Parfois, je rêve que t'es encore parmi nous, Romy. Que t'as ce sourire qui illumine la pièce, qui illumine mon cœur, et qui soulage toutes mes douleurs, tous mes problèmes et toutes mes peurs. T'es à nouveau présente dans nos vies, t'as crée ce couple parfait avec Grayson, et t'es une mère formidable, pour Mickey. Que tu n'aurais probablement pas appelé comme ça, mais qui se nomme malgré tout ainsi, dans mon songes. Et puis ce moment de bonheur indescriptible connaît toujours ce moment brutal de retour à la réalité, qui arrache ton sourire, qui ramène ma douleur et qui provoque une chute incontestable. Je me réveille, pendant quelques secondes je crois que le rêve était réalité et que ta mort était qu'un cauchemar, mais je suis rapidement rappelée à l'ordre, parce que mon cœur, mon corps tout entier, il sait que ma moitié n'est plus dans ce monde, il le sait bien face à ce vide évident. Alors j'essaie de vivre même si ça s'approche d'avantage à la survie, j'essaie de sourire parce que je peux pas me permettre d'être un cadavre face à mon neveu.

Alors je deviens cet automate. Qui va en cours, qui prend des notes, qui retourne chez elle, qui prépare des biberons, qui chante des comptines, qui regarde la télé accompagné de cette cigarette. Qui rentre dans cette routine détestable, que je vomissais, que je haïssais, mais il y a plus qu'elle qui, paradoxalement, me retient de pas m'écrouler. Chaque chose de prévu à chaque heure, chaque minute pour ne pas se permettre un instant, de pleurer Romy. Alors comme tous les samedis matins maintenant, je me rends au supermarché pour remplir ce caddie de choses qui me faisaient rire avant, les trucs soit disant bon pour la santé, les trucs d'adulte que j'évitais comme la peste. Je suis un automate, Romy, est-ce que tu le vois de là-haut ? Mon cœur est présent, mais mon esprit tout entier est à tes côtés, tellement en fait, que je mets du temps à réaliser que Lyssa est dans le même rayon que moi. La Lyssa, notre Lyssa. J'ai ce mélange de rancœur et de douleur qui s'invitent dans mon cœur, l'un me dit de foncer sur elle tout de suite et de la frapper pour ce qu'elle a fait, l'autre me dit de l'éviter immédiatement, histoire de ne pas souffrir d'avantage. Et parce que c'est toujours la colère qui fonctionne chez moi, je choisis la première option et me dirige vers elle, les poings serrés. « Lyssa Carstairs est toujours parmi nous, finalement. » Ma voix se veut sèche, froide, brutale, parce que j'ai jamais su prendre de pincettes, de toute façon, et puis jouons à cartes sur table à présent, non ? Plus aucune amitié entre nous, même pas un semblant de respect. « Non parce que quand j'ai compris que tu n'allais pas être présente à l'enterrement de Romy, je me suis dit au début que c'était parce qu'il t'était arrivé quelque chose de vraiment grave. Puis il m'a fallu quelques minutes seulement pour me rappeler quelle petite conne égoïste tu étais devenue, et que si t'étais pas là, c'était tout simplement parce que tu en avais absolument rien à foutre. »