Il avait ouvert la porte. La porte qu'il ouvrait si facilement à tout le monde. Pour un oui, pour un non tout le monde venait rendre visite à Matty. Il adorait recevoir. Pourquoi? Parce que sa maison c'était son havre de paix, et il aimait en faire profiter le plus de personnes possibles. Allie? Oui elle était déjà venue et pas qu'une fois. Comment cela se fait? Bah, de fil en aiguille parfois quand ilsne s'engueulaient pas ou qu'il faisait juste beau, elle passait. Et c'était surtout qu'elle était dans son répertoire et donc quand il faisait une petite fête ou un brunch elle était invitée. Cependant il était rare qu'il se retrouve ainsi, seul avec elle. Il adorait l'idée et c'était ce qui le faisait sourire comme un gamin en ouvrant la porte. Mais... mais... mais il ne savait pas trop à quoi s'attendre. Après tout il la taquinait souvent, rien de méchant ceci dit, mais jamais il n'avait vraiment réussi à la faire sortir de ses gongs. Et là lorsqu'il se retrouva nez à nez avec elle, il put respirer l'énervement qui émanait d'elle. Ah? il avait été trop loin? Le blondasse peut-être... Tant mieux, elle était là du coup. Elle le traita d'abruti et confirma sa pensée en lui demandant si elle n'était pas sa blondasse préférée. Matthew la regarda de haut en bas avec un sourire mièvre exagéré mais ne répondit pas. Ca le faisait jubiler de jouer à ce jeu et il ne pouvait en être autrement pour elle, pensa-t-il; Sinon elle ne serait pas là, si? Elle s'approcha de lui et soudain une tension bien différente de l'amusement ou de l'agacement le traversa. Elle était dangereusement proche de lui. Evidemment il savait qu'elle s'imposait pour rentrer parce que le coup du "je te reluque sans rien dire" n'est pas pour plaire aux demoiselles enragées. Mais en layant ainsi près de lui il hésita un moment avant de lui laisser le passage libre. Ce bref moment où elle s'était rapprochée avait électrocuté quelques neurones du cerveau de Matthew.

Allie entra dans le salon et s'installa dans le canapé l'attendant. Au vu des nerfs que tout son corps exprimait, il s'étonna qu'elle ne l'ait pas giflé en entrant. il referma la porte derrière elle et respira calmement en se dirigeant vers la salle de séjour. Il ne savait pas trop quoi dire, il l'avait sonnée en pensant que la provocation ne marcherait pas, pensant créer un antécédent de non réponse. Et puis voilà qu'elle était là, chez lui, dans un état plus que sexy. Seulement le problème était qu'elle ne semblait pas d'humeur à sortir sur la terrasse et boire un verre en papotant. Il se dirigea vers le bar et attrapa une bouteille de whisky, se retourna et lui demanda:

- Je te sers quelque chose?en montrant la bouteille grâce à un geste de la main.

Il servit les boissons, reposa les bouteilles à leur place et revint dans le centre du salon pour s'asseoir dans un divan juste à côté du canapé où se trouvait Allie. De cette façon il lui faisait face. Il but une gorgée tout en la regardant droit dans les yeux et il s'émerveillait de son silence alors qu'il la sentait prête à exploser. Seulement voilà, c'était à lui d'amorcer les hostilités. Elle rebondirait dessus sûrement après. Il l'interrogea:

- Alors dis-moi, qu'est-ce qui t'amène? quelque chose me dit que ce n'est pas l'envie de faire la fiesta qui t'a conduite jusqu'à moi.

En disant ces mots il agit comme s'il était piloté automatiquement et changea de place, il vint s'asseoir juste près d'elle dans le même canapé. Il ne la quitta pas du regard et s'assurait ainsi que sa question ne partait pas aux oubliettes malgré son rapprochement. Pourquoi ainsi venir si près d'elle? Il ne le savait pas, il en avait senti l'envie, ça lui avait paru normal. il tentait de rester maître de la situation tout en ne paraissant pas trop arrogant ou trop agressif. Du coup, la proximité physique lui semblait plus gentille, plus réconfortante... quoique un milieu dangereux parce que la tension d'Allie était perceptible et elle ne faisait qu'aggraver les penchants de Matthew.

La jolie blonde demanda un verre. Matthew n'était pas confortable avec cette situation. Il se retrouvait devant son bar à verser du whisky à une fille qu'il ne connaissait quasiment pas et à entamer la soirée avec elle sans savoir à quoi s'attendre. D'habitude il aimait explorer l'inconnu mais là c'était différent. il était juste seul face à quelque chose d'incontrôlable. Premièrement il était un homme, et en versant de l'alcool dans le verre de son invitée, il ne pouvait s'empêcher de penser aux effets de l'alcool chez certaines femmes, il ne pouvait chasser l'image d'une Allie plus dévergondée qui lui montrerait elle aussi ses belles dents blanches et qui... il chassa les images de sa tête tout en reposant la bouteille sur la table basse du bar. Il revint dans le salon et lui demanda pourquoi elle était là tout en se rapprochant d'elle comme un moustique attiré par la lumière. Il la fixait pour ne pas perdre une once de ce qu'elle ressentait ou des changements, des altérations de son visage. tout ça c'était les seules choses qui lui permettaient d'avoir le sentiment de suivre quelque chose dans cette histoire.

Et soudain... la bombe explosa. Pas ces bombes qui vous font sourire parce qu'elles sont comme des gamines malpolies ne sachant pas retenir leur langue. Une bombe en détresse qui risquait de ne pas savoir s'arrêter et surtout qui risquait de se fracasser bien plus que de créer des dégâts autour d'elle. Il savait au moins pourquoi elle était là. Mais à vrai dire il s'en doutait déjà. Après tout, n'était-ce pas le but de la manoeuvre? Elle se rapprocha dangereusement de lui, très dangereusement, à un tel point qu'il en oublia presque quelles questions lui furent posées. Il entendit la dernière : "Ca t'amuse n'est-ce pas?". Il sourit sans pouvoir se retenir. Oui ça l'amusait un peu, un peu beaucoup même et surtout il espérait qu ça continuerait de l'amuser. Mais ce n'était pas vraiment le but. Après tout il se rappelait d'Allie quand il l'avait rencontrée dans les couloirs de l'hôpital. Il avait espéré de tout coeur que ce petit morceau de femme n'était pas là pour voir son fiancé sans même penser que ça serait plus embêtant si c'était elle qui était malade. Il était loin de savoir la vérité mais avait juste été heureux comme un gamin lorsqu'elle lui avat laissé son numéro. Mais lorsqu'il la revit après à d'autres occasions, elle semblait complètement différente, abattue... Et voilà pourquoi il la piquait, il tentait de réveiller cette bête furieuse qui l'avait séduit la première fois. Mais comment lui dire ça alors qu'il sentait le souffle de sa respiration contre sa peau et qu'il n'avait plus très envie de parler. Il inspira doucement et chuchota en redirigeant son regard vers ses yeux:

- Il y a erreur Allie... Depuis qu'on s'est vu la première fois, c'est toi qui ne cesse de me provoquer. Tu as été d'un piquant infâme avec moi ce jour-là quand je t'ai vue à l'hôpital. Tu as planté ton venin et puis... depuis, tu ne cesses de ... de rien du tout. tu ne fais plus rien.

Il cessa un moment de parler et la regarda attentivement, il regarda ostensiblement ses lèvres et puis pencha lentement son visage vers le sien mais avant de l'effleurer, il bifurqua et lui susurra à l'oreille:

- Et puis j'avoue que c'est dans mon caractère, j'aime, comment dis-tu déjà? Ah oui, m'acharner. Il s'interrompit une seconde puis ajouta, j'adore ça.

Il revint à sa position de départ et prit son téléphone dans sa poche, retourna dans son historique de conversation et sélectionna le nom d'Allie. Il dit alors:

- Tu exagères en plus, mon message n'était pas si vilain que ça! Et d'ailleurs sans lui, tu ne serais pas là... et ça c'est pas méchant si?

Il ajouta un clin d'oeil perçant en disant ces mots.

Bon la vérité c'est que ce qu'il venait de se produire, il l'avait cherché. Il avait tant provoquer la demoiselle qu'en fin de compte, elle avait fini par craquer. S'il ne s'était pas douté qu'il devait se tramer quelque chose pour que la somptueuse blonde soit soudain si froide, si distante, si ... différente? Honnêtement, les hommes parfois ne voient que ce qui leur convient. Et en grand gamin, il avait occulté cette possibilité. C'était bien plus facile de la classer dans la catégorie "femmes" et donc tout le patatri qui allait avec. Maintenant cependant il ne pouvait plus éviter le problème, elle venait de lui révéler. Il ne savait pas s'il était soulagé d'entendre qu'elle avait une bonne raison d'être ainsi ou embêté parce qu'elle le lui disait. il se sentait flatté, certes oui... Mais voulait-il être flatté à ce point-là? Après tout, il avait commencé ce jeu parce qu'il draguait, il était sur son terrain de chasse mais... pas vraiment pour devenir le sauveur d'une âme en peine. Il regardait le sol pendant qu'Allie lui racontait très brièvement la source de sa douleur. Et quand elle eut fini, il savait que sa réaction serait déterminante. Ce qu'il aurait été normal de faire aurait été de la prendre dans ses bras et de la consoler, voire de s'excuser pour son comportement. Après tout, vu les circonstances, il y avait été un peu fort. Mais en y réfléchissant, il n'avait pas eu vent des circonstances, il s'était comporté tout à fait normalement après tout. Et il n'avait rien à se reprocher: depuis quand était-ce un crime de draguer une fille qui nous plaît?

Elle semblait attendre une réaction et il réalisa qu'elle n'allait pas bien mais que ses nerfs ne demandaient rien de mieux que de remonter la pente. Elle était à bout et avait besoin d'une bouée, d'air frais et de ressentir ce que c'était que de vivre. Une pensée loufoque lui traversa l'esprit. Oui, à ça il était doué, il pouvait faire ça. Les câlins c'était pas vraiment son truc, pas si tôt et pas sans savoir exactement la nature et l'ampleur des dégâts qu'avaient causé le trauma. S'il mettait son plan en application, il serait vite fixé et saurait s'il pouvait tenter une mission fun de sauvetage ou si ce n'était pas de son ressort. en se levant du canapé, il eut la sensation bizarre de ressentir de... l'espoir. Oui de l'espoir. Il avait envie que ça marche et ne comprenait pas pourquoi il était prêt à s'investir si aveuglément dans ce truc. Peu importait pourquoi après tout, c'était pas son genre de se poser des questions: il agissait et après s'adaptait en conséquence. Il était réticent parce qu'il jouait avec le feu si Allie était dépressive, mais après tout...

- Allie, la vie est courte, je vais te montrer quelque chose d'important.

Il se pencha sur elle et soudain la souleva dans ses bras. Il la portait comme on porte une mariée avec qui on va passer le seuil de l'entrée. Elle n'était pas très lourde mais il n'était pas habitué à porter des femmes non plus donc il se dépêcha pour arriver à son but. Il sentait bien que sa réaction étonnait Allie et qu'elle ne savait sûrement pas quoi penser: un salaud sans compassion ou un mec barge qui tente ...quoi? Il souriait malgré l'effort que lui prodiguait sa cargaison qu'il transportait au travers de la cuisine et enfin dans le grand jardin. Il s'arrêta au bord de la piscine et respira un coup avant de lui dire:

- Ce que tu m'as dit, c'est très personnel. Et je ne vois que deux possibilités pour le moment... il y en a certainement plus que deux (il sourit en prononçant ces mots, ça le faisait rire d'essayer de raisonner comme une fille) mais j'en vois deux. Soit tu pleures ton chagrin et tu oublies que c'est ton père qui est mort pour prendre sa place et faire de ta vie celle d'une morte. Soit tu recommences à vivre.

Tout ça c'était bien, il avait raison forcément. Mais alors pourquoi l'avoir traînée sur la terrasse pour lui dire tout ça? La venait la chute de l'histoire et celle d'Allie. Il regarda la piscine et n'osa plus croiser le regard de celle qu'il tenait dans ses bras. D'ailleurs son idée l'avait tellement accaparé qu'il n'avait même pas pris le temps de réaliser qu'il tenait Allie tout contre lui, il pouvait sentir sa poitrine se lever et se baisser sous ses respirations. Il ne la regardait pas parce qu'il était persuadé qu'elle avait fini par comprendre ce qui arrivait et ne voulait pas lui donner l'occasion de confirmer le tout par un regard, et encore moins mettre en péril sa "mission" si elle commençait à se débattre. Il annonça alors:

- Et je pense que commencer à vivre c'est la meilleure des solutions! Et pour ça... rien de tel qu'un retour brusque à la vie.

En disant ces dernières paroles il lança la femme dans l'eau. C'était rude comme manière de faire mais s'il y avait une mince chance que ça la fasse rire, qu'elle ressente l'eau lui battre la peau et que le choc soit divinement électrique, alors... il aurait pris un risque payant. Bien sûr elle risquait de se fâcher. Mais ça ne l'effrayait pas, c'était une réaction normale. La seule chose qu'il devait éviter c'était qu'elle pleure ou qu'elle ne dise rien... Cela devait provoquer une envie de combattre. Elle venait de tomber, elle remontait à la surface, quand il réalisa que l'élan pris pour la mettre dans l'eau l'avait lui-même rapproché du bord. Et glissant sous une éclaboussure venant de toute cette agitation il tomba lui aussi dans le grand bain.

Comment se faire prendre à son propre jeu? Voilà la question qu'Allie avait résolue pour Matthew en se faufilant alors qu'elle lui avait laissé entendre subtilement qu'il pourrait y avoir plus. Elle s'état rapprochée de lui, il avait ressenti tous ses muscles se crisper et avait oublié toute sa morale, toutes ses bonnes résolutions, pour autant qu'elles aient jamais existé. Elle fila par dessous ses bras et ressorti de l'eau quelques secondes après. Il entendit sa voix confiante et sexy lui annoncer d'un ton triomphal : Tu es bien sûr de toi? Matthew sourit et savoura sa propre victoire personnelle. Bon d'accord, elle n'était pas tombée dans ses bras. Mais ce qu'il se passait là maintenant, c'était beaucoup mieux non? Elle avait retrouvé un tout petit peu le goût du jeu! D'accord, ce n'était pas encore l'Allie qui lui avait soufflé son numéro à l'oreille. D'ailleurs ce coup-là avait été vicieux parce qu'il avait dû retenir le numéro tout seul, elle n'avait pas voulu le lui écrire. Mais d'une façon peu convenable il avait fini par réussir à le retenir. La réussite tenait en ce que quelques minutes auparavant elle était sur le point de s'effondrer, elle venait de lui dire quelque chose de très intime, peut-être trop pour le peu qu'ils se connaissaient et maintenant elle était là à sourire nonchalamment et... à enlever son chemisier?! Matthew la vit faire comme dans un rêve, il avait de l'eau dans les yeux car en partant elle l'avait un peu éclaboussé par sa nage rapide mais il ne rêvait pas, elle l'avait fait. Voilà qui lui facilitait grandement la tâche, pensa-t-il. Il fut d'abord enthousiaste puis la réalité le rattrapa. Etait-elle en train de jouer un jeu? Etait-ce bien cela? Ou ne savait-elle juste pas où elle en était? Après tout, pour les personnes déprimées, dépressives, il est normal de changer d'humeur constamment. Et autant il désirait son corps sans penser aux conséquences sur leur relation, autant il ne voulait pas blesser ou profiter de la fille fragile qu'il avait face à lui. Il envisageait jusque là l'expérience enrichissante et apte à lui ramener un goût à la vie. Mais peut-être était-il juste égoïste. Un homme déteste voir sa fierté bafouée et encore plus devoir se résoudre à réaliser qu'il a des défauts et qu'il devrait les freiner. Il n'en avait pas envie mais la jeune femme dénudée devant lui était ... un mirage? Peut-être sa beauté n'existait-elle que pour lui, Peut-être ne parviendrait-il pas par des galipettes à lui faire comprendre que la vie valait la peine. Pour lui, l'idée de coucher n'était jamais dénuée de sens, cela représentait quelque chose. Que ce soit de la déprime à cause d'un chagrin de coeur antécédent, que ce soit de la colère parce qu'une fille le trompait, que ce soit de la joie, ou de l'attirance extrême... Il y avait toujours quelque chose derrère ça. Mais jamais de l’apitoiement ou du renoncement. Et très rarement de l'engagement. Pour Matthew l'engagement était indépendant du sex. Il pouvait venir avant, pendant ou après. Mais les filles ne pensaient pas ainsi, et jouer avec Allie était dangereux parce qu'elle était une fille. Une fille vulnérable. Voilà ce qui lui fi peur quand il la vit enlever son chemisier. Autant la première réaction fut de penser "youpiiie", autant la seconde fut de se dire "et si...? Merde." Il s'approcha d'elle avec ce regard qui s'avouait vaincu. Non par plus fort que lui mais par sa propre morale et il la détestait cette morale parfois. Arrivé à quelques centimètres d'elle et de son superbe corps presqu'entièrement dévoilé il passa sa main sur son visage et le caressa en dégageant une mèche de cheveux mouillés. C'était un geste tendre, rien à avoir avec le prédateur qu'il était quelques minutes auparavant. Il soupira:


- Allie. Je ne sais pas ce que tu veux. Et je ne sais pas ce que je peux... 


Il avait le sentiment d'être un parfait connard en repoussant une fille qui semblait se donner à lui. N'était-il pas plus vache encore de repousser une fille ainsi? Il regardait l'eau et réfléchissait à ce qu'il allait dire. Il voulait changer de répertoire. il voulait tenter le tout pour le tout mais c'était dangereux. Il aimait bien Allie après tout. Beaucoup même. Surtout dans cette tenue. Il releva son regard, aperçu le soutien-gorge si seyant et soupirant il dit:


- Et puis merde. 


Il approcha son visage d'Allie, le dépassa et déposa ces mots à son oreille:


- Tu m'arrêtes quand tu veux! Mais pas trop tard...


Puis il plongea sous l'eau, s'empara des jambes de la belle et remontant à la surface, il la portait sur ses épaules. Il souriait de nouveau comme un gamin. 


- Alors, comment tu vas te venger maintenant?


Il dit cela toute en regardant Allie qui avait le visage fort proche du sien de par la manière dont il la tenait.

 

Badadam trac! Voilà ce qui arrivait quand on jouait avec le feu! On finissait toujours par se brûler. Bon il faut avouer que la brûlure peut parfois être d'un lancinant extrêmement agréable. Matthew s'était retrouvé à jouer avec ses propres démons, avec ses peurs, à se demander s'il était justifié de se comporter ainsi puis à tout oublier, puis à se reposer des questions encore et encore dans un cercle vicieux infernal. Mais au final il était revenu à sa bonne conscience. Il lui avait fait part de sa faiblesse devant elle, lui avait avoué pendant une seconde qu'il était confus... Il ne pouvait s'empêcher de penser que jouer avec une fille pour qui il est probablement trop tôt cela pouvait avoir de graves conséquences. Puis il avait cédé à sa bonhomie et ses enfantillages. Elle voulait jouer ainsi, parfait, ils joueraient. Il l'avait soulevée et prise sur son épaule, ainsi retournée, elle se retrouvait le visage vers le bas mais très proche du sien quand même. Ses cheveux mouillés tombaient dans l'eau et elle répondait de manière provocante à sa dernière phrase à lui. Comment ça à lui de l'arrêter? Mais il ne l'arrêterait à ... rien. Soudain il sentit ses lèvres venir toucher les siennes et il interrompit sa respiration le temps de réaliser ce qui se passait. Une sorte de choc électrique envahit Matthew. Plus tôt quand il avait attrapé les lèvres de la belle entre ses dents, il avait bien senti qu'elle ne répondait pas à l'appel. Et maintenant elle se dénudait, se retrouvait plus charnelle que jamais devant lui et l'assaillait d'un lent baiser. Non, d'un baiser qui progressait au fur et à mesure que les secondes défilaient. Il sentit les lèvres accélérer leur mouvement et fit descendre la jeune femme de sur ses épaules. Tout d'abord parce qu'embrasser un visage qui se trouve dans le sens opposé au vôtre n'est pas des plus facile et ensuite pour se laisser le temps de réfléchir une seconde. Il la reposa au sol, d'ailleurs c'était heureux qu'ils soient dans la partie de la piscine dans laquelle ils avaient pieds, sinon il aurait probablement coulé depuis longtemps. Elle lui faisait face et il la regardait. Il pinça les lèvres se rappelant le baiser qui venait d'être échangé sans qu'il n'ait vraiment pu y répondre. Et les images d'Allie dans ses bras, ses lèvres sur lui se succédèrent dans son imagination. Bien que son visage témoignait de pensées graves, il était tout ailleurs, sur le point de se laisser aller à ce qu'il avait lui-même conseiller à Allie: vivre sans se poser de questions, juste vivre. Sans crier gare il plongea ses lèvres vers la bouche entrouverte d'Allie et l'embrassa passionnément. Le choc électrique, la décharge d'adrénaline et d'envie se fit d'autant plus grande qu'il passait ses mains dans le dos de la jeune femme et attirait son corps contre le sien. Il sentit d'ailleurs que son propre corps répondait à l'appel du désir en réveillant certains de ses membres qui jusque là avaient préférés rester discrètement enfouis dans l'oubli. Une main dans le dos d'Allie et l'autre remontant vers ses cheveux, il n'interrompit plus le baiser cette fois, il se laissa aller complètement à la frénésie du moment. Jouer avec le feu ça avait ses avantages finalement!

 

Tout s'enchaînait vite, très vite. trop vite? Non. Matthew adorait ça. Autant les pleurs, les chagrins, il avait refoulé tout ça, il avait pris l'habitude de fuir tout ce qui touchait à ce domaine-là, autant ce qui touchait au domaine du sex... c'était autre chose. Cependant la fille avec qui il était n'était pas de celles qu'il avait pu fréquenter autrefois. Ce n'était pas une cow-girl rencontrée en Floride qui souhaitait faire la fête jusqu'au matin. C'était mieux. C'était une fille qui souffrait et qui avait besoin de plaisir, de se départir des sentiments néfastes qui l'entouraient. Alors il ne lui restait plus qu'à s'adonner à ce qu'il préférait, prendre et donner du plaisir. Pendant l'échange du baiser, elle passa ses jambes autour de sa taille, rendant l'étreinte encore plus forte, le contact plus violent et surtout rapprochant leur corps plus dangereusement. Pour garder l'équilibre, une seule possibilité, s'adosser à la paroi. Allie était de nouveau coincée entre le bord de la piscine et Matthew. Mais de l'autre bord cette fois. Matthew sentait les mains d'Allie qui cherchaient le contact de sa peau. Enfin elle finit par réussir à lui caresser le dos. Mais lorsqu'elle chercha à réitérer le mouvement et à se départir du tissu mouillé, elle n'y parvint pas. Le baiser s'interrompit un bref instant et Matthew ne put s'empêcher de sourire diaboliquement. Premièrement parce qu'elle n'était pas parvenue à le dévêtir et ensuite parce qu'il était dans la piscine, là, avec elle, alors qu'il ne pensait même pas une heure plus tôt qu'elle répondrait à son message. Il repiqua vers la bouche désirée et cette fois, le baiser se faisant plus ardent, plus insistant, il se laissa aller au french kiss, la langue du jeune homme cherchant celle de sa conquête. Mais le contact de l'eau qui jusqu'à présent était agréable se faisait inconfortable, une légère brise se faisait ressentir et le soleil s'était fait moins présent. Alors Matthew se détacha d'Allie, sortit de la piscine et l'invita à le suivre. Il prit de grandes serviettes qui reposaient sur le sèche-linge garé au coin de la terrasse et en enfila une autour d'Allie tout en l'attirant de nouveau contre lui. L'étreinte ainsi réinstallée, le moment ne s'étant pas envolé, il put reprendre le baiser de plus belle et butant contre le pieds de la chaise longue qui se trouvait juste à côté, ils s'étendirent dessus, poursuivant leurs ébats.