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Encore une journée ordinaire au travail, accompagnée de la pitié de certains clients qui pensaient réellement que j’étais amnésique. Faut dire que, sans vouloir me vanter, je jouais plutôt bien le jeu même si parfois tout ça était dur. Parfois, je m’en voulais d’avoir créer ce mensonge de toute pièce, pour échapper à l’homme que j’avais épousé par intérêt. C’était puéril oui, je le savais mais c’était ainsi. Je pouvais tout de même compter sur Amy, cette petite serveuse que j’adorais tyranniser mais qui en soit, n’avait rien de méchant. Elle me rappelait mon enfance, lorsque je galérais à trouver un petit boulot. Je lui en faisais baver la pauvre, mais elle avait trop besoin de ce travail pour me lâcher. Pourquoi donc me priver dans ce cas ? J’avais trop besoin de passer mes nerfs sur quelqu’un quand je le voulais, et elle était la cible parfaite. Postée derrière le bar du café, j’observais les clients qui discutaient paisiblement, perdue dans mes pensées lorsque j’entendis la sonnette montrant que quelqu’un venait d’entrer. Et je reconnu rapidement cette petite tête blonde souriante, qui était venue me rendre visite. Elisa… Une fille géniale qui allait me sortir de l’ennui. « Amy, occupe toi du bar je prends une pause ! » Lançais-je à ma serveuse de mon air pas franchement aimable, tandis que mon regard se posa sur Elisa. « Comment ça va ? » Demandais-je simplement, curieuse de savoir la raison de sa visite. Car oui, la jeune femme ne venait jamais sans raison. « Je te sers quelque chose ? » Demandais-je gentiment, prête à lui offrir l’un de mes merveilleux cafés.

Elisa respirait la joie de vivre et surtout, elle avait toujours ce petit côté malicieux que je lui enviais tant. Cette jeune femme aurait pu être le genre de personne que j’aurai aimé détester tant elle était parfaite mais il s’avère que nous étions devenues amies, à mon plus grand étonnement. Et le fait est que nous nous ressemblions beaucoup, ce qui était peut être un facteur de notre bonne entente. Elle allait donc bien, comme d’habitude. Je ne pu m’empêcher de sourire, bien qu’en voyant son air un peu triste je me doutais que cette réponse était un mensonge. Un bien vilain mensonge que j’allais découvrir très rapidement. « Je suis juste un peu fatiguée en ce moment, mais tout va bien. » Répondis-je alors, par politesse. Au fond, on se fichait pas mal de notre état de santé n’est-ce pas. Mais tenir un café n’était pas de tout repos, surtout quand celui-ci marche plutôt bien et que l’on manque cruellement de personnel. Enfin ça, c’était une autre histoire. Elisa passa commande, un café vanille comme à son habitude, et je me dis alors que j’aurai presque pu le deviner. « Je te connais assez pour savoir que tu prends ce genre de boisson quand quelque chose ne va pas. » Lançais-je alors, un grand sourire aux lèvres. En effet, mon amie avait tendance à rajouter une pointe de douceur dans sa boisson quand ça n’allait pas fort dans sa vie, et elle venait donc de me tendre la perche que je su saisir avec brio. « Allez ma belle, dis-moi tout ! » Demandais-je, avant de me tourner afin de lui préparer sa boisson. J’aurai pu demander à ma serveuse de le faire, mais qu’importe cela me faisait plaisir. J’en profitais pour me servir un café allongé, et rajoutais une pointe de chantilly sur la boisson de mon amie. « Et voilà, Madame est servie. » M’exclamais-je, toujours en souriant. Maintenant, c’était à son tour de cracher le morceau et elle me connaissait bien pour savoir que je ne lâcherais pas l’affaire de si tôt.

Je voyais bien que mon amie n’était pas dans son assiette, et ce grâce à une de ces petites rides d’expression qui était sortie. C’est débile je sais, mais je la connaissais par cœur. Tellement, au point de connaitre les traits de son visage sur le bout des doigts. Et là, elle avait quelque chose qui la tracassait c’était flagrant. Elisa commença à se confier, me parlant alors d’un garçon. Le seul pour qui elle avait éprouvé des sentiments. Je ne pu m’empêcher de lever les yeux au ciel en l’entendant. « Les hommes nous déçoivent toujours tu sais. » Répondis-je alors, en lui coupant presque la parole. Elle avait l’habitude, et mon franc parlé était un peu ma marque de fabrique. Si elle voulait qu’on lui donne des conseils hypocrites, elle n’avait pas frappé à la bonne porte. Moi j’étais décidée à lui remonter le moral, quitte à ce que mes paroles la blessent. Je la laissais continuer, savourant délicatement mon café en le portant à mes lèvres, sentant encore la fumée se plaquer contre mon visage. Elle continuait son récit, me disant que contre toutes attentes elle avait pris la peine de discuter avec le fameux garçon, qui se prénommait Toby. Je levais un sourcil, d’un air intrigué. « Quel horrible prénom ! » Commentais-je alors, d’un air à la fois amusé et agacé et d'une voix plutôt basse pour que seule moi l'entende. En effet, j’avais connu Elisa beaucoup plus forte que ça et là, elle était tout simplement en train de me dire qu’elle retombait dans ses bras comme une adolescente sans défenses. Et ça, c’était une très mauvaise chose. D’ailleurs, elle le constata par elle-même lorsqu’elle m’annonça organiser un événement en sa compagnie. Je suppose que c’était désormais à mon tour de lui donner mon avis, et la jeune femme n’allait pas être déçue. « Tu es en train de retomber dans ses bras et c’est probablement la seule chose qu’il attend pour se moquer de toi à nouveau. Sérieusement Elisa, je te pensais plus forte que ça. » Commençais-je par dire, d’un air étrangement calme. Je souriais même, afin de mieux faire passer mes mots peut être un peu trop lourds. Mais en venant ici, elle savait à quoi s’attendre. « Tu ne crois pas que justement, il t’a séduite dans le but que tu sois son parfait petit toutou, organisant avec plaisir son événement. D’ailleurs, c’est quoi cet évènement ? » Demandais-je alors, bien curieuse de savoir ce qu’ils comptaient faire tous les deux. Je ne voulais pas qu’elle souffre, voilà tout et c’était la raison pour laquelle je me montrais aussi directe et franche. Les hommes ne sont pas des personnes de cœur, il fallait qu’elle se le mette dans la tête.

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