"And I am feeling so small
It was over my head
I know nothing at all"
{idk@tumblr / say something ~ a great big world}
Alors que je m’apprête à remonter dans ma chambre, je suis coupée dans mon élan par un bruit de clé dans la serrure. Je ne comprends pas d’où vient ce bruit, qui pourrait faire ce bruit puisque je suis ici. Bien entendu mon esprit est plus rapide que mon cœur et lorsqu’un certain prénom commence à faire irruption dans mon inconscient, je sens ce dernier battre plus fort. Je reste bloquée là, comme une idiote incapable de faire le moindre mouvement. Il n’y a qu’une seule autre personne qui a les clés de chez moi et c’est Isaac. Je n’ai aucune idée de pourquoi il est là et cela me pétrifie littéralement sur place. Lorsque la porte s’ouvre, j’ai l’impression de perdre pied, mes yeux croisent les siens et c’est comme un retour à la maison. Un retour à la maison douloureux auquel je n’étais pas préparé, ni physiquement, ni psychologiquement. J’aimerais lui sourire, la prendre dans mes bras et commencer à lui parler mais je sais que je ne dois pas et à vrai dire, à cet instant, je ne suis pas sûre de pouvoir faire le moindre mouvement. Je suis bien trop absorbée par la douleur que je ressens à l’avoir en face de moi. Une douleur qui ne me quitte pas ou peu et qui est constante, presque grandissante et sur laquelle je n’ai aucune emprise. Une douleur, savant mélange de tristesse, de colère et d’incompréhension qui rythme désormais mon quotidien, m’empêchant parfois de me rappeler comment était ma vie avant tout ça. On dit que le temps panse les blessures, alors pourquoi ne veut-il pas faire son œuvre sur moi ? Silley - Sa voix me sort de ma torpeur, mais pas de l’incompréhension qui a pris possession de moi. Qu.. Qu’est-ce que tu fais ici Isaac ? Ma voix est froide et ne transmet aucune émotion, si ce n’est l’envie de paraître détachée de tout ceci. Mais il ne faut pas se leurrer, je suis loin d’être détachée, loin d’être passée à autre chose, je lui en veux toujours si ce n’est plus. Il m’a abandonné, tout simplement, comme ça du jour au lendemain sans une explication qui ne tienne la route. Il a balancé toutes ses années de relation, comme on jette une canette vide, rapidement et sans faire attention. Oui, il n’a pas fait attention à ce que cela pourrait provoquer pour moi, il ignore que tout cela m’atteint bien plus qu’une simple rupture. Il était celui qui m’empêchait de douter et quand il m’a laissé, toutes mes certitudes sont parties avec lui, ne laissant que des doutes et un vide immense. Je pourrais lui en vouloir et repenser à notre relation avec nostalgie ou bien, je pourrais lui en vouloir et faire comme font les autres filles, dire du mal de lui pour me soulager et ensuite trouver quelqu’un d’autre afin de tourner la page, rapidement. Mais je ne peux pas, je reste bloquée, incapable d’avancer. Mon incapacité à savoir ce que j’ai mal fait me ronge, le fait d’être persuadée de ne pas avoir été suffisante, de ne pas être assez bien pour lui me bouffe et c’est épuisant. Je suis épuisée de toutes ses questions qui tournent encore et toujours dans ma tête, dans le vain espoir de trouver une réponse correcte. Je veux le détester, comme je me déteste en ce moment, mais je n’y arrive tout simplement pas. J’aimerais qu’il sache à quel point je souffre par sa faute, je voudrais qu’il ressente ce que je ressens mais je sais que cela ne servirait à rien. Il a pris la décision de partir, alors pourquoi se soucierait-il de ce que je peux ressentir ? Alors que la question de savoir pourquoi il est ici ne cesse de tourner en boucle et que je me retiens de ne pas laisser des larmes m'échapper ou des gestes déplacés, je me rends compte que mes yeux tentent par tous les moyens, de ne pas croiser les siens.

Isaac fini par lâcher la poignée de la porte et poussa celle-ci avec sa main pour éviter de refroidir la petite maison. Il se souvenait parfaitement bien à quel point Silley n'aimait pas vivre dans une maison froide, à quel point elle n'aimait pas quand il laissait la porte ouverte pour aller simplement chercher le courrier. Il l'a connaissait par coeur et malgré leur rupture, il pouvait toujours deviner ses moindres faits et gestes. Une fois que la porte fut fermée, il ne pouvait plus faire demi tour. Il avait l'affronter, lui faire face. Il n'en n'avait cependant pas envie et avait espéré de tout coeur qu'elle ne soit pas là quand il viendrait rechercher le reste de ses affaires. A croire que le destin est contre lui. Ou, en y réfléchissant bien, avec lui. Silley lui manquait. Oh oui, elle lui manquait énormément et chaque jour en se réveillant, il s'en voulait d'avoir abandonné la femme qui lui redonnait goût à la vie, celle qui était tout pour lui, celle avec qui il avait passé des moments inoubliables pendant quelques années. Isaac savait parfaitement qu'il avait fait le con en mettant fin à leur relation, mais il n'était pas prêt à s'engager. Pas maintenant. Et même s'il ne cessait de se dire que jamais il n'arriverait à s'engager de peur de reproduire les mêmes erreurs que son père, il se disait aussi sans cesse qu'il aurait dû laisser une chance à Silley. Après tout, elle le méritait amplement. Je ━ Le son de sa voix lui faisait perdre tous ses moyens. Elle était froide, ce qui était parfaitement compréhensible. Lui, se sentait totalement ridicule de ne pas correctement aligner deux mots. Je suis venu chercher le reste de ━ mes affaires. Dit-il tout en baissant le regard pour ne pas croiser le sien. Il savait que ses paroles n'allaient pas laisser Silley indifférente parce que ça signifiait bel et bien que leur relation était finie et ce, pour de bon. Sans plus attendre, il avança et passa à côté d'elle. Son bras frôla légèrement le sien. Ce contact lui provoquait une sensation étrange. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, lui dire à quel point il est désolée et à quel point il l'aime. Il lui jeta un bref regard et remarqua l'humidité de ses yeux. Il s'en voulait. Isaac s'en voulait terriblement de lui faire endurer tout ça. Elle ne méritait pas de souffrir autant. Il détourna à nouveau le regard et commença à monter les quelques marches de l'escalier menant à l'étage.

Je le sais, lors d’une rupture on finit toujours par souffrir, c’est inévitable, pourtant il faut admettre que j’étais loin d’imaginer les effets que cela aurait sur moi. A vrai dire, je n’imaginais pas non plus Isaac me quitter, pourtant, cela ne l’a pas empêché de le faire. Lorsque Isaac referme la porte, je sens deux sentiments bien distincts m’envahir. La nostalgie de savoir qu’il se rappelle que je n’aime pas sentir ma maison se refroidir et l’inquiétude de voir qu’il compte bel et bien rester, encore un moment dans la maison. Mais est-ce que j’aurais apprécié de le voir faire marche arrière dès que son regard se soit posé sur moi ? Je ne suis pas sûre. Le voir est une souffrance, sincèrement mais d’un autre côté, cela fait tellement de bien que s'en est reposant. Le voir là, devant mes yeux, me réconforte d’une certaine manière, puisque de cette façon, je sais qu’il n’est pas avec une autre à faire je ne sais quoi que j’imagine sans cesse dans mon esprit. Je ━ Je suis venu chercher le reste de ━ mes affaires. Et là, je déchante et je sens mon cœur s’emballer sans aucun moyen de le calmer. Je vois ses yeux se baisser tandis que les miens s’arrondissent, devant le choc de sa phrase. Ai-je bien compris sa phrase ? Malheureusement oui car peu de temps après il avance vers moi pour atteindre l’escalier, lorsque son bras entre en contact avec le mien, j’ai un mouvement de recule que je ne peux contrôler. Mes yeux, perdus dans le vide s’humidifient alors qu’une conclusion s’impose à moi, c’est fini, vraiment fini. Il est bel et bien passé à autre chose, chassant nos années de couple d’un revers de la main comme on chasserait de la poussière et c’est tellement douloureux que ça me donne l’impression de m’empêcher de respirer. Mais sous toute cette douleur, se trouve aussi une profonde colère dirigée contre Isaac. Une colère qui s’explique par son abandon, par des mensonges que je m’invente mais qui me semble si réelle, par sa façon d’agir. Une profonde colère, que je ne peux continuer à contenir plus longtemps. Mes deux mains se posent sur mon visage, à hauteur de mes yeux, afin de chasser les larmes qui menacent de se mettre à couler le long de mes joues et alors que j’inspire profondément, je sais au fond de moi, que la réaction que je risque d’avoir dans les secondes à venir est exagérée. Bien. Puisque c’est ce que tu veux ! Ma voix est bien plus assurée que je ne l’aurais cru, plus froide qu’elle ne l’a jamais été et pour une fois depuis un moment, je sais ce que je veux faire. Mentir, d’une certaine façon. En effet, je veux lui prouver que ça ne m’atteint pas, que je peux vivre sans lui et très bien. Alors je prends sa suite, montant un à un les escaliers jusqu’à passer devant lui pour me retrouver rapidement dans ma chambre que je regarde pour la dernière fois comme elle est en ce moment, c’est-à-dire avec des affaires à Isaac à l’intérieur. Je me dirige vers mon armoire dont j’ouvre rageusement l’une des portes, j’attrape des vêtements à Isaac que je balance sans ménagement sur ce lit que nous avons partagé par le passé. Lorsque j’arrive à une vieille veste de jogging qu’il porte souvent lorsque l’hiver pointe le bout de son nez, je suis incapable de la sortir de l’armoire et je referme la porte, mimant de ne l’avoir pas vu et faisant mon possible pour qu’Isaac ne la voit pas. Ma main reste sur le bois de l’armoire durant quelques secondes, secondes dont je profite pour fermer les yeux et respirer, pour essayer de me calmer. Je finis par me retourner, pour faire face à un Isaac qui semble surpris de ma réaction, peut-être excessive mais nécessaire pour moi et mes yeux ne flanchent pas. Ils ne veulent pas donner la satisfaction à cet homme qui me fait si mal, de me voir craquer. Qu’est-ce qu’il y a ? C’est ce que tu voulais non !