Sans y réfléchir à deux fois, je quittais mon appartement pour rejoindre ma voiture. Ma vielle jeep noire mit quelques secondes avant de démarrer, mais une fois cela fait, elle était prêt à parcourir des kilomètres. L'étrange envie de quitter mon chez-moi pour aller passer une journée à la plage m'avait prise, et impulsivement, je n'avais pas résisté à l'envie de me baigner et de profiter d'une si belle journée. En effet, le soleil brillait de mille feux, il n'y aucun nuage dans le magnifique ciel bleu. C'était une journée idéale pour sortir, et non pour rester chez soi à réfléchir à ses problèmes plus longtemps. Arrêté à un feu rouge, je m'étonnais à observer les oiseaux dans le ciel, et encore plus à envier leur liberté et leur insouciance. Ils étaient là, dans le ciel, à laisser le vent les emporter vers un trajet qui leur était inconnu. C'était tout le contraire de moi, qui réfléchissait à chaque seconde et planifié absolument tout. Je ne pouvais même pas prétendre être moi-même, car j'étais chaque jour un peu plus rongé par la culpabilité. Je faisais semblant d'être un autre, et cela me privait de tout bonheur. Il n'y avait cependant qu'avec une personne que j'osais être moi, une personne qui connaissait toute la vérité et qui ne m'avait jamais jugé ou renié : Elisa. C'était donc la seule qui pouvait m'accompagner pour passer la journée à la plage. Cela faisait bien longtemps que je n'y avais pas fait un tour, ayant toujours été trop pris par mon travail pour profiter des bonheurs qui se trouvaient à porter de mains. Je me garais quelques minutes plus tard, ne coupant pas le moteur, et laissant la porte ouverte derrière moi. Je courus jusqu'à la porte de chez Elisa, sonnant, et attendant une réponse. Elle ouvrit finalement peu de temps après. "Bonjour toi ! Je te kidnappe pour cet après-midi ! Enfile un maillot, je t'emmène à la plage." Souriant, j'embrassais sa joue avant de m'en aller comme j'étais arrivé, en courant, pour rejoindre ma voiture, et ne pas lui laisser le temps de refuser. Elle arriva finalement quelques minutes plus tard, trop longtemps à mon goût. "Tu sais te faire désirer toi." Fis-je alors qu'elle montait côté passager dans la voiture. Le moteur toujours allumé, je roulais enfin, prenant la direction de l'autoroute. "J'espère que tu n'as pas peur des requins, je t'emmène faire du surf." Lançais-je finalement en riant. C'était une belle journée en perspective, exactement ce dont j'avais besoin en ce moment.

Je ris à la réflexion d'Elisa. Elle avait ce côté à la fois doux et fragile, mais aussi assez autoritaire et froide, et en plus de ça, elle savait jouer des deux. Lorsque je l'avais rencontré, sa carapace de fille hautaine m'avait plu, mais peu de temps après, j'avais compris que quelque chose de plus important et de totalement différent se cacher en dessous. C'était surement un des points communs que nous avions, d'avoir deux visages et de savoir quand utiliser lequel. Cependant, lorsque nous nous retrouvions tout les deux, les masques tombaient, pour laisser place à de la sincérité et à une véritable amitié sans secrets et sans jugements. Il était indéniable qu'Elisa faisait partie de ces personnes qui se trouvaient être un pilier dans ma vie, même si je ne m'en rendais pas forcément compte. "Tu ne diras plus ça quand tu seras sur le point te noyer parce que tu ne tiens pas sur une planche." Je craignais déjà la réplique de mon amie, qui serait certainement un coup de coude ou une claque sur la tête, autant que ça peut-être une réplique cassante. Il fallait dire que je ne savais pas à quoi m'attendre avec Elisa, et qu'en fin de compte, ça m'allait très bien. Je mis plusieurs minutes avant de me retrouver à la plage. Il avait beau y avoir beaucoup de personne, je remarquais d'ors et déjà un endroit calme où les vagues étaient assez agitées pour nous en faire voir de toutes les couleurs. Je coupais le moteur, heureux comme un gamin, avant de lancer un regard à Elisa. "Bon, les cours étaient complets, alors si tu rien ne t'effrayes, je propose qu'on apprenne sur le tas, quitte à se casser une jambe ?" Heureusement pour moi, la maladresse n'était pas un de mes défauts, au vu de mon travail, ou ancien travail, l'adresse était quelque chose de très importante, et j'avais toujours été fier de l'être, cela m'évitait des complications inutiles. "Tu as confiance en moi, hein ? Je connais les bases !" M'exclamais-je alors, sortant de la voiture, avant d'aller du côté de la blonde, pour lui ouvrir la porte, tel un gentleman, pour la laisser sortir. Je me dirigeais alors vers les locations d'équipements de surf, excité comme une puce.