On a tous connu ce fameux jour où notre réveil sonne et nous n'avons qu'une seule envie : l'envoyer virevolter violemment contre un mur dans un élan de folie. Ce qui aura alors comme conséquence d'avoir un sol jonché de débris qu'il nous faudra tôt ou tard ramasser mais, pendant un instant on pense au bonheur que nous procurera le simple fait de savoir que ce maudit réveil ne pourra plus sonner. Jeter son réveil, éteindre son téléphone et retomber directement dans les bras de Morphée. Tout semblait être bien enclenché pour une journée à la je-m'en-foutisme mais, pourtant Nolan avait oublié un léger détail qui, aussi insignifiant soit-il, allait lui gâcher sa journée... L'agaçante sonnerie de son téléphone portable, une suite incongrus de 'bip' en tout genre, eu raison de lui et, se frottant les yeux, Nolan s'extirpa avec difficulté de l'endroit où il s'était jeté la veille pour se dirigeait vers la cuisine où était resté le fauteur de trouble. Celui devait être abandonné sur le sol de la pièce depuis un bon moment au vu des nombres importants de messages et d'appels manqués. Encore endormi, il glissa son doigt sur la touche ignorer grâce à une légère pression, sans prêter attention au nom écrit en grosses lettres sur l'écran, avant d'éteindre ce dernier. Le voilà donc de retour dans un monde fait de courbatures et de maux de tête à en assommer un boeuf, à cause d'un misérable téléphone qui n'avait pas été éteint. Ce n'était pas le vacarme dans sa tête qui s'annonçait être le plus inquiétant pour les minutes à venir mais, plutôt le fait qu'il n'ait gardé aucun souvenirs de la veille. Sa dernière cuite de ce genre devait remonter facilement à ses années estudiantines, disons que les soirées de sa fraternité à l'université n'était pas réputées pour être les plus calmes et les moins arrosées. Nolan garde un vague souvenir de ces mêmes années où il testait un peu tout et surtout n'importe quoi mais, il restait convaincu -et ce même s'il n'avait aucun réel souvenir d'hier- que les soirées estudiantines étaient du pipi de chat à côté de celle qu'il a passé hier dans ce bar d'Orange. Jamais dans sa vie d'adulte un tant soit peu plus raisonnable, d'homme presque conscient de ses actes, il n'avait eu le souvenir de s'être autant saoulé en l'espace d'une seule soirée. L'abus de shoot de vodka et de téquila avait certainement eu raison de sa personne. Et puis, voilà qu'à tout cela s'ajoutait une violente douleur dans son dos, s'il avait su que son canapé serait aussi inconfortable, pour sûr il en aurait acheté un autre ! Toutes ces pensées et conclusions hâtives de ses premières secondes d'observation par des yeux entrouverts, suffirent à rabattre le potentiel optimisme qui pouvait dormir en lui. Et, comme pour manifester ça, il émit un grognement dès plus délicat, enfonçant sa tête dans le coussin du canapé, un espoir naissant en lui. L'espoir d'y disparaître, se fondre dans le canapé et ne plus exister, échapper à la réalité, à ses huit appels manqués. Ne pas répondre au téléphone pendant une journée n'allait certainement pas faire de lui la personne la plus recherchée de toute la Californie ! Et puis s'échapper de ces odeurs de... de. Dans un froncement des sourcils plutôt sceptique, il releva la tête, examinant un instant ce dans quoi il venait d'enfouir sa tête. Temps de réaction prolongée exige, il mit de longues secondes avant d'envoyer valser le coussin, soupirant longuement. Au fond une pareille cuite et cette soirée avaient du bon, il venait enfin de comprendre pourquoi ses amis se plaignaient tant de son canapé ! Et quelle soirée. C'était un trou noir complet mais, pour sûr, cela avait été une sacrée soirée.

Cinq minutes que Nolan chercher de puiser en lui assez de courage pour avoir la motivation de mettre le pied-à-terre mais, rien n'y faisait. C'est alors que, dans un ultime effort, il se redressa péniblement. La mine qu'il abordait était étonnement comparable à celle d'un consommateur régulier de substances illicites, allez savoir pourquoi. Sa tentative pris fin quand il s'écroula à nouveau dans l'inconfort de son canapé. Puis vint un nouveau bruit qui venait, à nouveau, le déranger dans sa plénitude de la journée. Il devait certainement être maudit ou alors quelque chose dans le même genre. Se frottant les yeux, Nolan s'extirpa avec énervement des cousins de la chose avant d'emprunter, une seconde fois, la porte qui menait directement à sa cuisine. Il était pourtant persuadé de l'avoir éteint ce fichu téléphone ! Saisissant le dit objet, Nolan regarda intrigué l'écran noir de ce dernier. Eteint. Là, il y a deux possibilités : la première étant qu'il était tout simplement fou et qu'il entendait des bruits là où il n'y en avait pas et la deuxième, beaucoup plus rationnel, étant qu'il y avait un deuxième téléphone chez lui voire tout simplement une seconde personne. Se pouvait-il qu'il ait ramené une belle brune chez lui la veille ? Bien que totalement en désaccord avec ses propres principes -cela dit en passant, beaucoup trop moraux ? Ebouriffant sa chevelure, Nolan sortir de la cuisine en quête d’une potentielle surprise avant de se retrouver nez à nez avec… Avec une valise ?! Se frottant les yeux, il cligna des yeux plusieurs fois comme si cette valise n’était que le fruit de son imagination mais, quoi qu’il fasse elle était toujours là, dans son salon. Etait-il devenu somnambule du jour au lendemain et avait sorti cette valise pendant la nuit ? Question totalement dénuée de rationalisme, je vous l’accorde. Et puis, il fit ce qu’il n’aurait jamais dû faire. Vit quelque chose qu’il ne voulait pas voir, pas maintenant, pas comme ça et encore moins après tout ce qu’il s’était passé. Sûrement beaucoup plus sèchement qu’il ne l’aura souhaité, il lâcha cette phrase. Une phrase qui aussi innocente soit-elle, il ne s’était jamais imaginé prononcé à Emily et encore moins avec ce surplus de froideur en lui. « Qu’est-ce que tu fais ici ?! »

an unexpected return
avec Nolan Hillington et Emily Hillington.

« Ca fera 20$ mam’zelle ! »

Emily fouilla scrupuleusement dans son porte-monnaie, dans le simple but de se débarrasser de ses pièces encombrantes. Elle tendit une vingtaine de pièces et les déposa délicatement dans la main entrouverte du conducteur. Elle descendit en saisissant le seul bagage qu’elle avait et son sac à bandoulière, qui lui servait de sac à main. Pour son séjour en Australie, la jeune femme ne s’était guère encombrée d’un surplus inutile de vêtements ou cosmétiques, pourtant coquette à son habitude, certainement savait-elle qu’il ne s’agissait que d’une brève pause, un dépaysement. Certes, ce dernier ne s’apparentait pas à l’idée idyllique qu’elle s’en était fait, mais il s’était, tout de même, déroulé dans un cadre lointain des soucis familiaux. Notre protagoniste était revenue la veille, malgré ses quelques difficultés à obtenir un vol direct vers Los Angeles, elle y était parvenue sans trop d’encombres. Suite à une arrivée tardive, elle logea dans un motel non loin de l’aéroport, elle y dormit ou du moins, c’était ce qu’elle était destinée à faire. Trop anxieuse à l’idée de revoir son frère sans un quelconque motif de l’absence de nouvelles, elle imaginait la scène de leurs retrouvailles, anticipant les différentes répliques et réactions de ce dernier.

Comment allait se dérouler la scène ? Devait-elle attendre au pied de sa porte son arrivée prochaine, rentrer dans son appartement dont elle avait conservé le double des clés… Une multitude de possibilités se montrait à elle, et à chaque nouvelle trouvaille, elle était comme victime de ses idées, se mettant face à un nouveau casse-tête. Cette réflexion longue et tortueuse ne mena à rien, ou du moins seulement à un épuisement néfaste : cette fatigue pourrait la mettre dans l’incapacité à gérer la situation à laquelle elle allait bientôt faire face. Bientôt elle eut raison d’elle et l’apporta aux bras de Morphée. Ce répit fut interrompu par la sonnerie de son téléphone qui annonçait le chargement complet de sa batterie. Emily, encore assommée par la nuit mouvementée qui avait précédé son sommeil, eut quelques difficultés à s’extirper du lit, unique témoin de la scène de la veille. Après multiples essais, elle parvint à se lever laissant les rayons du soleil se déposer sur son pâle visage. Un passage à la salle de bain fut nécessaire, persuadée qu’une séance rapide de coiffage et de maquillage arriveront à mettre fin à son envie irrépressible de retourner au creux de ce confortable matelas. Elle se dépêcha par la suite de déloger : elle plia bagage et régla la note en moins de temps qu’il ne faut.

Et après ce trajet en taxi qui lui valut 20$, là voilà, comme fixée sur ce trottoir qu’elle avait tant côtoyé auparavant. Elle resta longtemps à fixer l’immeuble qui se dressait devant elle. Y était-il ? Peut-être la regardait-il par la fenêtre à ce moment-même… Elle sortit son téléphone qu’elle avait pris soin de glisser dans sa poche avant de quitter le motel : il affichait 10h23. A cette heure-ci, Nolan est normalement éveillé, du moins, c’était souvent le cas, avant. Elle prit une longue inspiration avant d’ouvrir la porte, qui avait sûrement été laissée entrouverte par un habitant qui n’avait pas pris attention à ce détail. Heureux hasard pour la brunette qui appréhendait cette étape depuis quelques jours, et ne pensait pas franchir cette étape avec autant de facilités. Elle progressa lentement dans les escaliers, redoutant la vue d’un visage inconnu. Evidemment, on ne peut pas être heureux à tous les jeux, cette dernière croisa une voisine de pallier de son frère, cette dernière ne sachant pas le voyage fait par cette dernière se contenta de lâcher un « ça fait longtemps que l’on ne vous a pas vue par ici ! » doublé d’un chaleureux sourire. Lorsque la rencontre prit fin, elle continua à avancer continuant d’espérer que cet épisode ne se répétera pas et ce fut le cas.

Elle arriva par la suite devant une porte en bois intact, comme insensible au temps. Une sonnette était à la gauche de cette dernière et affichait le nom de l’habitant : « Nolan Hillington ». Elle respira un grand coup, mais fut surpassée par ses émotions, incapable de savoir comment agir elle s’apprêta à laisser un message à ce dernier, mais incapable de trouver la formulation la plus juste. Elle se contenta de l’appeler. Aucune réponse. Elle le fit une deuxième fois. Toujours aucune réponse. Peut-être n’était-il pas chez lui ? Elle resta longtemps, du moins, c’est ce qu’il lui semblait, au seuil de sa porte à se rassurer. Une fois emplie d’ondes bien plus positives, elle ouvrit la porte avec le double qui traînait au fond de son sac. Elle se saisit de la poignée, et lentement, tel un voleur, elle entrouvrît la porte. Elle se voyait entrer comme un bandit dans et appartement dans lequel elle avait logé bon nombre de fois, c’est étrange de voir à quelle allure tout change, de voir à quoi la tournure des événements vous mène. Elle pénétra dans cette salle qui lui était si familière, en traînant sa valise : rien n’avait changé, l’odeur, le placement des meubles, tout était comme dans ses souvenirs.

Mais son élan de nostalgie fut rapidement écourté par un bruit qui lui semblait être un ronflement. Elle se tourna vers la provenance de ce dernier : elle n’avait pas remarqué la présence d’un individu non-identifié sur le canapé de son frère, la silhouette étant dos à elle. C’est lorsque le personnage se retourna pour dévoiler son visage qu’Emily reconnut son frère. Elle fut prise de panique inévitablement, mais rapidement elle retrouva la même aptitude à la réflexion dont elle avait usée dernièrement. Son frère dormant sur le canapé, à une telle heure… ça ne lui ressemblait pas. Et là, un flot de regrets la submergea, comme tombé du ciel et s’abattant sur sa personne. Il est vrai que dit comme ceci, un côté théâtral et démesuré pourrait être noté, mais fatiguée, la jeune femme avait beaucoup de difficultés à gérer les émotions qui imprégnaient son être. Elle avait été absente trois ans, elle avait du louper un tas événements marquants, auxquels elle aurait du assister, et durant lesquels elle aurait agi comme une sœur, comme une vraie sœur.

Pendant toutes ces lugubres pensées, elle scruta les moindres détails comme épris d’un élan de nostalgie. Elle se remémora les disputes continuelles avec son père, les moments intimes qu’elle partageait avec sa mère et les fous rires qui agrémentaient les discussions qu’elle entretenait avec son frère. Il est vrai que même les plus sombres habitudes, celles qui l’ont amenée à quitter ce pays, lui manquaient. Elle pénétra par la suite dans la cuisine, et se prépara un café, elle s’installa à la table, silencieusement, songeant à l’échange qui n’allait pas tarder à se produire. Ses préoccupations ne tardèrent pas à s’amplifier lorsqu’un bruit se fit entendre dans le salon. Son cœur battait rapidement. Devait-elle venir à la rencontre de son frère ? Après mûre réflexion, il valait mieux qu’elle se montre à lui. Mais paralysée par l’anxiété, elle resta, là sur la chaise, auditrice des mouvements de Nolan. Elle parvint tout de même à quitter le siège et boule au ventre, avança vers le canapé. Il s’arrêta sur la valise juste avant de la découvrir qui se préparait à révéler sa présence.

« Qu’est-ce que tu fais ici ?! »

Ce ton froid et sec, jamais il ne l’avait employé avec sa sœur. Ne sachant pas vraiment quoi répondre, et ne voulant pas montrer la crainte qui était accrochée à son estomac, Emily tenta  d’user d’un peu de sarcasme. Certes, ce n’était pas une situation qui s’y apprêtait, mais lui dire la vérité, là, maintenant, tout de suite, comme ça, boum, en deux-trois phrases n’était pas vraiment la réponse la plus convenable.

« C’est comme ça que l’on accueille sa sœur maintenant ! dit elle en l’accompagnant d’un sourire dont elle tentait de cacher la fausseté. »

Elle analysa davantage l’individu qui se dressait devant elle. Les cheveux ébouriffés, les vêtements de la veille qui présentaient une chemise déboutonnée dans une anarchie complète, un visage comme révélant les occupations de la veille. Son frère montrait tous les symptômes d’un lendemain difficile. La personne qui était dressée devant elle était si loin de l’image que son frère lui avait laissée. Elle ne voulut pas partager son opinion de suite, de plus, au fond d’elle, elle s’en sentait en partie responsable. Elle se contenta de continuer dans le sarcasme dont elle venait de faire preuve, persuadée que peut-être la tension qui régnait actuellement dans cette salle ne deviendrait qu’un lointain souvenir.

« Tu aurais pu te coiffer et t’habiller plus convenablement pour ce grand événement que sont nos retrouvailles ! déclara-t-elle en lâchant un rire nerveux. »

Trois ans qu’elle était partie, et elle arrivait à être convaincue qu’elle se débrouillerait avec quelques phrases comiques habilement placées. Il faut croire que la jeune fille, en ces temps, bouillonne d’illusions.

codage par langweilen sur apple-spring

Spoiler:

Il se doute que jamais Emily n’avait pu savoir, ou même imaginer, à quel point elle était importante pour lui. La neuvième merveille du monde –la huitième étant déjà prise-, celle sur qui il voulait prendre exemple. Celle à qui il voulait tellement ressembler. Comme chaque cadet pour son aîné(e), d’une certaine manière. Et puis, les évènements se sont tous enchaînés avec une telle rapidité. Mort, colère, disputes, départs. Il n’avait jamais pardonné à son père, et à sœur, leurs stupides querelles suite au décès de leur mère, le laissant lui seul spectateur face à une famille qui se déchire sous yeux. Parce qu’aujourd’hui on ne peut plus parler de famille, une mère décédée, un père naviguant toujours autant dans les eaux troubles du deuil en se plongeant corps et âme dans son travail pour oublier et une sœur absente. Une notion complètement tordue de la vie familiale. Il comprenait le besoin de s’évader d’Emily -surtout à vingt-quatre ans- mais, sa compréhension avait tout de même des limites. Pour lui, elle avait décidé de fuir au plus mauvais moment et un tel acte laisse des traces, surtout dans sa vie. Les choses auraient pu s’arranger, il aurait pu comprendre mais, il lui semblait qu’elle avait tout fait de travers. Avait-elle oubliée sa famille, l’avait-elle reniait pour ne donner aucune nouvelle ? Aujourd’hui même le simple fait de croiser à nouveau son regard, lui rappel cette sensation d’abandon qu’il avait ressenti en apprenant son départ. Il s’était retrouvé seul dans une ville qui lui rappelait constamment ce qu’il avait perdu. L’envie de partir à son tour lui avait effleuré l’esprit mais, quelques fois, il parvenait à se souvenir que pendant les vingt premières années de sa vie il avait grandi ici et que toutes ces années, les Hillington formés une famille unie. Et voilà, que sainte et prude Emily fait son retour comme si jamais rien de s’était passé, comme si ces trois dernières années n’avaient jamais existé. Pas de bonjour, ni de comment tu vas, et encore moins de content de te revoir de la part du cadet. Pourtant Nolan, malgré sa colère apparente, ne savait plus quoi faire. Lui sauter dans les bras –parce que malgré tout, il arrivait à être heureux de la revoir- ou lui claquer la porte au nez ? Il s’en voulait déjà pour l’unique phrase qu’il avait réussie à prononcer à sa sœur, et essayer vainement de se convaincre que sa soirée passée avait laissé quelques traces et qu’il parlait sur le coup de l’alcool non évacué. Mais, à qui pouvait-il faire croire une telle chose si lui-même n’y croyait pas ? « C’est comme ça que l’on accueille sa sœur maintenant ! » Fronçant les sourcils, Nolan d’un geste des mains se massa les tempes dans un dernier espoir. L’espoir de voir son mal de tête disparaître le temps de cette discussion qui s’annonçait, dès lors, mouvementée. Ressaisissant le peu d’attention qui sommeillait en lui, il jeta un regard dans la direction de sa sœur. Sa sœur. Il pouvait toujours se réconforter en pensant qu’elle ne l’avait pas totalement oublié durant ces années d’absence. « Les gens changent, Emily. Et j’ai changé, tout simplement. Tu l’aurais certainement su si tu avais cherché à nous contacter, papa et moi. » Beaucoup plus calme qu’il y a quelques minutes, il regardait intrigué sa sœur. Il la connaissant, il connaissait sa gestuelle si particulière quand elle essayait de se cacher sous une apparence factice et, c’est celle-ci qu’elle abordait en lui parlant. Ébouriffant sa chevelure, il douta : tant de choses avaient changés depuis cette époque qui lui semblait tellement lointaine. Il avait changé, oui. Bien qu’au fond le départ précipité d’Emily eu grandement fait pencher la balance, elle n’était pas la seule ‘fautive’ dans le changement de comportement du jeune homme. Mort, départs, amour, trahison et à nouveau départ. Voilà comment on pouvait aisément qualifier les trois années passées de Nolan Hillington. Ironiquement, tous ces événements ont un point commun, les femmes. Une mère, une sœur et une amante (est-ce réellement le terme approprié ?). « Tu aurais pu te coiffer et t’habiller plus convenablement pour ce grand événement que sont nos retrouvailles ! » Arquant un sourcil, Nolan se retourna vers la première glace et regarda dépité son reflet. Nous étions bien loin de ce qu’il était habituellement, chemise débraillée et coupe de cheveux qui ne ressemblait même plus à une coupe. Une sacrée soirée qui avait laissé des traces, pour sûr ! Reposant son regard sur Emily, il se contenta d’un haussement d’épaules, persuadé que si la Emily qu’il avait connu était toujours là, elle aurait détesté le voir dans cette accoutrement. Perceptive qui le fit doucement sourire. « Je ne me doutais pas que tu allais débarquer à l’improviste chez moi. Tu sais généralement les gens appellent avant de faire une telle chose ! » Quelle absurdité lorsque l’on sait que son téléphone avait sonné à de multiples reprises et qu’il n’avait pas daigné répondre à ces appels. Il faudrait d’ailleurs qu’il songe à regarder s’il avait des appels en absences de sa sœur, qui sait elle avait réellement appelée ! « Tu sais, ça ne marchera pas aujourd'hui. Je veux dire, tes répliques pour essayer de détendre l'atmosphère...  » Était-il étrange qu'il veuille avoir des réponses à toutes ces questions qu'il avait laissés en suspens ? Il espérait pouvoir avoir une relation normale avec sa sœur mais, il devait le faire et pas que pour lui. Il voulait savoir pourquoi elle n’avait pas donné signe de vie, le laissant –avec son père- submergé par l’inquiétude de perdre à nouveau une personne chère. C’est étrange, le cadet qui s’inquiète pour son aînée et qui veut la protéger, non ? « J’ose espérer que ces trois ans étaient riches en rebondissement pour que tu ne donnes plus de nouvelles…   »