? Don’t be so cocky my dear. » C’était lui, the cocky one, il le savait bien, et ne fut donc absolument pas étonné lorsqu’elle jeta sa chaussure au loin, avec ce regard froid qu’il n’avait pourtant que si peu connu d’elle. « Well, thank you for that … » Il n’avait jamais vraiment songé à la façon dont leurs retrouvailles se passeraient, si éventuellement elles arriveraient, et n’ayant pas l’habitude d’être confronter à ce genre de situation, il devait prendre sur lui pour ne pas simplement fuir. Un simple, well that was nice seeing you, et repartir. D’un autre côté, il voulait rester, sans trop savoir pourquoi. Elle en revanche, semblait être sûre d’elle et ne manquait pas de reproches. Pour cette dernière, concernant ses soi-disant groupies, il haussa les épaules, avec désinvolture. « I got bored. » Ce qui était en partie vrai, il commençait doucement à se lasser de ces fameuses filles si faciles à avoir … et ce, encore une fois, depuis qu’Essie avait décidé de le remettre en place avant de le virer de sa vie. Chose qui n’était jamais arrivée avant, ou du moins, pas depuis la dernière et unique fois où on lui avait brisé le cœur, et qu’il s’était senti comme un parfait idiot. « Okay, calm down, i’m back here to dance at the Pantages again, in a new show, wich by the way has been planned for a long time. So, seeing that you weren’t supposed to leave New York, i’d say you’re the one who followed me. » Sentant déjà la réflexion arrivée, il ajouta rapidement. « Not saying it was on purpose, just, don’t blame me for that. » Elle ne pouvait pas vraiment lui reprocher sa présence ici. Certes, il ne lui avait pas vraiment donné d’explications avant son départ de New-York, et sans même si leur dispute n’avait pas eu lieu, puisqu’à l’origine, égoïste comme il était, il avait prévu de quitter sa vie sans rien dire, sans même se soucier de ce qu’elle en aurait pensé. Ce n’était pas par méchanceté, simplement l’idée qu’elle se préoccupe de son départ ne lui avait même pas effleuré l’esprit. Pour lui, leur histoire se finirait de toute façon un jour ou l’autre, sur un commun accord, alors son départ n’y aurait pas changé grand-chose. « Je ne sais pas qu’est ce que tu as derrière la tête, mais ne m’implique pas dans tes histoires. J’ai assez donné comme ça. » Le jeune homme lança un regard vers le berger allemand, qui s’était donné grand plaisir à courir après ce qu’il avait dû adopter comme son nouveau jouet de la matinée. « Hey, your dog came after my shoe ! » Le blond poussa un léger soupir. Il était venu sur la plage pour se détendre, non pour accuser toutes ces critiques. « Look, Essie, we’re starting off on the wrong foot … We haven’t seen each other for months now, does it really have to be like that ? There was a time when you didnt hate me … »

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La brise légère vint caresser son visage rougis, lorsqu'au même moment son coeur, devint subitement glissant et chaud, et lourd, terriblement lourd. Essie avait toujours essayé de maintenir une façade cynique, usant de cette dernière comme défense face à l'embarras, la peur, la solitude, mais à cet instant, elle se senti anormalement vulnérable. Soren n'était pas le premier ni le dernier, il était juste à part. Beaucoup d'hommes s'étaient succédés dans sa vie, certains étaient restés longtemps, d'autres n'avaient fait que passer, mais lui... Lui était unique. Elle ne savait dire ce qui le rendait si attrayant à ses yeux, elle même ne parvenait pas à l'expliquer, mais les faits étaient pourtant là, tout aussi dérangeants qu'ils étaient. Elle l'avait aimé. Pour lui, elle aurait fait n'importe quoi. Faisant fi de sa fierté, et de son indépendance, elle s'était investie corps et âme dans cette relation à sens unique, avant de sombrer plus bas que terre. A ce titre la page restait difficile à tourner, et expliquait pourquoi elle lui en voulait autant. Il était tout à fait compréhensible, qu'on ne puisse pas l'aimer, mais jouer avec ses émotions était singulièrement différent. Toutefois en dépit de ses réflexions silencieuses la brunette maintenait une apparence stoïque, et tel un célèbre détective, elle détachait son esprit de sa raison à un degré suffisant, afin de ne pas remarquer à quel point sa tête la faisait souffrir. Car malgré tout un sentiment persistant la tiraillait alors qu'elle le fixait avec insistance : il lui avait manqué. Son sourire, sa main contre sa hanche lorsqu'ils dansaient, la façon dont il la regardait. La liste était longue, mais cette infinité de petits détails la guidaient dans le (quasi) hypothétique sens du pardon. Un sourire se mua sur ses lèvres, il n'avait décidément pas changé. « Je connais tes faiblesses, et sauter sur tout ce qui bouge en fait parti. » Et c'était vrai, il le savait tout autant qu'elle, les femmes n'étaient qu'un jeu pour le danseur, un jeu auquel elle avait malheureusement pris part, écartant d'un geste de la main les mises en garde qu'on lui avait formulé. « I got bored. » Essie ricana, tout en replaçant une mèche de cheveux capricieuse. Espérait-il vraiment qu'elle le prenne en pitié ou émette le moindre commentaire laissant suggérer qu'elle le plaignait ? C'était un combat perdu d'avance, bien au contraire, ses déboires personnels ne faisaient que titiller davantage cette jalousie qu'elle n'avait jamais soupçonné avant de le rencontrer. Si l'explication qu'il lui fournit tenait la route, elle en éprouva toutefois une déception, ayant quelque part escompté être la cause de sa présence dans les environs, bien que ce fut se voiler la face. Une fois encore, il réussit à retourner la situation à son avantage ce qui ne manqua pas de l'agacer. « Contrairement à ce que tu pourrais croire mon monde ne tourne pas autour de toi. Je me suis blessée à la cheville, j'ai été contrainte de rentrer. Je suis suspendue provisoirement. » Une blessure bien difficile à digérer et qui succédait à un enchainement de circonstances plutôt accablantes. D'abord leur rupture - encore que le mot fut mal choisis - et ensuite son corps qui la trahissait. Fort heureusement, Essie n'était pas défaitiste et préférait aborder les événements avec courage, même si tourner le dos à ses rêves la blessait profondément. Le spectre fugace de sa mère s'imprégna devant elle, et Essie se détourna aussitôt, faisant mine de chercher Falco qui aboyait au loin, visiblement heureux avec son nouveau jouet. Tapotant sur ses genoux d'un air autoritaire, elle le pria de revenir, et tituba presque sous l'impact de l'animal qui se colla brusquement contre ses jambes, en soufflant bruyamment. Dans une infinie lenteur elle se pencha vers lui pour le gratouiller entre les oreilles, et docilement il lui rendit la chaussure qui était dans un piteux état. « Il a l'air de vraiment t'apprécier, tu peux être heureux qu'il ne t'ai pas découpé en miettes. Tient... » La mine dégoutée, elle lui tendit le précieux sésame, et poursuivit, avec plus de clémence et de douceur. « L'état actuel des choses est purement de ta faute Soren, tu as fais en sorte que ça arrive. Tu pensais que j'allais t'accueillir en te sautant dans les bras ? » Il lui restait une dose d'amour propre, et reconstruire leur lien se ferait selon ses règles à elle, et plus jamais il n'aurait accès à son coeur, elle s'en faisait un serment. « Je préfère ne pas en reparler. Tout ça est terminé maintenant, ça l'était déjà quand tu couchais avec d'autres filles dans mon dos. Je suppose que j'attendais trop de toi. » Sarcasme. Elle fourra ses mains dans les poches, et fit un pas sur le côté, l'invitant implicitement à marcher à ses côtés. Une bonne discussion était peut être ce qui leur fallait pour repartir sur de bonnes bases. Pour lui permettre de clore une bonne fois pour toute le chapitre Soren. « Il faut croire que le temps ne panse pas les plaies..... » Ou du moins avec difficulté songea t-elle, tandis que ses orteils s'enfonçaient dans le sable. De loin ils ressemblaient à ces couples d'amoureux transis, qui se baladaient avec le chien d'un côté et les enfants de l'autre. Les apparences pouvaient être si trompeuses vues de l'extérieur. « Tu as prévu de rester longtemps ici ? » Il s'agissait là d'un moyen comme un autre de détourner l'attention sur ce qui lui posait réellement problème, autrement dit eux. En définitive, la réponse ne lui importait guère, et Essie mourrait d'envie de s'enfuir à toutes jambes.

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you're a little late, im already torn
should have seen just what was there

Ne plus pouvoir se produire sur scène. C'était là quelque chose qu'il avait eu la chance de ne jamais vivre. C'était certainement comme de se voir couper les ailes, bien que la comparaison était mal choisie, lui n'ayant aucun problème avec le fait de ne pas pouvoir voler. Il ne se sentait en sécurité que sur la terre ferme, ou bien sur l'océan. Il pouvait cependant imaginer la douleur et la difficulté de cette situation, et mis de côté pendant quelques secondes cet air confident, voir supérieur qu'il se donnait. « I'm sorry, i know how much you loved it there. » En revanche il ne doutait pas de sa force, et même si c'était sans aucun doute une étape délicate pour la jeune femme, elle saurait passer outre cet accident. Il admirait sa façon de voir les choses, de trouver le positif de chaque situations, même si parfois ce n'était que pour se protéger et se montrer imbattable, intouchable. Pour ça, ils n'étaient pas si différents. « But i know you, you'll get passed this and be back on stage soon enough. » S'il s'était senti tendu, l'air marin avait l'avantage de le rendre plus posé, une grande inspiration et pendant un instant, il parvenait à chasser tout ce qui pouvait se bousculer dans sa tête. Il prit cette inspiration alors qu'il regardait l'animal les rejoindre, heureux d'apporter la basket, qui était maintenant dans un état pitoyable, à sa maitresse. Malgré lui, il ne put retenir un léger soupir. Elle devait être satisfaite, et ne manqua pas de le lui montrer, en lui rendant la chaussure. « Does he have any other toys ? »
Et puis ayant retrouvé son calme, il ne souhaitait qu'une chose, qu'ils reprennent ces retrouvailles à zéro. Sans tension, sans reproches. Mais il était bien égoïste de penser une telle chose. Ses yeux ne quittèrent pas ceux de la brune. Comme avant, elle avait ce petit quelque chose qui faisait que même si elle l'insultait, il ne pouvait décrocher de son regard. « That sure would have been much better, yes. And don't tell me you dont feel good in my arms. » Si lui n'avait pas compris ce qui s'était passé ce jour-là, il avait finalement réalisé à quel point il n'avait pas fait assez attention à elle. C'était dans sa nature, de se soucier de lui et non des autres. Cela avait si bien fonctionné jusque là, qu'il s'était imaginé qu'Essie serait comme toutes les autres, une fille qui se contente d'une nuit de plaisir par semaine en sa compagnie, parfois plus, mais cela s'arrêtait là. Il l'avait blessé, il en avait conscience, mais cela n'avait jamais été son intention. Parce qu'au fond, même s'il ne voulait pas se l'avouer, ne pas compliquer les choses, il tenait à elle. « I didn't really mean for any of this to happen, come on you know me well enough to believe that i never meant to hurt you. » Il était peut-être un coureur de jupon, mais il était toujours honnête à ce sujet. Avec Essie, comme avec les autres. Il n'ajouta cependant rien lorsqu'elle répondit qu'elle ne voulait pas en reparler, bien que lui n'était pas entièrement de cet avis. Si elle avait eu l'occasion de lui dire ce qu'elle pensait, cela n'avait jamais vraiment été son cas. Elle reprit la marche et il la suivit, approuvant la démarche puisqu'il avait toujours ses affaires étalées non loin d'ici, ce qui ne lui plaisait pas particulièrement. « I guess so, it does feel good to be back on that Pantages stage. You should stop by when you get a chance. » Ses yeux ne quittaient plus l'océan. Il savait que cette conversation n'allait pas durer, elle ne se souciait pas plus que lui de ce qu'il faisait en ce moment, il le savait. Et de son côté, il savait que s'il ne se lançait pas maintenant, il n'aurait peut-être plus l'occasion de dire lui aussi ce qu'il pensait de leur histoire. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux, pendant une seconde hésita à relancer le sujet. Elle allait encore lui en vouloir, mais il s'en moquait. Il s'arrêta net, s'assurant qu'elle en face de même et porte son attention sur lui. « I know you don't want to talk about it again, but you know what, i don't care. You shut the fucking door at my face and i never got a chance to say anything. It's easy to say that i'm the ass who messed up, but maybe we could have talked about it. » Il parlait vite, comme s'il avait retenu ces mots trop longtemps et qu'ils se dépêchèrent de sortir avant qu'on ne les coupe dans leur élan. Doucement, il reprit une allure calme, posée. « Why didn't you tell me how you really felt about this? You knew the deal, if it made you uncomfortable, i would understand, i'm not a completely heartless idiot. » Ce jour-là, il était peut-être trop tard, mais si elle lui en avait parlé avant, en seraient-ils là, aujourd'hui ?

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so i'll use my voice, i'll be so fucking rude,
words they always win, but i know i'll lose;
and i wanna cry but all my tears have been used up.
✣✣✣

Tout ceci était ridicule. Cette conversation était ridicule. Essie se moquait bien de ce qu'il pouvait faire ici ou combien de temps il comptait rester. La question avait été formulée par pure politesse, mais elle n'en attendait rien, cherchant juste une opportunité afin de s'éclipser dignement, et si possible sans remous. Jusqu'ici elle estimait avoir fait preuve d'une patience hors du commun à son égard, contrairement à ce qu'elle avait initialement prévu dans le cas hypothétique de leurs retrouvailles. En réalité, elle avait espéré que celles ci n'adviendraient jamais, et que leurs chemins ne se recroiseraient plus, peu sûre de pouvoir supporter le choc une seconde fois. Et elle avait eu raison. Le revoir tiraillait son estomac, et provoquait l'éclosion de souvenirs trop longtemps mis de côté. Elle avait pourtant tout fait pour l'oublier, mais l'empreinte de sa présence dans son existence était bien trop forte, et c'était un combat à armes inégales qu'elle menait contre elle même. Chancelant d'un pied sur l'autre, elle ignorait ce qu'elle désirait le plus ardemment : fuir ou rester à ses côtés, car Soren était toxique. Les lèvres pincées, elle soupira, fourrant ses mains dans les poches, sans quitter l'océan des yeux. Le regarder lui, eut été céder. Au moins, les vagues bleues azures ne lui voulaient aucun mal, tant qu'elles se tenaient à distance. Au loin elle distingua plusieurs personnes dans les rouleaux, et tâcha de se concentrer sur ces derniers, plutôt qu'à la situation présente qui glissait entre ses doigts à chaque minute. Là ou d'autres craignaient le silence, Essie quant à elle le trouvait réconfortant, et s'en enveloppait telle une armure protectrice. Qui plus est, les mots restaient bloqués au fond de sa gorge, il lui semblait déjà avoir tout dit les concernant, et plus rien de probant ne pouvait être ajouté : il l'avait blessé. Cela s'arrêtait là. De l'amour avaient-ils dit. Mais l'amour n'amène, et n'avait jamais amené de bonheur. Au contraire, l'amour était un état constant d'anxiété, de combat, de nuits sans sommeil à se demander si on avait bien fait ou mal fait. L'amour était composé d'agonie, et elle ne le savait que trop bien. Ses paroles eurent le don d'exacerber ses ressentiments, et elle du serrer le poing, afin de ne pas partir au quart de tour. Selon ses dires, il n'avait pas voulu lui faire de mal : c'était visiblement raté, et elle refusait de croire qu'il n'avait rien vu venir. « Non Soren, justement je ne te connais pas. Tu ne te confie pas. » C'était malheureusement vrai. Si il avait un don unique pour charmer son entourage, il ne dévoilait jamais rien d'intime, se contentant de prendre sans donner. Elle n'avait vu que la façade, sans avoir la chance d'accéder au reste, et elle ne discernait que ce qu'il avait bien voulu lui montrer. Alors, non, c'était faux d'affirmer qu'elle le connaissait sur le bout des doigts. Voyant qu'ils abordaient désormais tout ce qu'elle voulait éviter, elle jugea qu'il était temps de s'excuser maladroitement et de rentrer. Saisissant cette occasion parfaite, elle s'apprêtait à ouvrir la bouche, lorsqu'il s'arrêta l'obligeant par conséquent à faire de même. Non, pas ici, pas maintenant. Elle n'était pas prête.

Tandis qu'ils étaient là debout et immobiles, la vitesse avec lesquelles les choses pouvaient changer la frappa. La vie était telle un kaléidoscope, il suffisait de regarder une jolie forme, se dire qu'on voulait y rester longtemps, et puis la couleur se muait, devenant différente, et il n'y avait plus aucun moyen de revenir en arrière. Peu importait à quel point on en avait envie. Il en était pareil pour elle et Soren, ils pouvaient faire tout les efforts du monde, crier, pleurer, s'énerver, parler : leurs actes étaient un lourd poids à porter. « Mais parler de quoi ? Te dire quoi ? Que je t'aimais ? Tu n'aurais pas compris. » C'était de sa faute en partie, il avait raison, s'attacher ne faisait pas parti du contrat initial, mais demander à quelqu'un de contrôler ses sentiments était aussi stupide que de parier sur le fait de pouvoir vivre sans respirer : c'était infaisable. « Qu'est ce que ça peut faire maintenant de toute façon ? A quoi ça sert de ressasser le passé ? » Pourquoi fallait il qu'il vienne encore et encore la torturer ? N'en avait il pas fait assez comme ça ? Son cœur était déjà en miettes, il était nul besoin de venir le piétiner davantage. Elle ne désirait plus parler de ça, le simple fait d'y penser la rendait malade, tout autant que les images qui défilaient devant ses yeux. Malgré tout elle poursuivit d'une voix claire. « Je ne te l'ai pas dis parce que... » La jeune femme avala sa salive, et leva furtivement les yeux vers lui, les détournant aussitôt avant de poursuivre, surprise par cette volonté soudaine de vouloir s'épancher sur le sujet. « Parce que je savais que tu partirais, et ça... Je me disais que j'arriverais à supporter tes conditions, mais je n'ai pas réussis. Te mettre devant le fait accompli était le seul moyen, et même si tu avais su, qu'est ce que tu aurais fais hein ? Tu m'aurais ris au nez, ou vendu de belles paroles. Ne me dis pas le contraire, ce serait un mensonge. » Et ça, elle ne l'avait saisi que trop tard. Soren n'était pas fait pour le type de relation qu'elle désirait, encore moins pour aimer quelqu'un durablement. Il n'était sans doute pas assez mature pour ça. Pas assez courageux. Essie était juste tombée sur la mauvaise personne; elle n'était ni la première ni la dernière à essuyer un échec amoureux, mais s'en remettrait éventuellement. « Putain merde Soren, pourquoi tu me fais revivre tout ça ? » Son ton trahissait désormais une certaine détresse, et elle se surpris à trembler alors qu'elle se mordait la lèvre. Elle ne pleurait pas. Son visage n'était pas seulement dénué de toute couleur, mais aussi de toute expression. Un corps vide. « Je te déteste. » Acheva t-elle en haussant la voix, tandis qu'elle l'observait sans ciller. Enfin. La vérité faisait finalement surface.