ALLIE + PRIM

lâche tes heures épuisées, vole, tu l'as pas volé. deviens souffle, sois colombe; pour t'envoler.

Il fronce les sourcils. Non. Non, cette phrase ne va pas, définitivement pas ! Il soupire et se rejette en arrière sur sa chaise. Ça fait une trentaine de minutes qu'il tourne en rond, que les mots ne parviennent pas à s'accoler correctement aux autres. Normalement, il n'a pas de problèmes. Mais aujourd'hui, pas moyen. Il a appris avec le temps qu'il ne pouvait pas forcer l'écriture. Généralement, c'est l'écriture qui le force. Mais aujourd'hui, rien à faire. Ni l'un ni l'autre ne semble vouloir forcer l'autre et Prim se sent un peu comme dans une impasse. Un aventurier face à une falaise infranchissable qui se demande comment il a pu s'égarer pour ce retrouver dans ce cul de sac. Un sac à dos vide sur l'épaule, épuisé, qui ne sait où aller. Face au mur. Face à sa table. C'est la même chose pour Primaël. Il n'a jamais su se concentrer. Sauf pour écrire. Parce qu'il ne s'y concentre pas mais il s'y plonge. Entièrement. Si d'autres ont souvent eu peur qu'il s'y noie, Prim a confiance en cette force qu'est l'imaginaire. Là où personne n'a été là pour lui, l'utopie l'a été. Et ça lui a souvent sauvé la vie.

Il décale sa chaise dans un crissement qui lui fait tirer une sale grimace. Calme-toi, Prim... Il inspire à fond et va se faire un café tout en jetant nonchalamment un coup d'oeil sur l'horloge. Dix-neuf heures déjà ! Quand le café déborde de sa tasse pour lui ébouillanter à moitié la main, il pousse un cri de colère et soupire, arrêtant la machine, nullement déconcerté par le fait de boire de la caféine à cette heure-là. De toute façon, ce soir, il a invité Allie. Autant dire qu'il préfère être bien éveillé pour être totalement maître de ses mouvements plutôt que de s'endormir à moitié. Auquel cas un simple petit verre de vin risquerait de le faire déraper. Déraper ? Ah, mais vous n'avez jamais vu Allie, aussi... Il avale son café en se brûlant la gorge à moitié, jetant presque sa tasse dans l'évier. Il court jusqu'à sa salle de bain, sautant dans la douche comme une petite puce. Ben oui. Il veut être présentable devant la belle blonde. Elle doit passer après le repas, histoire qu'ils soient tranquilles et puissent s'adonner à leur passion commune... : les textes, les livres, les lettres, bref, l'écriture quoi. Et pour ça, oui, il veut être présentable. Comment ça, pourquoi ? Vous suivez, ou bien ? On parle d'Allie là, mince ! (...) Ça frappe à la porte. Il sent déjà ses lèvres s'étirer en un sourire involontaire. Pauvre petit inconscient. Passant une main dans ses cheveux encore un peu ébouriffés et tout juste séchés, il ajuste sa chemise avant de croiser son regard dans le miroir. Il le détourne vite. Ses yeux bleutés lui renvoient le reflet d'un môme et il n'aime pas ça. Il a l'impression de ne jamais avoir grandi. Les autres le voient-ils aussi comme ça ? Il ne prend pas la peine d'attendre une réponse désastreuse de son subconscient pour ouvrir la porte, détachant un sourire rayonnant à la jolie blonde. Allie ! Je suis ravi que tu sois venu ! Viens, entre, je t'en prie. On se demande d'où il a apprit cette politesse clémente et presque parfois exagérée, avec des parents aussi absents. Il la débarrasse de son manteau et le simple fait de l'effleurer lui arrache un frisson qu'il camoufle en accrochant ledit manteau aux crochets suspendus au dos de la porte. Puis il se tourne vers elle et se frotte un peu la nuque, l'air gêné. T-Tu ne vas pas avoir beaucoup de lecture, j'ai pas réussi à gratter beaucoup de choses ces derniers temps..., avoue-t-il avant d'hausser les épaules, désinvolte. Il laisse ses yeux parcourir l'appartement, ravi de l'avoir pour lui tout seul ce soir où ses colocataires sont sorties. Avant ça, tu veux boire quelque chose ? Comment ça va toi ? Oui, il a tendance à demander trop de choses à la fois. Mais il ne faut pas lui en vouloir. Il pourrait lui demander mille et unes choses.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que t'es content de la voir. Comme toujours. C'est troublant, mais c'est comme ça. Au fond, t'aimes bien tout ce que tu ne comprends pas, tout ce qui te surprend toi-même. Même quand ça vient de toi. Tu la laisses donc entrer et la débarrasse de son manteau que tu suspends. Oh tant fait pas, ce n’est pas la quantité qui m’intéresse, mais la qualité qui sera encore une fois parfaite. Ton visage enfantin se tourne vers elle. Tu ne dis rien pendant quelques secondes mais je jurerai te voir rougir légèrement. Ben ouais, ça te touche. C'est pas le compliment sorti des lèvres d'un ami qui dit ça juste par politesse. Non. De un, c'est une lectrice aguerrie, quelqu'un qui connait les mots, qui sait les utiliser, qui a l'habitude d'en lire. Et puis, c'est Allie. En guise de remerciement, tu lui offres ton plus beau sourire. T'as rien à lui dire en réponse. Tes yeux touchés parlent à ta place. C'est une chance qu'elle soit pratiquement aussi bavarde que toi. Au moins, t'as pas forcément l'impression de la gonfler quand tu parles. Pas comme avec d'autres. Qu’as-tu à me proposer ? Te dirigeant vers la cuisine, tu ouvres le frigo pour en extraire plusieurs bouteilles que tu déposes sur le plan de travail pour les lui montrer. Il ne reste plus grand chose. Alors... j'ai du jus de pomme, de l'oasis, des bières ou après en alcool... Hmm il reste un fond de vodka, énonces-tu en te tournant de nouveau vers elle, pour guetter ce qu'elle souhaite. Tu en profites pour l'observer sagement. Elle est ravissante, tu ne peux le nier, et de toute façon ça fait bien longtemps que tu l'as remarqué, n'est-ce pas ? Ses cheveux blonds qui tombent sur ses épaules en une cascade scintillante, ses yeux bleus où tu jetterais bien l'ancre de tes yeux pour t'y noyer. Ses courbes que tu aimerais effleurer pour... (...) Tu secoues la tête, troublé par l'intensité de tes pensées à son égard. Tu n'as pas le droit de penser à ça. Pas avec elle. Parce que c'est une amie, et que t'en as trop peu de réels pour les bousiller à coup de tes impulsions et désirs. Alors, non. Comme toujours et toi ? Tu lui souris. T'aimerais soudain t'avancer, briser la distance qui vous sépare et qui te semble être des continents entier, pour la serrer contre toi. Lui dire de ne pas grimacer à cette question, lui dire qu'elle ne mérite pas de répondre ça, que ton plus grand souhait serait qu'elle te dise « je vais très bien ! » peu importe grâce à qui cela serait. À la place de cette utopique réaction, tu passes une main dans tes cheveux, sortant deux verres par la même occasion avant de lui répondre à ton tour. Mieux depuis que tu es là, fais-tu avec un clin d'oeil et un sourire taquin, amusé. Tu lâches même un petit rire au passage, avant de revenir vers elle vers le canapé avec les deux verres de ce dont elle aura bien voulu boire, les déposant sur la table basse devant le canapé. Tu te laisses à ton tour tomber dans le sofa, à côté d'elle, observant le plafond laiteux. Puis l'appartement. Il est bien rangé. Tes colocataires sont plutôt du genre à ranger leurs affaires, c'est quelque chose de bien. En fait, le plus désordonné dans la maisonnée, c'est certainement toi. À toujours laisser tes crayons, tes feuilles, et tes bouquins traîner là où il ne faut pas, quand ce n'est pas un bouquet de fleurs ramené du magasin pour attirer l'attention de Zelda. Mais même comme ça, elle te prendrait pour un zigoto. Un incapable. Un bon à rien. C'est dur de penser que t'es autre chose que tout ça, hein ? Même pour toi. Surtout pour toi. Tu.. as besoin de quelque chose d'autre ? quêtes-tu alors, dans ton indéfectible recherche de la perfection. Rien que l'idée de manquer à ton devoir d'hôte te terrorise. Encore plus quand il s'agit de la belle Ridway.

Une échappatoire. C'est bien là aussi ce qu'elle représente pour toi. Le moyen le plus efficace que tu aies trouver pour fuir la réalité. Pour t'abandonner à ce monde de chimères que tu diriges toi, de ton piédestal de glace. Tu la vois secouer la tête, tu te demandes à quoi elle pouvait bien penser. La simple idée qu'elle ait pu penser à toi te mettrais dans tous tes états et plutôt que de te faire de mauvaises idées, tu préfères cesser de penser. Ou du moins essayer. J’aimerais bien boire, une bonne bière tient ! Tu lui offres un grand sourire en guise de réponse. T'as pas de préjugés. T'aimes bien les bières aussi, pourquoi pas elle ? Au contraire, pour toi, ça fait un point commun de plus. Tu pars alors en direction du frigo pour en sortir les deux bières, que tu décapsules tranquillement, lui avouant que tu vas bien mieux depuis qu'elle est là, d'un ton taquin. Ah oui ? Tu ne peux voiler un nouveau sourire en la voyant se prendre ainsi au jeu. Mais quel jeu, hein ? Est-ce vraiment un jeu que de lui avoir dit la vérité ? Pour ne pas te trahir, tu décides que le mieux est encore de continuer dans cette voix-là et tu reviens alors vers elle avec vos boissons, hochant la tête avec une moue espiègle en relevant les yeux vers son visage. Sa bouille enfantine la rend encore plus craquante à ton goût. Tu en doutes ? fais-tu avec un haussement de sourcil, comme si elle te demandait une preuve, un brin provocateur, amusé. Si tu aurais quelque chose à manger, pourquoi pas ! Sinon, c’est parfait, je manque de rien, tant fait pas. Hochant la tête, voulant absolument qu'elle soit à l'aise – comme si tout devait être parfait quand elle venait – il retourne faire un saut vers la cuisine où il choppe un paquet de cacahuètes et le dépose fièrement sur la table basse. Ouah, super Prim, super glamour les cacahuètes. Alors, tu me montres ce que tu as écris ? Il se mord la lèvre, soudain comme intimidé. Et si ça ne lui plaisait pas ? Et si ça n'était pas à la hauteur ? Et si elle ne voulait plus venir le lire ? Oui il passe d'un extrême à l'autre, mais psychoter c'est un peu son passe-temps, au petit Huxley. Il va prendre un petit dossier, avant de revenir s'assoir à côté d'elle sur le canapé. Finalement, il en sort une feuille et relève ses prunelles bleutées vers elle. Bon.. t'es indulgente, hein ? C'est pas terrible.. fais-tu en baissant brièvement les yeux avant de lui tendre la feuille griffonnée, se rapprochant d'elle pour pouvoir lire en même temps qu'elle le ferait et.. se rapprocher d'elle par la même occasion. Enfin, encore faut-il qu'il puisse clairement se concentrer sur les lignes en sachant leurs visages si près.

En effet. Gérer une attirance quand on a un cerveau d'adulte, ça peut encore aller. Quand on a gardé un complexe enfantin comme il règne dans ton esprit, c'est bien plus dur. Parfois, tu te demandes ce que ça ferait. Et si là tu cédais, et si tu posais tes lèvres sur les siennes ? Tu chasses tout ça. Tu tiens bien trop à elle pour risquer ça, n'est-ce pas ? Bien évidemment ! Mais à chaque seconde, à chaque fois, ça devient plus dur, toujours plus dur. Elle est ravissante. Engagez là sur des répliques presque aguicheuses, avec ce ton provocateur dans un jeu que tu as commencé mais que tu connais trop mal, tu ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée. Mais c'est plus fort que toi. T'as besoin de jouer. Quitter à te brûler les ailes après. « Pour tout t’avouer, j’en doute fortement. » Et sans réfléchir, tu approches ton visage du sien pour la regarder droit dans les yeux, t'obligeant à ne pas regarder ses lèvres. Tu secoues lentement la tête, puis lui fais un clin d'oeil. « Eh bien crois-moi, tu ne devrais pas. » réponds-tu, encore une fois sur le même ton. Arrête Prim, arrête, normal que ça devienne de plus en plus dur aussi ! Tu te recules un peu après ça, histoire de te délivrer de l'emprise qu'elle exerce, malgré-elle peut-être, sur toi. A-t-elle une once d'idée de tout ce qu'elle déclenche ou pas ? On dirait pas. Ça en est encore plus fascinant. Tu lui tends la feuille et l'observe alors qu'elle commence la lecture. Tu ne parviens pas vraiment à détacher ton regard d'elle, observant ses mèches blondes qui tombent sur ses épaules, ses yeux bleus parcourant tes lignes, tes entrailles. Soudain, comme si elle avait senti ton regard sur elle, elle relève les yeux et vos regards se croisent. Tu le soutiens, muet de contemplation, sans dire un mot. Elle non plus. Puis elle se remet à sa lecture et tu te détends un peu, comme si tu avais eu peur qu'elle te demande si tout allait bien. « Le premier paragraphe est parfait, ta un don mon chou. » Ses mots te vont droit au coeur. Tu ne réponds rien, te mordillant la lèvre, attendant plutôt qu'elle finisse. Tu l'observes toujours. Arrête ça Prim bordel, tu vas faire une connerie ! Mais est-ce une connerie que de céder à une envie ? Oh, tu n'en sais rien. Toi tu es fleuriste, toi tu es écrivain, et pas philosophe. Et tu ne sais pas bien pourquoi alors qu'elle lit toujours la suite, tu glisses ta main autour de ses épaules, appuyant ta tête contre la sienne pour lire en même temps qu'elle. C'est amical, n'est-ce pas ? Après-tout, les amis se prennent par les épaules, ce n'est pas interdit ? Tu n'en sais rien. Tu caresses doucement son bras de l'autre côté, là où ta main est passée, soutenue par ses épaules douces, tandis que tu essaies de faire abstraction qu'il ne faudrait qu'un mouvement de travers pour provoquer le franchissement de la ligne blanche.

Dur, dur, c'est dur. Tu ne sais pas pourquoi ce soir tout spécialement ça l'est encore plus. Peut-être à cause de l'ambiance. De cette intimité spécialement entre vous. Tu n'sais pas toi, à cause de quoi. Mais la vérité, c'est que oui, c'est difficile. La vérité c'est que oui, elle t'attire irrésistiblement. T'as jamais été fort pour opposer une quelconque résistance à tout ça. T'as jamais su gérer tes envies et plus ça devient fort plus ça en est difficile. « Je pourrais te prendre au mot, tu sais. » Elle dit ça sur le même ton, son visage tout près du tien. Tu hausses un sourcil, faisant le naïf qui ne comprend pas – ce que tu es peut-être, au fond. « Ah bon ? Et ça signifierait que tu ferais quoi ? » demandes-tu d'un ton plus léger en te décalant, parce que tu sais qu'à la moindre occasion, tu cèderas. Tu la laisses alors se reconcentrer de nouveau sur tes lignes, anxieux de deux choses. De ce qu'elle va penser de tout ça et de votre proximité presque inquiétante ce soir. Tu ne sais même pas si elle a quelqu'un en vue. Peut-être aurait-elle une raison de ne jamais céder. Toi de ton côté, tu n'en as pas. Et c'est justement ce qui te pousse à imaginer encore un peu plus vos lèves scellées et ta main agrippant sa nuque. Il faut que tu t'ôtes tout ça de la tête. Elle finit alors et relève ses beaux yeux bleus vers toi. Tu rates un battement, tu peines à soutenir ses beaux yeux. « Rien à dire à part que c’est parfait. Sérieusement, je prends vraiment plaisir à te lire, tu as vraiment un putain de don Prim. » Parfait ! Tu utilises cette excuse pour récupérer les feuilles qu'elle te tend et ainsi dégager ton bras d'elle, cessant votre contact physique. Tu les poses sur la table basse. « Merci beaucoup, si tu savais comme ça me touche d'entendre ça, surtout dans ta bouche, 'fin j'veux dire, toi tu connais les livres tout ça, et... vraiment, ça me touche énormément. » tu lui confies alors, parfaitement sincère, avant de tourner de nouveau ton visage vers elle. Et maintenant ? Tu déglutis et tes yeux descendent brièvement vers ses lèvres. Ton coeur s'est emballé, tu ne sais même pas pourquoi. Elle est là, si proche, si accessible à une envie qui te tenaille depuis plusieurs rencontres déjà. Tu t'es rapproché, sans t'en être clairement rendu compte. Tes yeux glissent de nouveau vers ses lèvres avant de remonter, comme coupable. Tu sais déjà qu'avec ton comportement de gosse qui ne sait pas se retenir, tu es en train de tout gâcher. Pourtant t'aimerais lui dire. Lui dire que tu tiens vraiment à elle, que c'est une amie que tu ne peux pas remplacer. Mais tes hormones sont là pour tout faire valser, n'est-ce pas ? À seulement plus que quelques centimètres entre elle et toi, tu restes plongé dans ses belles prunelles océaniques. « Allie, je.. »

Tu sens que tu vas craquer. Céder. Choisir la facilité, parce que c'est bien trop dur de résister là tout de suite. Que ses lèvres t'appellent, criant à la tentation, que ça fait des semaines que tu rêves de ça. Et là, t'en peux plus, c'est aussi simple que ça. Tout ton corps est orienté vers le sien, tu brûles de briser cette foutue distance entre nous. Ça en devient douloureux, obsessionnel, t'as du mal à détacher tes pensées de ça. « C’est sincère Prim, en tout cas, j’ai hâte de lire d’autre écris de toi. » Qu'est-ce que ça veut dire exactement ? Qu'elle veut revoir ? Est-ce bien raisonnable avec la difficulté déjà encourue ici et maintenant ? Tu n'en sais rien, mais tu n'as jamais vraiment été raisonnable. T'as toujours suivi tes envies. Et là tes envies te dictent de la revoir. Et là au moment même, c'est plutôt de te rapprocher d'elle que t'as envie. Ce que tu fais. Inconsciemment, ou peut-être consciemment t'en sais rien après-tout. Tu déglutis légèrement, tu fixes ses yeux, incertain. Est-ce que t'as le droit de céder ? Est-ce que t'en as réellement le droit ? Elle t'en aurait peut-être empêché d'aller plus loin si elle n'en avait pas envie. Elle se rapproche, elle aussi, tu le sais parce que tu sens son souffle caresser ton visage avec plus d'insistance. « Prim… » Il ne t'en faut pas plus pour craquer littéralement, ton prénom entre ses lèvres te fait littéralement fondre. Tu frôles ses lèvres avec insolence, avant de fermer tes yeux et de les plaquer sur les siennes avec beaucoup de douceur. Tu te décales pour la regarder avant de t'emparer une nouvelle fois de ses lèvres, posant ta main sur sa joue. Ton coeur tambourine, ton souffle s'accélère, on dirait un gosse ... mais qu'est-ce que c'est bon de céder. De se laisser aller, pour une fois. D'écouter ses envies, ses pulsions. T'en frémis de tout ton corps.

Un disque sans fin, voilà ce qui se déroule dans ta tête comme une cassette mal rembobinée. C'est mal, c'est mal, c'est mal. Ou encore des choses comme tu vas la perdre, tu vas la perdre, tu vas la perdre, tu... bon vous voyez le genre, non ? T'aimerais lui dire, mais là t'es trop occupé à savourer le moment. T'as oublié qui elle est, t'as oublié pour quoi elle est venue, tout ce que tu as en tête, c'est que ça fait un millénaire il te semble que tu as envie de ça. T'as un peu peur de te faire repousser, c'est vrai. Mais elle prolonge le baiser, pleine de passion. Peut-être en avait-elle envie tout autant que toi ? T'en sais rien pour tout dire, mais t'aimerais bien y croire. Elle se colle contre toi et tu glisses une main dans son dos comme pour la retenir là, tout contre ton corps. Sa main dans tes cheveux te fait clairement comprendre que oui, elle en avait envie elle aussi, non ? Ou cherches-tu seulement à chercher une excuse, hein ? Ton autre main encadre son doux visage, tandis qu'une douce chaleur t'envahit. Et puis alors que tu te refuses à détacher ses lèvres des siennes de peur que ce moment se termine, le doute te tombe dessus, comme ça, comme toujours. Les questions, la réalité, qui te rattrapent.. Tu romps votre éteinte en fuyant son regard, soudain gêné. Tu passes une main dans ta nuque, déglutissant. « Je suis désolé, j'aurais pas dû, j-je... j'veux pas.. j'veux pas tout gâcher entre nous, je tiens beaucoup à toi Allie. Mais... » Lui dire la vérité, hein ? C'est ce que tu sais faire de mieux. Dire la vérité. Tu relèves tes yeux à elle, son contact te manquant déjà, brûlant de te coller de nouveau à elle. Le souffle court, tu cherches son regard, sincère, ne trouvant pas tes mots, comme un gosse. Toi l'écrivain, ah, quelle blague ! « Mais j'en avais trop envie, depuis... longtemps. » Un jour, ta façon de tout dire te perdra, Prim, crois-moi.

C'est si doux, si bon... Comment envisager un seul instant qu'on puisse trouver la force d'arrêter, hein ? Et pourtant il le faut bien. Ses lèvres ont beau être douces et délicieuses, ses mains dans tes cheveux te faire un bien fou,... la culpabilité te ronge très vite. Si votre amitié se brise à cause de ça – parce qu'il est clair que plus rien ne sera comme avant après ça – tu t'en voudras le restant de tes jours. En fait tu réalises qu'elle compte énormément pour toi. Que tu ne peux pas te permettre de la perdre pour une foutue attirance quand bien même celle-ci est si forte. Alors tu romps votre baiser, à contre coeur. Tu t'excuses, parce que selon toi, c'est de ta faute. C'est toi qui as fait le premier pas, en effet. « Je tiens énormément à toi Prim, t’es mon ami. C’est à moi de m’excuser, je n’aurais pas dû jouer comme cela avec toi. » Ses mots te réchauffent le coeur. Elle tient à toi. Mieux que ça, elle tient énormément à toi. Elle avoue avoir donc, joué avec toi ? Mais ne l'as-tu pas fait aussi ? Tu souris un peu en secouant la tête, comme pour lui dire de ne pas s'en faire et que ça n'est pas de sa faute. « Le faite, c’est que j’en mourrais d’envie depuis si longtemps que je n’ai pas pu me contrôler. » Sa phrase te laisse un frisson agréable. Elle aussi en avait envie. Alors où est le mal ? Tu la regardes toujours, ne pouvant empêcher un sourire de s'incruster sur tes lèvres. « Tu m’attires Primaël, et c’est bien ça le problème. Je ne veux pas gâcher notre amitié pour ça. » Elle semble gênée et tu relèves son menton avec ta main, pour pouvoir la regarder dans les yeux. Tu te rapproches de nouveau et te mets plus ou moins face à elle, une jambe repliée sous toi. « Moi non plus Allie, mais... si on en a envie tous les deux, on ne la gâchera peut-être pas, non ? » demandes-tu en venant frôler ses lèvres dangereusement. Ta main sur son menton glisse dans sa nuque que tu rapproches avec tendresse pour l'embrasser de nouveau, le coeur battant comme un enfant. C'est indéniable. Elle t'attire à un point où tu ne peux plus le contrôler. Tu détaches tes lèvres des siennes pour la regarder d'un air interrogateur, avec un doux sourire sur ton minois aux allures si innocentes et enfantines. Comme si tu attendais son avis. Sa permission.

Une attirance qui s'était développé en toi comme une maladie, une tumeur, s'amplifiant au fil des jours, ne trouvant aucun antidote réel. T'avais à chaque seulement seulement plus envie de frôler ses lèvres, à chaque départ plus envie encore de la revoir. Pas de sentiments, non, ou peut-être es-tu trop naïf pour savoir réellement ce dont il s'agit là. Et si... ? Pas de questions, Prim. Se concentrer sur le moment, l'essentiel. Tu lui laisses alors le choix. Si elle ne veut vraiment pas, tu ne diras rien, tu respecteras son choix même si tu sais que votre relation a déjà changé dès le premier baiser échangé. Tu attends, patiemment, le coeur battant. « Oh et puis merde. » Gagné. Ou perdu, selon le point de vue que l'on choisit. Elle brise la distance, t'embrasse de nouveau. Ton coeur s'accélère encore tandis que tes mains se perdent elles aussi dans ses cheveux. Tu prolonges le baiser longuement, y mettant de plus en plus de passion sans même contrôler tout ça. Ta main droite descend lentement dans son dos comme pour la garder près de toi, pour t'assurer qu'elle ne s'en ira pas. Imperceptiblement, tu colles ton corps contre le sien, ton souffle très rapidement court et accéléré. Tu ne réalises pas trop et mieux ne vaut pas d'ailleurs. Tu intensifies l'échange, murmurant entre deux baisers un « J'attendais ça depuis tellement longtemps » spontané et soudain. Tu te répètes, certes, mais tu n'as pas pu t'en empêcher là sur le moment, repartant à l'assaut de ses lèvres te manquant déjà.