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 Let me in the walls you've built around. (r)

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MessageSujet: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptySam 17 Aoû - 18:37


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✣ ✣ ✣
You're acting your thin disguise, all your perfectly delivered lines
They don't fool me, you've been lonely too long.
aseyfriedlicious@tumblr (mine)dust to dust ~ the civil wars.

Voilà six mois que Jesse avait été forcé à rentrer, donc six mois qu'il avait commencé sa rééducation. Aujourd'hui, ses blessures n'étaient plus visibles mais restaient présentes. Après un effort trop intense, il avait mal et pouvait parfois boiter mais ce n'est pas ce qui allait l'arrêter. Il avait toujours été sportif et il continuait à maintenir un certain régime malgré la contre-indication des médecins. Il se fichait de foutre en l'air sa jambe et de risquer d'empirer son cas, il avait besoin de se défouler. Courir lui permettait de penser à sa vie mais aussi à oublier ses problèmes, paradoxalement. La douleur n'était qu'un détail qui lui permettait de se sentir vivant. Il n'avait rien auquel se raccrocher, Allison refusait qu'il voit leur fille. Il avait fait sa carrière dans l'armée et pas pour rien : ça donnait un sens à sa vie. Personne n'approuvait ce choix. Sa mère avait beau être fière de lui pour servir son pays, elle avait peur pour son fils à chaque seconde de chaque jour et il s'était parfois détesté de la mettre dans une telle position. Mais c'était quelque chose dont il avait eu besoin à l'époque et dont il avait toujours besoin aujourd'hui. Maintenant qu'il était bon pour la casse et qu'on l'avait congédié, il ne savait plus quoi faire de sa personne. Il ne travaillait pas, n'aimait pas, (...) La liste était longue et sa vie était devenue vide de sens. La seule chose qui l'aidait à se lever tous les matins était de penser qu'il aurait un jour l'occasion de connaître sa fille. Il devait bosser pour ça, se surpasser, devenir un homme méritant. Et pour tenir, il avait besoin du sport et de la douleur. Alors comme tous les matins, c'est au Chino Hills qu'il se dirigea pour une heure de jogging quotidien. Passant devant le skate-park qui grouillait de SDF décuvant et de jeunes peu fréquentables (dont il faisait partie dans sa jeunesse), Jesse les ignora et se dirigea directement vers le stade où il effectuait tous les jours des tours de terrain jusqu'à remplir son objectif. Mettant sa musique en route, il commença à avancer sur un vieux titre de Bon Jovi et passa plusieurs musiques à penser à tout et à rien, à supporter la douleur lancinante dans sa jambe et à admirer le paysage qui s'offrait à lui. Jusqu'à ce qu'une chevelure blonde qui lui était bien familière apparaisse devant lui. Surpris et momentanément déconcentré sur sa course, Jesse trébucha et sa jambe malada se tordit légèrement, lui arrachant une grimace de douleur. Mais il se releva rapidement pour se rendre compte qu'elle l'avait aussi vu et qu'il n'avait plus aucun moyen de s'échapper. Lui qui avait l'habitude de ne plus rien ressentir après toutes les horreurs qu'il avait vu durant la guerre, était soudain envahi de plusieurs sentiments contradictoires : un certain soulagement accompagné d'une honte insupportable. La voir avait toujours eu un effet apaisant sur lui mais quand il pensait à ces six mois écoulés sans un coup de téléphone, il se détestait. Elle ne méritait pas ça mais c'était bien connu que Jesse Hale n'agissait jamais si ce n'était pas dans son propre intérêt. Quelque chose sur lequel il devait travailler pour ne pas décevoir sa fille. Jane, je -- bafouilla-t-il, apeuré qu'elle prenne la fuite ou qu'elle lui demande des comptes. N'importe quelle issue serait désagréable et il se rendait compte qu'il n'avait aucune porte de sortie.
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MessageSujet: Re: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptySam 17 Aoû - 19:19

A cette heure-ci, je devrais être chez les parents, à partager un chili con carne préparé par la bonne de la famille. Je n'ai jamais aimé les traditions, c'est d'ailleurs Romy qui me forçait à être présente lors des repas, en utilisant l'excuse de se faire bien voir par les parents, et par conséquence, recevoir un peu plus d'argent de poche : je ne sais pas si c'était une réelle manipulation de sa part, ou simplement une tactique pour que l'on passe un repas tous ensemble, le fait est que ça marchait à chaque fois, et qu'elle a toujours été bien plus intelligente que moi. Quand Romy est partie, nous avons tenté de continuer cette tradition, mais on s'est rapidement comptes que c'est elle qui nous faisait tout simplement tenir tous ensemble. Alors au début on mettait une assiette à sa place, c'était un peu glauque mais ça semblait aussi à la fois normal, et puis d'un coup brusque, l'assiette supplémentaire a été retirée et la tradition du petit-déjeuner ensemble a perdu tout son sens.

La nourrice, en plus de s'occuper d'une façon assez spectaculaire de Mickey, me donne plus ou moins des cours sur comment être une bonne mère, auxquels je tente d'être assidue, même si une envie de me pendre me prendre toutes les cinq minutes. Lors de notre dernier cours, celle-ci m'a fortement conseillée de faire des balades en poussette avec mon neveu, afin de créer une sorte de lien, une connexion : moi, tout ce que ça me donne l'impression, c'est que je m'en vais promener mon chien. Néanmoins, en bonne élève, je m'y atèle avec plus ou moins d'envie, remplaçant donc la tradition du petit-déjeuner familial à la promenade neveu/tante, en pensant faire plaisir à Romy, beaucoup plus fervente des traditions que moi.

Et un homme passe, ce qui a le don de provoquer des frissons sur l'intégralité de mon corps, et pour cause : c'est Jesse. Sur le coup, je ne peux m'empêcher de penser qu'il s'agit d'une hallucination, et finalement voilà qu'il s'arrête, voilà qu'il revient vers moi, et mon cœur se met à battre plus vite qu'à la régulière, sous la surprise de le voir ici. Dès qu'il arrive à ma hauteur, je me jette dans ses bras d'une façon un peu pathétique, mais je ne peux me retenir : la mort de Romy m'a rendu indéniablement morbide, et le manque de nouvelles de la part de Jesse m'a laissé penser de nombreuses fois que Jesse était mort lui aussi, mais à la guerre. Et puis je me détache de lui d'une façon plus froide, parce que même si nous avons partagé beaucoup de moments d'intimité, ils ne semblent pas assez fort pour justifier cette accolade. « Tu, quoi ? » Je suis froide, et ça m'énerve de l'être, ne voulant pas trahir ma déception évidente. Il aurait dû m'appeler, et il ne l'a pas fait, il m'a laissé dans le doute, dans l'inquiétude, mais aussi dans l'attente. « Tu es désolé de ne pas m'avoir appelé, c'est ça que tu essaies de me dire ? » Je dis, en trouvant soudainement un certain attrait pour la poussette de Mickey, afin d'éviter d'avoir à regarder Jesse dans les yeux. « Ne le fais pas, s'il te plaît, je crois qu'on ne s'est jamais mentis, et je n'ai pas envie de commencer maintenant. On sait très bien tous les deux que si tu avais eu envie de me contacter, t'en aurais eu le temps. » Je déteste mon côté romantique qui espère tristement que Jesse me réponde qu'il est arrivé il n'y a que trois jours seulement, d'où l'absence de nouvelles. « Ça fait longtemps que tu es rentré ? En tout cas, tu as l'air de bien d'aller, ça fait plaisir à voir. » Voilà Blythe, voilà sur quel tableau tu dois jouer, pour garder un minimum de fierté : l'indifférence.
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MessageSujet: Re: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptySam 17 Aoû - 19:53

Revoir Jane n'était pas dans ses plans. Il savait que ça finirait par arriver, parce qu'ils habitaient dans la même ville, parce que c'était déjà arrivé de nombreuses fois, et parce qu'il croyait au fait que si deux âmes étaient connectées, elles trouvaient toujours leur chemin l'une vers l'autre. Mais il avait préféré vivre dans le déni, se dire que ce jour ne viendrait pas et qu'il pourrait vivre sans culpabilité aucune jusqu'à la fin de ses jours. Il se sentait idiot de ne pas l'avoir appelée et encore plus de se sentir idiot, parce qu'ils ne s'étaient jamais rien promis. Leur histoire avait toujours eu une date d'expiration, à chaque fois qu'elle avait existé, et il ne lui avait jamais promis de revenir à elle quand il en aurait fini avec la guerre. Mais la vérité était qu'il en avait eu envie. Son premier réflexe en rentrant chez lui avait été de prendre le téléphone et de composer son numéro qu'il connaissait par coeur depuis le temps. Puis il s'était souvenu qu'il n'était pas en permission, qu'il n'était pas là par choix ni pour se reposer ; il était là parce qu'il était blessé, brisé, inutile pour les besoins de l'armée. Il n'était plus qu'un déchet qu'on envoyait à la décharge. Alors s'il reprenait contact avec elle, leur histoire serait sans fin et cette simple idée suffisait à l'angoisser. Parce qu'il n'était pas un homme bien, parce qu'il abandonnait toujours ceux qui comptaient sur lui, sauf peut-être sa mère mourante qui était la femme de sa vie. Surpris de l'étreinte qu'elle engagea, Jesse ne se recula pourtant pas et entoura son corps frêle de ses bras musclé, appréciant un contact qui lui avait manqué ces derniers mois. Etre à Orange sans être avec Jane, c'était un peu comme manger des pâtes sans fromage râpé : improbable. Pourtant il avait dû s'y faire, il avait dû accepter la décision qu'il avait prise mais ça n'avait jamais été aussi difficile que maintenant, alors qu'il se tenait devant elle. Jane changea d'attitude en une demie-seconde, ce qui eut le don de le prendre au dépourvu. Il resta muet, les mains dans les poches et le regard fuyant. Il était un homme, un vrai, et il n'avait pas l'habitude de ne pas assumer ses actes. Mais la situation était inédite, tout comme l'était sa réaction. Ca fait quelques semaines, commença-t-il à voix basse avant de se redresser, de se râcler la gorge et de dire d'une voix plus ferme, Six mois, pour être précis. Il était impossible pour lui de dire si elle était déçue, évervée ou tout simplement indifférente à tout ça. Peut-être qu'elle se fichait de lui comme de sa première petite culotte, peut-être que leur histoire n'allait pas plus loin que ce qu'elle avait été : une amourette de passage, deux adultes consentants qui se soulageaient dans les bras l'un de l'autre pour oublier la dure cruauté de la vie. On ne s'est jamais mentis, hein ? Répéter les propos de Jane ne servait qu'à introduire une vérité qu'il avait lui-même du mal à admettre. J'ai connu de meilleurs jours. Sa jambe ne lui avait jamais fait aussi mal que maintenant, ses cauchemars le tenaient éveillé la nuit, et son ex faisait obstacle entre lui et sa fille. C'était presque comme s'il avait été plus heureux entouré de bombes. Le regard de Jesse dévia sur la pousette et il déglutit péniblement alors que l'impensable lui traversa l'esprit. Et qui est ce petit bout de chou ? demanda-t-il, faussement enjoué, alors qu'il se penchait pour être à sa hauteur. Tout faire pour éviter d'expliquer son geste ou de parler d'eux, voilà qui était un bon plan. Mais peut-être que la vérité qu'il allait découvrir n'allait pas lui plaire, au final.
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MessageSujet: Re: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptySam 17 Aoû - 20:30

Quelques semaines. L'entendre a le don de me provoquer une certaine difficulté à avaler ma salive, jusqu'à ce qu'il enchaîne : six semaines. Ma réaction se fait immédiate, parce que j'ai toujours été impulsive et violente, voilà que ma main se transforme en un poing qui vient sauvagement rencontrer son bras. J'étouffe une insulte comme je le peux, et jette un œil à Mickey, qui semble absorbé par l'acte que je viens de réaliser : pas besoin de me faire culpabiliser, le neveu, je le regrette vraiment pas. Je sais bien que notre relation est telle, qu'on ne peut pas vraiment l'appeler « relation », mais mon côté romantique surgit à nouveau, et ce côté espérait qu'on était plus que deux personnes qui couchaient ensemble. Des amis, au moins, ça aurait été le strict minimum. « J'ai connu de meilleurs jours. » Il me dit, et alors pour la première fois depuis le début de notre conversation, je le regarde réellement dans les yeux, longuement, en espérant en tirer quelque chose. Je crois que j'y parviens, d'ailleurs, parce que je détecte quelque chose de changer, de différent. Un mélange de colère, je crois, mais surtout de déception, un peu brisé, aussi. Tu vois comme c'est ironique, Jesse ? On couchait ensemble et on passait des moments ensemble parce qu'on avait besoin de caresses, de tendresse pour que nos vies semblent moins ternes, pour qu'on se sente mieux, et maintenant qu'on se retrouve face à face après tout ce temps, on est toujours au même point. En réalité, nous semblons encore pire, nous enfonçant dans un je ne sais quoi dramatique, mais qui fait mal. « Raison de plus pour m'appeler Jesse, si ça n'allait pas. J'étais quoi au juste, pour toi, une sex friend comme ça a l'air d'être à la mode ces derniers temps ? T'aurais dû m'appeler pour me dire que ça allait pas. J'ai peut-être des tas de défauts, mais tu sais que j'aurais pu t'écouter, et que j'aurais essayé de t'aider. » Autant jouer cartes sur table, vu la tournure que prend la discussion. Il désigne de petit bout de chou Mickey, ce qui a le don immédiatement de m'adoucir, et de calmer la tempête qui commençait à se créer en moi. Alors je détache mon neveu de sa poussette, le prend dans mes bras tout en souriant quelques secondes, pour ensuite le tendre à Jesse. « Je ne vais pas prendre de pincettes, au stade où on en est. C'est ton fils. » Je sais pas trop à quoi je joue, mais voilà que je dois me mordre l'intérieur des joues pour m'éviter de rire. D'ailleurs, pendant une demi-seconde, je ne peux m'empêcher de penser que j'aurais préféré que le père de Mickey soit Jesse plutôt que Grayson, même si dans le genre loosers, ils sont tous les deux dans le top 3. Finalement, je ne parviens à contenir mon rire très longtemps, et voilà que j'explose, ayant toujours été incapable de garder un secret, ainsi que de faire ce genre de blagues. « Je voudrais pas t'achever, alors : je déconne, c'est une blague. C'est Mickey. Ce n'est pas mon fils, c'est... Compliqué. Et long à expliquer. Et je n'ai pas envie de t'en parler. » Autre façon de dire, tu n'échapperas pas à ton sermon jeune homme, toi et moi nous devons avoir une discussion. « Tu aurais dû me dire que tu ne voulais plus avoir ce genre de relations avec moi, je l'aurais très bien pris, t'as eu quoi, peur de moi ? T'as cru que je voulais me marier avec toi, ou quoi ? » J'hésite pendant une seconde à lui avouer que je me suis inquiétée, et aussi lui dire qu'il m'a un peu manqué, mais je m'abstiens, question de fierté, encore une fois. Et puis le ton est clairement donné, tout ceci n'était qu'une histoire de sexe, pas une question de sentiments. « Tu retournes sur le terrain quand ? »
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MessageSujet: Re: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptySam 17 Aoû - 22:56

Jesse savait pertinemment qu'elle avait raison. S'il s'était toujours tourné vers elle auparavant c'était bien parce qu'elle était la seule à pouvoir apaiser ses angoisses. Mais cette fois-ci c'était différent et il avait eu peur qu'elle ne devienne elle-même son angoisse personnelle. Qu'aurait-il fait alors, vers qui se serait-il tourné ? Ne pas contacter Jane la mettait sur un piédestal, à un endroit qu'il ne pourrait pas atteindre mais qui lui permettrait d'en garder une parfaite image. Tu pouvais pas m'aider. Tu peux pas m'aider, répondit-il plus froidement qu'il n'en avait eu l'intention. Jesse était un homme fier qui n'aimait pas s'appuyer sur les autres, surtout pas sur une femme. S'il avouait qu'il avait besoin d'elle, il aurait l'impression de perdre toute sa masculinité. Il faisait partie de ses hommes qui pensaient que pleurer était pour les mauviettes ; alors qu'en fait, beaucoup de femmes pensaient que les vrais hommes étaient sensibles. Comme quoi, ils n'ont pas le même cerveau. Jesse failli s'étouffer à l'annonce de sa paternité, le monde s'écroulant autour de lui. Non mais qu'est-ce qu'elle racontait ? Il avait déjà une petite fille de huit ans qui ne le connaissaient même pas et voilà qu'il avait engrossé une fille de passage - ou du moins aimait-il le prétendre, niant qu'il y avait toujours eu plus que ça entre eux. Rendu muet, le soldat se contenta de la regarder avec de gros yeux, espérant se réveiller de ce mauvais rêve. Mais quand il vit l'ombre d'un sourire amusé danser sur ses lèvres, il devina que quelque chose clochait. Il fronça les sourcils, à la recherche de la vérité, avant que Jane dévoile toute la supercherie d'elle-même. Décidément, elle n'était pas très douée pour faire des farces qui durent plus de cinq secondes. Abrutie, répondit-il simplement, encore sous le choc. L'espace d'un instant il y avait cru, et si ça avait été la vérité il ne sait pas comment il aurait réagi. Il avait eu huit ans pour se préparer au fait qu'il était père et il n'était pas encore capable de s'occuper de sa fille (principalement parce que sa mère l'en empêchait), comment aurait-il fait avec ce Mickey ? Jesse se contenta de hausser les épaules. Qui était-il pour la juger ou pour lui demander des explications alors qu'il avait été le premier à louper le coup de téléphone qui leur aurait évité toute cette conversation ? Faut avouer que je suis irrésistible. Compenser avec de l'humour pour éviter de répondre à sa question. En réalité, c'était de lui qu'il avait eu peur, mais encore une fois sa fierté l'empêchait de se confier sur ses réels ressentis. Soudainement mal à l'aise, il regarda ailleurs l'espace de quelques secondes. Il aurait voulu lui donner une réponse précise, avoir une date exacte de son retour sur le terrain. Mais il était dans le noir total - même si la lumière au bout du chemin lui murmurait que c'était la fin pour lui. Je ne sais pas, j'ai été mis de côté. Indéfiniment. Hésitant, il jeta un coup d'oeil à Mickey. Devait-il le faire ou non ? Ce n'était qu'un gosse, il n'était pas encore assez âgé pour comprendre. Au pire, il penserait que ce monsieur était vraiment très moche. Lâchant un soupir, Jesse se pencha pour relever son pantalon, dévoilant une jambe amochée, balafrée, malade. De la cheville jusqu'au dessus du genoux, ce n'était qu'un tas de cicatrices encore fraîches qui prouvaient que son cauchemar était loin d'être terminé. S'il ne pouvait pas s'exprimer par les mots, peut-être que lui montrer la véritable raison physique de sa présence ici serait suffisant à lui faire comprendre son calvaire. Elle ne mesurerait sûrement pas à quel point sa jambe abîmée trahissait une plus grande souffrance, invisible.
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MessageSujet: Re: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptyDim 18 Aoû - 16:17

J'aime pas la froideur qu'il m'offre à cet instant, parce que je ne sais que je la mérite pas, alors pendant quelques instants, j'ai envie de lui dire d'aller se faire voir, lui et ses petits soucis, lui tout court d'ailleurs, et de continuer à promener Mickey. Le truc, c'est que même si je veux être celle qui est forte et indifférente, j'arriverai pas à tourner le dos à Jesse, comme ça, même si je lui en veux. Peut-être parce que la mort de Romy m'a fait comprendre que je pouvais plus réagir au quart de tours, comme ça, surtout avec les gens qui comptent. « De toute façon, je veux plus t'aider, maintenant. » Je dis, avec une voix boudeuse, me faisant perdre au moins dix années de ma vie. Quand il se met à m'insulter, je ne peux m'empêcher de penser que c'est le monde à l'envers, alors que c'est moi qui devrait pouvoir utiliser chaque insulte de mon vocabulaire pour le désigner, lui. Pour autant, je ne lui en tiens pas rigueur, parce que c'était un peu bas -mais très drôle, d'autant plus en voyant sa tête. « Faut avouer que je suis irrésistible. » Et merde, je souris. Je voudrais l'effacer, ce putain de sourire qui s'est invité sur mon visage sans que je le demande, sans que je le veuille, mais je n'y parviens pas, trop amusée par cette phrase -dite sur le ton de l'humour, alors qu'elle reflète plus ou moins la vérité. « T'es vraiment qu'un petit con très énervant, j'espère que tu en as conscience de ça. » Un petit con bien trop attachant, qui parvient, avec ses phrases à deux balles, à me faire oublier qu'il n'a pas donné signe de vie depuis bien trop longtemps. « Et c'est moi qui suis irrésistible, c'est bien toi qui t'es jeté sur moi le premier ! » Je crois que c'est pas vraiment la vérité, mais je préfère avoir cette version plutôt que celle de moi, complètement ivre et défaite, se livrant à Jesse tel un colis qui n'attend qu'à être déballé.

Et puis soudain, ce ton d'humour qu'on a essayé de donner à cette conversation pour qu'elle soit moins douloureuse disparaît, pour laisser place à un je ne sais quoi qui me laisse sans mot. Enfin, pas réellement, puisque de mes lèvres s'échappent un « Et merde » en constatant la jambe de Jesse. Je sais combien ça lui demande d'efforts pour me montrer ses blessures, lui qui déteste laisser transparaître sa vulnérabilité. Comme l'enfant que je suis, je repose Mickey dans sa poussette, pour m'accroupir, afin de regarder de plus près la jambe de Jesse, bien trop curieuse. « Ça guérira. Ça prendra du temps, ça sera difficile, mais je sais très bien que tu iras mieux, à un moment ou un autre, et que tu ne seras plus mis de côté. » Je sais combien être militaire est important pour lui, il suffit de le regarder en parler pour le constater, c'est pourquoi je ne peux m'empêcher de le rassurer. Puis je me redresse pour être à nouveau face à lui, et dépose sur ses lèvres, un léger baiser, sans comprendre vraiment mon acte. « T'emballes pas garçon, c'était juste un bisous magique pour que tu guérisses plus rapidement. » Et puis parce que si nous partagions les mêmes draps pendant ces permissions, c'est bien parce qu'on avait besoin de l'un de l'autre pour s'aérer, aller mieux, alors peut-être qu'un baiser lui permettra d'avoir les épaules et le cœur moins lourd, en espérant qu'à travers ce toucher de lèvres, à mon tour, ça me soulagera. « De toute façon, tu toucheras plus jamais à ça, maintenant. » Je dis, en montrant d'un doigt mon corps et en insistant sur ma partie intime. « J'oublie pas que t'as agi comme un connard. D'ailleurs, si on ne s'était pas croisé ici, tu ne me l'aurais jamais dit, n'est-ce pas, que t'étais de retour ? T'es vraiment un abruti. T'as pas pensé une seule seconde que je pouvais être un minimum inquiète ? T'étais à la guerre, pas animateur dans un centre de loisirs, merde, je me suis fait des tas de scénarios dans ma tête moi. » Et voilà que la colère refait surface, d'un coup, comme ça, sans comprendre pourquoi, et j'ai envie d'arracher les lèvres de Jesse pour récupérer ce baiser, qu'il ne méritait définitivement pas. « T'es un putain d'égoïste. T'as tellement eu peur que je te saute dessus comme une nympho que t'as même pas réfléchi à l'état dans lequel je pouvais être. »
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MessageSujet: Re: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptyDim 18 Aoû - 17:21

Malgré lui, Jesse esquissa un sourire amusé face à une Jane boudeuse qui visiblement ne pouvait pas lui résister malgré ses efforts pour montrer qu'elle était forte. Pouvait-il l'en blâmer ? Au-delà de savoir que la gent féminine craquait souvent pour son physique d'apollon, il était le premier à ne pas résister à certaines femmes, Jane la première. Elle avait tort, elle lui avait sauté dessus la première, mais il n'avait pas fait le difficile non plus. Un petit con à qui tu tiens. Voilà, il parlait de sentiments, toujours déguisé sous une bonne dose d'humour pour ne pas lui faire penser qu'il était sérieux. Il voulait croire qu'elle tenait à lui, mais il ne voulait pas s'avouer que lui tenait à elle. C'était bien trop compliqué. Je suis pas sûr que tu relates les faits exacts mais tu as raison sur le premier point. Jane n'était pas moche. Bien au contraire, elle faisait partie des femmes les plus belles qu'il n'avait jamais rencontrées. Pas un canon de beauté, elle ne collait pas à la description de la femme parfaite décrite par les magazines, mais elle était forte et vulnérable à la fois, un visage aux traits parfaits et un corps dont il adorait épouser les courbes. Ca lui suffisait largement et s'il avait eu à choisir entre elle ou Eva Mendes, son choix était vite fait. Puis soudain, le sérieux reprit sa position de leader dans leur conversation et Jesse lui avoua n'être devenu qu'un pion cassé aux yeux de l'armée à cause de sa jambe en sale état. C'était la première fois qu'il la dévoilait à une tiers personne, excepté ses médecins et ses coéquipiers qui avaient été avec lui au moment du drame, et il ne pouvait ignorer ce petit pincement au coeur. L'avouer à Jane, c'était se l'avouer à lui-même : qu'il n'allait pas bien, qu'il était blessé aussi physiquement que moralement, qu'il n'était plus bon à rien. Un chien errant sans aucun but dans la vie. Je n'en serais pas si sûre si j'étais toi. Je crois que l'armée, c'est fini pour moi. Jane savait à quel point sa carrière était importante pour lui, mais il avait sa fierté et c'est d'un simple haussement d'épaule qu'il accompagna ses propos, un air blasé sur le visage. Il n'allait tout de même pas se mettre à chialer pour montrer son désespoir. Quand elle lui vola un baiser, Jesse se redressa, ses sens aiguisés. Ca lui avait manqué et il ne pouvait pas nier qu'il en voulait plus. Si ça ne tenait qu'à lui, il l'aurait attrapé par la taille pour l'approcher de lui et l'aurait embrassée encore plus passionnément, rattrapant tous ces mois qu'ils avaient perdu à cause de lui, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Dans un rictus, il passa une main sur sa bouche comme pour se prouver que c'était bien réel mais ne resta pas dans ses pensées trop longtemps. Jane était repartie de plus belle, lui reprochant le manque de nouvelles. Il la comprenait. Jamais il ne lui aurait venu à l'esprit d'agir comme ça avec sa mère parce qu'elle aurait pu penser qu'il était mort, et pourquoi Jane penserait autrement ? La laissant parler, il se pencha à son tour vers elle pour emprisonner ses lèvres. T'emballes pas ma belle, c'était juste pour te faire taire, l'imita-t-il, un sourire amusé étirant ses lèvres. Mais bien vite, son visage se refermé et ses mains s'enfoncèrent un peu plus dans son pantalon, signe qu'il n'était pas à l'aise. Je suis désolé. Il savait qu'il devrait faire plus que cela pour que ça ait une quelconque importance, mais le fait qu'il ravale sa fierté pour s'excuser était déjà un exploit. J'aurais fini par te le dire, éventuellement. Peut-être. Il mentait. S'il ne l'avait pas appelée en rentrant, il ne l'aurait pas appelé une fois marié et père de trois gamins. Ce coup de téléphone aurait pu les rassembler ou les séparer, Jesse avait fait un chien qui aurait dû être définitif. Mais le destin en avait décidé autrement et il remettait tout en question. Autant se montrer honnête maintenant, à quoi bon continuer les faux semblants. Tu sais pourquoi je t'ai pas appelée ? Parce que j'avais peur. Ouais, ça m'arrive à moi aussi. La guerre, c'est fini pour moi. Et la guerre, c'est ce qui nous faisait tenir. A chaque fois qu'on s'est retrouvés, c'était pour mieux se quitter, et ça m'allait. Parce qu'on est pas faits pour être ensemble, parce qu'on est pas censés tenir l'un à l'autre, parce que je voulais pas me retrouver à devoir faire ça. Jesse reprit son souffle avant de soupirer et de reprendre sur sa lancée. Tu crois que je suis un sale con égoïste ? Gardes cette image de moi parce qu'elle est meilleure que ce que je suis réellement. C'est plus pareil. J'ai vu des trucs, tu t'imagines même pas. Je me réveille la nuit en criant, j'en ai des sueurs froides, à chaque fois que je ferme les yeux je revois toutes ces bombes qui m'ont fait perdre des amis. Je dois soigner cette foutue jambe, je dois accompagner ma mère dans la mort, je dois me battre pour ma fille et au milieu de tout ça j'ai pas envie de devoir faire attention à ne pas te blesser. Jesse n'avait pas réalisé qu'il avait balancé des informations dont Jane n'avait probablement aucune idée. Mais au moins, il était sincère. Il avait trop de problèmes, il avait trop changé, et la dernière chose qu'il voulait était de lui faire du mal sans s'en rendre compte, parce qu'il ne faisait pas attention, parce qu'il était différent, tout simplement. Différent de l'homme qu'elle avait un jour connu.
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MessageSujet: Re: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptyLun 2 Sep - 18:37

Un petit con à qui tu tiens. J'aime pas quand il a raison, surtout quand ça révèle une faiblesse de ma part, alors j'ai envie de rétorquer que c'est faux, mais je crois bien que ça n'accentuerait que cette vérité. Je me contente donc de lui tirer la langue avec puérilité, mais qui me permet néanmoins de me cacher derrière, sans avoir à offrir une réponse à ça. Oui, je tiens à Jesse, plus que je ne voudrais le croire, mais je veux pas y penser. C'est tout. « Arrête. » Je dis, d'un coup, comme ça, d'une froideur telle, que ça me surprend moi même. Parce qu'il n'a pas le droit de dire que je suis irrésistible, parce qu'on a pas le droit de retourner sur le chemin du flirt et de tout ce qui l'entoure, parce que je pourrais pas survivre à ces caresses à durée déterminée. Bien sûr que c'est agréable, parce qu'en plus de réveiller quelque chose en moi, ça me permet de me replonger dans le passé si confortable, celui où Romy est encore de ce monde, mais c'est malsain. Alors on change de sujet, on passe à la guerre, à celle qu'il ne pourra plus faire, et je me dis que tout n'est pas tragique, finalement. Que c'est un mal pour un bien, même s'il n'entendrait pas de cette oreille là. « Alors tu feras autre chose, c'est pas le plus important. Ce qui compte, c'est que tu ailles bien, que tu puisses tenir sur tes deux jambes. Tu trouveras autre chose qui te fera autant vibrer, je suis persuadée qu'on est pas destinés à faire une seule chose de sa vie. » Voilà ce que je me contente de dire du coup, sans trop savoir si ça l'aidera, je pense tout simplement qu'il n'est pas encore prêt à entendre ce genre de discours, que même s'il semble persuadé de ne jamais retourner sur le terrain, il y a toujours cet espoir qui réchauffe son cœur qui lui permet de tenir, et qui lui murmure qu'un jour, tout redeviendra comme avant. Je le sais bien, parce que j'ai le même espoir auprès de mon cœur qui susurre, qui promet.

Alors je l'embrasse, et il m'embrasse et je comprends qu'il y a ce putain d'aimant entre nous qui fait qu'on est obligatoirement collés l'un à l'autre, même si je lui en veux, même si je crois que je le déteste, je pourrais jamais lui dire non. Ça a un côté tragique, peut-être même pathétique,ça s'explique sûrement par le fait que nous sommes les mêmes. Deux électrons libres complètement paumés dans cette réalité qui nous dépasse, à contre courant de nos désirs. Ma belle. Tu réalises Jesse, combien j'aurais frappé les autres hommes qui m'auraient appelé ainsi ? Alors pourquoi, avec toi, ça me fait rougir, ça me réchauffe à des points stratégiques de mon corps ? Bordel, je crois que je suis ta prisonnière, et ça me rend dingue. Il dit qu'on est pas faits l'un pour l'autre. Même si c'est vrai, première gifle. Et il enchaîne comme s'il avait décidé de me balancer des centaines de coups de couteaux dans le corps, histoire de pas me tuer sur le coup, mais que je souffre bien avant, parce que voilà qu'il déclare avoir une fille. Deuxième gifle, qui a le don de me faire tituber. Pendant quelques instants, je crois que je vais faire un malaise, et je remercie silencieusement la poussette à laquelle je m'agrippe, qui me permet de rester statique et stoïque, alors que j'ai bien envie de m'effondrer, jusqu'à ce que je reprenne mes esprits et qui entraîne cette nouvelle envie de l'assassiner de questions. Comment ça, t'as une fille ? Elle a quel âge ? Tu couchais simultanément avec sa mère quand on couchait ensemble ? J'ai pas été ta putain de maîtresse quand même ? Mais j'en dis rien, parce que je veux plus qu'il pense que j'en ai quelque chose à faire. Je veux que Jesse me regarde dans les yeux et qu'il lise ma pseudo-indifférence face à ses malheurs, dans lesquels il ne veut pas m'inclure, pour lesquels il m'exclut de sa vie. Je suis qu'un obstacle dans sa vie, ça paraît clair maintenant, et putain, ça fait mal. J'ai mal. « Je sais pas quoi te dire, je peux pas comprendre de toute façon. Trouve une thérapie de groupe, avec des anciens militaires, eux, ils te comprendront. Te conseilleront. » Des banalités, je sais pas si ce dont il a besoin mais en tout cas c'est tout ce que je peux lui offrir à cet instant. Je peux pas lui donner un peu plus de moi parce que je m'y perdrais, je le sens bien. Prête à rechuter dans la douloureuse spirale jesse halienne, je peux pas accepter d'être amoureuse à cette période de ma vie, avec ce papa aux millions de problèmes qui ne feraient que s'ajouter aux miens. Des millions de problèmes + des millions de problèmes, ça touche presque l'infini, à ce stade. « Mais arrête de ne voir que tes problèmes, et constate ce que tu as. Tu sais que ta mère va mourir, alors t'as le temps de te faire à l'idée, de profiter d'elle, de lui dire tout ce que t'as à lui dire. Tes derniers mots pour elle seront probablement que tu l'aimes plus que ta propre vie, pas, je sais pas moi, que t'as été chercher le pain. Alors oui, tu souffres, mais tu peux pas te permettre de tout garder pour toi et d'exploser, parce qu'il y a une petite fille qui compte sur toi. Ta fille. Ta famille, qui te permettra d'avancer, d'aller mieux. »
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MessageSujet: Re: Let me in the walls you've built around. (r)   Let me in the walls you've built around. (r) EmptyMer 18 Sep - 21:17

Un simple rictus déforma le visage de Jesse, qui n'ajouta rien. Qu'y avait-il à dire de plus ? Il n'était pas d'accord avec elle mais il ne voulait pas se lancer dans un débat car visiblement ils ne partageaient pas la même vision des choses. Ce n'était pas surprenant sachant qu'ils étaient rarement en accord total. Jane affirmait que le plus important était qu'il aille bien, mais pour être tout à fait honnête il aurait préféré mourir plutôt que de devoir tout abandonner et retourner à une vie banale et monotone, sans aucun but. Lorsqu'il s'était réveillé après son opération, il avait maudit sa vie, il avait prié pour ne pas survivre, il avait détesté le monde entier. Au bout d'un moment, il en avait même oublié sa douleur à la jambe à force de râler. Ce qui l'avait fait tenir était Livia, parce qu'il l'avait déjà abandonnée une fois et qu'il n'avait pas le droit de le refaire. Maintenant qu'il était de retour à Chino, il se rendait compte qu'il n'était pas le seul être brisé. Une part de lui avait envie de prendre Jane dans ses bras, de s'excuser pour la peine qu'il avait pu lui causer et de lui promettre que tout allait bien se passer. Mais il ne pouvait pas le faire, parce que ce n'était pas lui, ce n'était pas eux. Non, leur truc c'était de se disputer, de se faire du mal, de se dire 'vas te faire voir' comme d'autres couples se diraient 'je t'aime'. Une relation malsaine et toujours éphémère. La fin de la guerre signifiait la fin de ce qu'il se passait entre eux, qu'importe ce que c'était. Mais Jesse était-il vraiment prêt à lui dire adieu ? Il avait réussi à l'éviter pendant des mois et ça avait été facile. Mais maintenant qu'il était face à elle, il ne pouvait plus tourner les talons et prétendre qu'elle n'avait existé. Il avait trouvé du réconfort auprès d'elle, elle avait su panser ses blessures avec de simples caresses et il ne pouvait s'empêcher de vouloir connaître ce plaisir à nouveau. Trop aveuglé par ses propres problèmes, il ne remarqua même pas la peine dans le regard de Jane et encore moins le fait qu'il en était à l'origine. Tout ce qu'il retenait de cet entretien, c'était qu'elle n'était pas de son côté. Il avait toujours détesté ça chez elle. Au lieu de le brosser dans le sens du poil, elle lui disait ses quatre vérités, des vérités qu'il ne voulait pas entendre, des vérités qui lui faisait du mal. C'était pour ça qu'il tenait à elle et qu'il la trouvait insupportable. La raison pour laquelle elle lui faisait perdre la tête. 'Ma fille ne sait même pas que j'existe. Je suis resté vivant grâce à elle pendant toutes ses années alors que ma mort passerait complètement inaperçue.' Parce qu'il n'était pas à l'aise à l'idée de parler de sa fille avec Jane (réalisait-il enfin que ce n'était pas approprié et loin d'être la façon idéale de l'annoncer ?), il secoua la tête et changea rapidement de sujet. 'C'est pas facile de savoir qu'elle va mourir, c'est pas une bénédiction, c'est un putain de fardeau. Tu peux pas te préparer à une chose pareille. Et quand elle sera morte, je n'aurais plus rien ni personne. Aucune raison de rester ici.' Voilà la raison pour laquelle il se dévouait totalement à l'armée. Parce qu'il pensait réellement n'avoir personne. Ni femme, ni enfant, bientôt ni parents. Allison n'allait jamais lui permettre de voir Livia, même s'il se battait pour elle. 'J'ai pas besoin d'une thérapie, j'ai besoin de toi.' Avoua-t-il presque dans un murmure. Sans être embarrassé, il baissa le regard et laissa le silence s'installer entre eux, pour qu'elle réalise ce qu'il venait d'avouer. Lui même avait du mal à croire qu'il venait de le dire alors qu'il essayait de la repousser depuis une demie-heure, depuis six mois même. Il n'avait pas voulu se rendre à l'évidence et c'était la raison pour laquelle il ne l'avait pas appelée. Il était un homme fier et fort qui pensait n'avoir besoin de personne pour survivre et avancer. Il ne voulait pas se reposer sur quelqu'un, il ne voulait pouvoir compter que sur lui-même. Mais jusqu'à quel point pouvait-il ignorer le pouvoir que Jane avait sur lui ? 'Mais tu n'as pas besoin de moi.' Qu'en savait-il, me direz-vous ? Jesse savait qu'il n'était pas un homme bien. Il ne l'avait jamais été et ne le serait jamais. Il avait toujours déçu ses proches, faire souffrir les autres était tout ce qu'il connaissait. Et pour une fois, peut-être la première fois de sa vie, il n'était pas assez égoïste pour s'accaparer Jane pour son bien en sachant qu'elle en souffrirait.
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