« Un café au lait s’il vous plaît, avec une pomme. » Me dirigeant d’un pas assuré vers une table libre, cette matinée commençait bien. Si je pouvais définir le début d’une bonne journée, elle commencerait par un café au lait. Ce matin là, alors que je venais de m’assoir à une table à proximité des vitres donnant sur l’extérieur du Starbucks, j’étais plein de bonnes motivations. Dénouant les boutons de ma veste de costume, je m’installais à mon aise en sortant mon macbook pour consulter mes mails. Cela faisait maintenant une bonne semaine que j’avais ouvert mon artothèque, et je travaillais sur la soirée d’inauguration. Je voyais ça bien, cherchant des exposants et des intervenants connus dans le milieu pour attirer les amateurs d’art en tout genre. En consultant ma messagerie, je venais de trouver mon exposant principal pour cette soirée. Un photographe spécialisé dans les autoportraits de la région. Cette nouvelle affichait sur mon visage un sourire satisfait alors que la serveuse s’approcha de moi, commande en main. « Voilà pour vous monsieur. » « Merci beaucoup mademoiselle ! Passez une bonne journée. » Alors qu’elle quittait la table avec un regard insistant, je compris ce qu’elle attendait en voyant des chiffres inscrits sur mon gobelet. Il faut savoir que j’aime les femmes, énormément. Pendant de longues années j’ai été, et je le suis encore aujourd’hui, un sacré coureur de jupons. Pourquoi se priver des plaisirs charnels ? Après tout, c’est un besoin naturel de l’être humain, et je n’étais pas dans le raisonnement de m’en priver pour une quelconque raison. Sirotant ma boisson en croquant de temps en temps dans ma pomme rouge, je m’étais plongé méticuleusement dans mon quotidien depuis plusieurs mois déjà. Ma venue à Chino et Orange ont été dans l’optique de me poser après mes longues années de vadrouille, et le projet qui m’animait était parfait pour penser à me stabiliser et avoir une vie sur le long terme. Bien évidemment, je ne comptais pas arrêter mon métier principal qui était restaurateur d’œuvres d’arts. Mais tant que mon artothèque n’aura pas obtenue une renommée et des revenus suffisants pour avoir des salariés, je ne voulais pas penser à autre chose. Au bout d’une demi-heure, mon téléphone vibra, posé sur la table, me faisant sortir de mes pensées. Un message de ma mère, qui prenait régulièrement de mes nouvelles depuis que j’avais lancé mon projet. Après avoir tapoté sur l’écran pour lui envoyer ma réponse, je m’étais arrêté un long moment sur une personne, marchant à l’extérieur du café en direction de la porte. Le tintement de la porte résonna dans ma tête, et je n’avais rien trouvé de mieux que de me cacher derrière l’écran de mon ordinateur, comme un gamin. Jade, la belle blonde qui m’avait mis plusieurs fois des bâtons dans les rues dans mes tentatives de séduction. Que faisait-elle ici ? Je n’étais là que depuis un mois à peine, mais je ne l’av ais jamais croisé dans les rues de la ville. Me redressant sur ma chaise, et la dévisageant de façon plutôt malpropre, j’avais besoin de m’assurer que c’était bien elle. Et j’allais rapidement être fixé en me levant et marchant dans sa direction. « Pour une coïncidence, je dois t’avouer que je suis agréablement surpris de te retrouver ici ! »