❝ La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. ❞

« Aiguille. » Oui, normalement si on est poli on dit s’il-vous-plaît. N’allez pas croire que la mère d’Anthony a mal fait son travail, seulement pour gagner du temps au bloc, les politesses ne sont jamais utilisées. Posant la dernière suture, il se dit qu’il aurait dû laisser l’interne le faire, seulement cette opération était son bébé, il avait passé plusieurs semaines à tout prévoir, à faire en sorte que tout soit parfait, alors il s’était laissé emporté & avait tout fait de A à Z. Heureux de n’avoir eu aucune complication, il remercia l’ensemble de l’équipe qui se trouvait dans la pièce, comme à son habitude, alors que son patient était ramené en salle de réveil. Le chirurgien venait de passer sept heures en salle d’opération. Il aurait dû se sentir crever, pourtant l’adrénaline continuait à circuler dans son corps et il avait l’impression qu’il pouvait maintenant faire un marathon. En tant que médecin, il connaissait parfaitement le fonctionnement de cette hormone, l’idée d’aller faire un marathon retourna dans un placard & il alla informer les parents avant d’aller manger une pomme qui traînait dans son casier et se vider la vessie. L’adrénaline retombant rapidement, il passa d’un état d’excitation important à une envie soudaine d’aller faire une petite sieste, or il n’avait pas terminé son service, et puis il avait pris l’habitude de ce genre de situation. Cela faisait parti du métier. En tout cas il était heureux, cela faisait bien longtemps qu’il ne l’avait pas été autant, son opération c’était magnifiquement bien déroulé ; Olivia & lui allaient mieux … C’était encore loin d’être parfait mais, il y avait du progrès & c’est tout ce qu’il voulait. Relativement satisfait de sa journée, il ne lui restait plus qu’à faire le tour du service avec les internes avant de pouvoir rentrer chez lui. A moins qu’une urgence ne se présente. Espérant fortement que cela n’arriverait pas, il avait devant lui un peu de temps libre, jusqu’à ce que son bipeur ne se remette à sonner. Se délectant de cette opportunité, le chirurgien se dépêcha de sortir de l’enceinte de l’hôpital & se dirigea vers le petit chariot servant du café & des pâtisseries se trouvant sur le trottoir d’en face. Il n’y avait qu’une personne devant lui & il lui fallu quelques secondes pour reconnaître Brinley, une psychiatre de l’hôpital et qui était amie avec Ollie. De bonne humeur, il ajouta un café noir à la commande de celle-ci ainsi qu’un bretzel et paya pour le tout. Son gobelet à la bouche, le bretzel dans une main, il tendit la boisson que la jeune femme avait commandée à cette dernière & prit son gobelet de sa main libre. « Tu en veux un peu ? » Dit-il en lui montrant son goûter. Il n’avait jamais été doué pour les salutations, préférant entamer directement la conversation que de perdre du temps dans des futilités. De toute façon, quand on pose la question : « ca va ? » la personne en face dira toujours « oui » même si elle est misérable. Il s’agit simplement d’une formule de politesse. Et Anthony estimait que ses amis savaient parfaitement que s’ils voulaient parler avec lui, ils le pouvaient, ils n’avaient pas besoin d’attendre que lui demande s’ils allaient bien.

❝ La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. ❞

Brinley resta assise à son bureau quelques instants. Elle avait deux-trois minutes de battement avant son prochain patient. Son regard était posé sur les photos présentes sur son bureau. La première en partant de la gauche était une photographie de Nathan et elle à la faculté de médecine lorsqu’ils avaient obtenu leur diplôme respectif. La seconde était de son époux Aaron Hadfield qui la tenait dans ses bras. Cette photo lui semblait dater d’un millénaire. La dernière photographie était ces deux mamans. La jeune femme s’empara de cette dernière, caressant la vitre du bout des doigts. La demoiselle alluma son ordinateur et se décida à leur envoyer un email pour prendre de leur nouvelle et leur donner des nouvelles aussi par la même occasion. Bien que sa vie sur la route fût terminée, celle de ses parents était loin de l’être. Les deux quadragénaires trimbalaient toujours leur caravane autour des États-Unis. Elles lui manquaient d’ailleurs terriblement. Mais ainsi allait la vie. Brinley trouvait la leur des plus passionnantes. La psychiatre continuait de taper alors que les mots défilaient. La jolie brune se décida à délivrer toute la vérité, cela lui faisait du bien de l’avouer à quelqu’un sans avoir à ressentir son regard ou son jugement de vive voix ou à discerner dans son langage corporel ce qu’elle n’osait pas dire. C’était le problème lorsque vous deveniez des maîtres de l’observation vous pouviez rapidement découvrir des choses que vous ne souhaitiez pas forcément découvrir ou que les individus qui vous entouraient ne souhaitaient pas que vous découvriez. Il était très difficile pour la jeune femme de ne pas exercer « son pouvoir magique » continuellement et encore plus sur ses proches. Le pire c’était bien dans les lieux publics lorsque le moindre tic, le moindre mouvement la conduisait à des déductions puis des diagnostics. Jetant un regard sur l’horloge, la jeune femme sortit pour faire entrer son client. Quelques minutes plus tard, la demoiselle griffonnait des notes sur son carnet avant d’attraper son sac à main. Une petite pause lui ferait du bien. La brunette glissa son bipper dans sa blouse blanche. Brinley détacha ses cheveux une fois hors de l’hôpital. Ça lui faisait du bien, comme si cela détachait un peu de pression. Encore, elle ne subissait pas vraiment de pression. Ce n’était pas comme les chirurgiens ou les médecins qui risquaient la vie de patients tous les jours. Sa profession était plus délicate et était placée dans un tout autre niveau. Jean-Madlyn Hadfield d’après le registre d’état civil, se décida à rejoindre le petit chariot servant du café & des pâtisseries se trouvant sur le trottoir d’en face. Il était pour l’instant plutôt vide. C’était son heure de chance. La jeune femme commanda la même chose que d’habitude n’étant pas un fan du café, la demoiselle commanda un thé noir puis un cookie qu’elle attrapait alors qu’une autre personne se joignait à la file. Anthony se joignit à elle, il ajouta un bretzel et un café noir à sa commande. Il paya pour le tout. La brune le remerciait avant de prendre la boisson qu’il lui tendait. « Tu en veux un peu ? », lui demanda le jeune homme. Il était chirurgien à l’hôpital mais c’était aussi le petit-ami de Olivia. Les deux jeunes femmes se connaissaient depuis un petit moment maintenant. Brinley lui adressa un sourire déposant son cookie dans la poche de sa veste, le gardant pour plus tard. « Merci, ça ira. J’ai un petit cookie à la nougatine et aux pépites de chocolat d’ailleurs si tu en veux ? » , lui répondit la brunette. Ses deux mains se déposèrent sur son gobelet. La chaleur lui faisait du bien. Ses yeux noisettes se déposèrent sur son ami. « Alors pas trop difficile ta journée pour l’instant ? », lui demanda la canadienne.

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Si Anthony avait prit le temps d’apprendre à connaître Brinley, c’était uniquement parce que cette dernière était amie avec Olivia. Non pas qu’il n’aurait pas prit le temps de faire la conversation avec elle si jamais ils se trouvaient dans un ascenseur, ou autre. Mais, il était parfaitement impossible de connaître toutes les personnes de l’hôpital. Et ils évoluaient dans des milieux totalement différents, elle était psychiatre & lui chirurgien, ils ne leurs arrivaient que très rarement de travailler ensemble, généralement quand son travail à lui était terminé, c’était à elle de faire le sien. Jamais en même temps. Cependant il appréciait grandement ce bout de femme, elle lui rappelait Olivia, c’était probablement pour ça qu’il l’aimait bien. Anthony avait été particulièrement attristé quand il avait appris que la jeune femme avait fait une fausse couche. C’était d’ailleurs à cause de cette épreuve que les deux épouses avaient appris à se connaître, et par conséquent qu’Anthony avait commencé à voir la psychiatre. Lui avait perdu son fils trois mois plus tard. Ils connaissaient tous les deux ce sentiment horrible lorsqu’on passe du bonheur d’une grossesse à la tragédie de la perte de ce dernier. Ils l’avaient tous les deux vécus mais, si Brinley & Ollie n’évoquaient pas ce sujet, Anthony ne le ferait pas également. Ils avait d’ailleurs horreur qu’on lui parle de Lucas si lui n’avait pas débuté la conversation sur son fils. Et puis, il savait parfaitement que s’il pouvait affirmer sans problème qu’il appréciait Brinley, ils n’étaient pas encore au point de pouvoir se qualifier de meilleurs amis mais, amis oui. « Merci, ça ira. J’ai un petit cookie à la nougatine et aux pépites de chocolat d’ailleurs si tu en veux ? » En temps normal, il était incapable de refuser de la nourriture, mais là il avait surtout hâte de finir son service & de rentrer chez lui pour manger un bon plat chaud. Il n’avait avalé qu’un café, trois pancakes & un mini-sandwich depuis ce matin, et l’opération l’avait un peu vidé. « C’est gentil, je vais déjà manger mon bretzel avant d'essayer de te piquer ton cookies. » Dit-il en souriant. C’était une belle journée selon lui, il n’en avait pas vécu des comme ça depuis plusieurs mois, alors oui il avait un sourire sur son visage, avait probablement l’air stupide mais, de toute manière il avait toujours été un jeune homme très souriant. Il devait l’être, ce n’était en ayant une tête de zombie sortant de terre qu’il allait réconforter les enfants apeurés par l’idée d’une opération. « Alors pas trop difficile ta journée pour l’instant ? » « Ca va, je sors du bloc, j’y étais depuis 10h ce matin, donc je pense que d’ici le temps de rentrer, je serais juste capable de ramper jusqu’à chez moi. » Lâchant, un petit rire, il bu une gorgée de son café dans l’espoir que la caféine l’aiderait à tenir. Oui, il serait probablement totalement épuisé, cependant il avait l’habitude des journées de dix heures, si au début il avait passé ses journées de repos (durant ses études) à dormir, travailler & profiter un peu d’Olivia, aujourd’hui il était capable de tenir une journée comme celle-ci en ayant dormi que 5h. « Et toi alors ? Comment vont les fous ? »

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Brinley n’était pas vraiment heureuse dernièrement. Elle n’était mal heureuse non plus. Elle avait un toit, une situation financière stable, un travail, même un époux. La brune n’était pas vraiment de quoi se plaindre. Certaines personnes vivaient bien pires. La vie pouvait être cruel c’était certain. Quelque part, la canadienne s’en voulait de ne pas être heureuse. Elle avait tout pour l’être alors pourquoi ? La demoiselle s’était voilée la face depuis quelque temps, s’imaginant que cela disparaîtrait. Mais cela ne disparaissait jamais vraiment bien loin. Non, cela finissait toujours par lui revenir en pleine face. La vérité faisait mal. La vérité aidait à avancer. La vérité chamboulait nos vies. C’était surtout nécessaire. C’était donc dans cette optique que la brunette avait confronté son époux puis s’était confié à ses parents par email. Ce n’était pas simple. Rien ne l’était finalement. La vie était plutôt simple mais compliqué. Un sacré complexe explosif. La jeune femme se décidait finalement à aller prendre quelque chose. C’était le truc, la nourriture était assez réconfortant parfois. Elle ne vous trahissait pas, n’allait pas voir ailleurs. Elle n’était pas si complexe. Ce n’était que de la nourriture, un moyen de subsister. L’amour en revanche était fort insaisissable. Au stand, Brinley avait croisé un de ses collègues. Anthony Bishop. Ollie & elle s’étaient rapprochées par conséquent, il était possible de dire que les deux médecins se connaissaient quelque peu. « C’est gentil, je vais déjà manger mon bretzel avant d'essayer de te piquer ton cookies. », lui répondit le brun. Brinley lui sourit poliment alors que ses deux mains se réchauffaient au contact du gobelet en plastique. La psychiatre lui demanda comment se passait sa journée pour l’instant. C’était le genre de question qu’il fallait poser en un sens puisqu’ils étaient dans un hôpital et qui plus est dans un cadre professionnel. Il ne souhaitait peut-être pas étaler sa vie privée. Pourtant, la brunette avait bien envie de lui demander comment se portait Olivia. Peut-être plus tard, se dit-elle. « Ca va, je sors du bloc, j’y étais depuis 10h ce matin, donc je pense que d’ici le temps de rentrer, je serais juste capable de ramper jusqu’à chez moi. » , lâcha-t-il avec un léger rire. Il pris une gorgée de son café. La belle en fit de même. Son regard se déposa sur le jeune homme. Essayant fortement de ne pas s’arrêter sur chaque petit détail, Brinley détourna le regard. Son sens aigu de l’observation n’était jamais très bon. « J’imagine oui. Cela ne doit pas être facile tous les jours. Mais comment ferez ces enfants, sans le gentil docteur Bishop, huh ? », répondit la brune avec un autre sourire. Cela lui rappelait ses souvenirs de médecine. Alors qu’au début, elle n’était qu’un simple interne avant sa spécialisation, avant qu’elle ne décide de devenir un modeste psychiatre. Cela lui semblait si lointain. Il lui était impossible de revoir ces moments parfaitement. Des brides certainement, tout cela ressemblait à un mirage. « Et toi alors ? Comment vont les fous ? » , lui demanda Anthony. Un sourire amusé éclaira son visage. « Les fous », c’était bien une façon de les appeler. La Folie était un terme bien désuet lui semblait-il. C’était péjoratif, négatif tout du moins. Pourtant, ce n’était pas forcément une mauvaise chose. Ils étaient simplement différents des autres. Ils possédaient un comportement anormal. La plus part le subissait. Alors pourquoi leur ajouter autre chose, pourquoi leur donner une négativité supplémentaire ? « Il me semble qu’ils préfèrent le terme de troubles mentaux ou encore de malades psychotiques. Mais bon, cela ne change pas vraiment le fait qu’ils sont toujours aussi troublés. Du même point, qu’il y aura toujours des enfants malades, je crains. Ce monde est mal et nous en faisons notre fond de commerce. N’est-ce pas cela la véritable folie ? » , lâcha la psychiatre avant de prendre une autre gorgée de son café. La demoiselle réalisa soudain que ses paroles avaient été peut-être un peu trop directes. Elle laissait transparaître un certain malaise. « Mais à quelle heure tu finis ? Vous avez des plans ce soir, Ollie & toi ? », lui demanda Brinley.

❝ La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. ❞

« J’imagine oui. Cela ne doit pas être facile tous les jours. Mais comment ferez ces enfants, sans le gentil docteur Bishop, huh ? » C’était une bonne question. Non pas qu’il estimait que ses collègues étaient incompétents, bien au contraire. C’était plus qu’ils venaient d’une autre époque, et parfois ils laissaient Anthony perplexe, utilisant des techniques dépassées & ne faisant plus partie du protocole. Heureusement ce n’était pas le cas de tous, sinon il n’aurait jamais voulu quitter l’hôpital. « N’étant pas le seul chirurgien de l’hôpital & ayant encore certaines choses à apprendre … Je pense qu’ils se débrouilleraient relativement bien. » Dit-il en rigolant. Le problème de Tony c’était qu’il était honnête, oui l’honnêteté a du bon, sauf que lui disait tout ce qu’il pensait sans vraiment réfléchir si cela été approprié. Il lui arrivait souvent de mettre les pieds dans le plat. Le nombre de fois où il avait félicité une femme alors que non, elle n’était pas enceinte. Depuis il avait d’ailleurs arrêté de le dire, sauf si on le lui confirmait explicitement. Et il venait encore une fois de parler trop vite en désignant les patients  de Brinley comme étant des fous alors que lui-même aurait eu horreur que des gens puissent désigner les siens comme des nains infirmes. Seulement, voilà, s’il aurait pu faire parler un mur il avait souvent des gens pour lui donner un petit coup de coude dans les côtes pour lui faire comprendre qu’il avait merdé quelque part dans une conversation. « Il me semble qu’ils préfèrent le terme de troubles mentaux ou encore de malades psychotiques. Mais bon, cela ne change pas vraiment le fait qu’ils sont toujours aussi troublés. Du même point, qu’il y aura toujours des enfants malades, je crains. Ce monde est mal et nous en faisons notre fond de commerce. N’est-ce pas cela la véritable folie ? » Waouh, Tony ne s’était pas attendu à une telle réponse. Et il ne fallu pas plus de trois petites secondes pour que la jeune femme enchaîne sur un sujet totalement différent. « Mais à quelle heure tu finis ? Vous avez des plans ce soir, Ollie & toi ? » Ne sachant pas vraiment s’il devait répondre à sa première question. Finissant son shot d’expresso, il prit pour une fois le temps de réfléchir à toute vitesse à sa réponse. Toujours souriant, Tony avala un morceau de son bagel pour se donner le temps de trouver ce qu’il  pouvait répondre à sa première question, trouvant qu’elle avait marqué un point très intéressant. «  Normalement 19h30 mais, généralement c’est plus 20h & des poussières qu’autre chose. Je pense que je vais récupérer quelque chose à manger & on va trainer à la maison, tranquille. Tu veux te joindre à nous pour cette soirée parfaitement ordinaire ? » Cela ne changeait pas grand chose pour lui, il devrait juste prendre un peu plus de nourriture sur le retour. Et puis il savait qu’Olivia serait toujours contente de voir la psychiatre. « Tu penses vraiment que c’est de la folie ? » Le chirurgien était intéressé par la réponse qu’allait donner la jeune femme en face de lui, car il voyait les choses totalement différemment. Selon lui la médecine moderne était quelque chose d’absolument merveilleux & magique. Quelques siècles plus tôt des gens pouvaient mourir d’une simple coupure, il suffisait que cette dernière s’infecte pour engendrer une suite catastrophique d’évènements résultant à la mort de la personne soit à cause de l’infection elle-même ou à cause d’une amputation barbare laissant le malade se vider de son sang, sans pouvoir rien faire.

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Sa question rhétorique sembla heurter un mur puisque le brun lui répondit très sérieusement. Enfin pas vraiment, puisqu’il rigolait tout de même. Mais cela semblait tout de même assez sincère et sérieux comme réponse. Était-ce du sarcasme ? Peut-être, la canadienne n'avait jamais été bien familière avec ce principe. « N’étant pas le seul chirurgien de l’hôpital & ayant encore certaines choses à apprendre … Je pense qu’ils se débrouilleraient relativement bien. », lui dit Anthony. En effet, c’était certain. Ce n’était pas les médecins qui manquaient à Saint Joseph. L’équipe de l’hôpital était tout de même assez importante et variée. Elle en savait quelque chose ayant fait ses années de formation ici même avant de changer de service pour rejoindre l’aile psychiatrique. « Je me doute  » , répondit la brunette. Brinley glissa une de ses deux mains dans sa poche alors que l’autre tenait toujours son gobelet brulant. Finalement, la demoiselle se lançait dans une réponse des plus philosophiques si  l’on puisse dire. Il lui arrivait souvent de se laisser emporter par le fils de ses pensées. Dernièrement, elles n’étaient pas des plus joyeuses. Cependant par ses paroles animées, la jeune femme semblait l’avoir entrainée avec elle. C’est pourquoi, la brune se rabattait finalement sur une question un peu plus neutre. Sa vision de la vie ne devait pas vraiment intéresser le chirurgien. «  Normalement 19h30 mais, généralement c’est plus 20h & des poussières qu’autre chose. Je pense que je vais récupérer quelque chose à manger & on va trainer à la maison, tranquille. Tu veux te joindre à nous pour cette soirée parfaitement ordinaire ? » , lui proposa le brun. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Cette proposition la tentait bien. Cependant, cela la gênait de s’imposer ainsi. Surtout toute seule auprès d’un couple. L’idée de proposer à Aaron de se joindre à elle pour aller passer la soirée avec Olivia & Anthony lui traversa l’esprit. Mmmh. Il était fort possible que Aaron  lui réponde négativement. « Cela s’annonce une bonne soirée dans ce cas. C’est gentil, Anthony mais je ne vais pas m’imposer tout de même. Profitez bien de votre soirée cela dit. », répondit la brune avec un sourire. La jeune femme pris une autre gorgée de sa boisson. Finalement, le jeune homme sembla vouloir revenir sur ses précédentes paroles. La jeune femme pris une autre gorgée de sa boisson. « Tu penses vraiment que c’est de la folie ? », l’interrogea-t-il. Une grimace passa sur le visage de notre psychiatre. La folie se fondait dans la masse, la folie pouvait prendre plusieurs formes. C’était difficile à vraiment expliquer pour elle. « Je pense que  de nombreux médecins se prennent pour Dieu. Je pense que finalement, peut-être la médecine n’est-elle qu’une autre entreprise. Certes, une entreprise fascinante qui fait majoritairement le bien autour d’elle. Mais peut-être n’est-elle pas simplement une faiseuse de miracles, une invention révolutionnaire. Peut-être évolue-t-elle, prenant un chemin bien moins louable. Enfin, ce n’est que mon avis. »

❝ La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. ❞

Son gobelet désormais vide dans la main, Anthony l’écrasa avant de le jeter dans la poubelle se trouvant à quelques mètres de là, il fit une petite boule de la serviette qui accompagnait son bretzel & la jeta également alors qu’il engloutissait sa nourriture. S’il se lançait dans une conversation à caractère légèrement philosophique, il devait avoir le ventre plein. Histoire qu’il ai assez de glucide dans l’organisme afin que son cerveau puisse être pleinement fonctionnel. Car oui, même s’il était de manière général légèrement déconneur & capable de parler durant des heures de séries, films, livres ou encore de médecine, il appréciait toujours se lancer dans des conversations ayant pour topic quelque chose de nouveau (pour lui). Il apprécie également avoir raison mais, ça c’est autre chose & c’est particulièrement quand il se trouve avec Olivia, adorant essayer de lui prouver qu’elle avait tord, se situant à des années lumières de la vérité. La bouche pleine, il prit quelques secondes pour mâcher correctement son bretzel avant de l’avaler, après tout ce n’était pas comme s’il y avait un bâtiment littéralement rempli de médecin capable de pratiquer la manœuvre de Heimlich s’il s’étouffait. « Cela s’annonce une bonne soirée dans ce cas. C’est gentil, Anthony mais je ne vais pas m’imposer tout de même. Profitez bien de votre soirée cela dit. » Si Brinley avait dit qu’elle n’avait pas envie, ce qui est toujours compréhensible, ou qu’elle avait autre chose à faire, Tony aurait simplement sourit à la jeune femme avant de lui dire “pas de problème”. Seulement elle refusait pour une tout autre raison. « Si je te propose, c’est qu’il n’y a aucun problème. Tu ne t’imposerais pas du tout. Et puis je pense que ça ferait plaisir à Olivia de te voir. Après c’est comme tu veux mais, si tu refuses parce que tu as peur de t’imposer, je te rassure, ça sera loin d’être le cas. » Dit-il avec un grand sourire. Bon après il valait mieux envoyer un sms à lui ou Olivia pour savoir s’il y avait quelqu’un chez eux mais, ils accueillaient leurs amis avec plaisir, ces derniers pouvant faire comme chez eux. Enfin c’était tout du moins ce qu’Anthony continuait de leur répéter. « Je pense que  de nombreux médecins se prennent pour Dieu. Je pense que finalement, peut-être la médecine n’est-elle qu’une autre entreprise. Certes, une entreprise fascinante qui fait majoritairement le bien autour d’elle. Mais peut-être n’est-elle pas simplement une faiseuse de miracles, une invention révolutionnaire. Peut-être évolue-t-elle, prenant un chemin bien moins louable. Enfin, ce n’est que mon avis. » Prenant le temps de considérer tout ce que la jeune psychiatre venait de lui dire, il comprenait parfaitement la vision de Brinley. C’est vrai, les laboratoires pharmaceutiques se faisaient des millions sur le dos des malades & les hôpitaux pratiquaient des taux absolument dément & inabordable pour l’américain moyen. La médecine était une entreprise. « Non je suis d’accord avec ton idée. Seulement je dois être un peu naïf sur le bord. Je préfère me dire qu’on est là pour faire le bien, pour sauver des vies & restaurer l’autonomie des patients, précisa-t-il également en clin d’oeil à la profession de la brune, plutôt que pour faire de l’argent. » Oui le fait de gagner sa vie version richissime était un avantage, savoir qu’il ne serait plus dans le besoin était forcément rassurant mais, il n’avait jamais décidé de devenir médecin pour l’argent. « Ah & tu peux supprimer le "nombreux médecins", je ne connais pas un seul chirurgien qui ne soit pas atteint, plus ou moins certes, par le complexe de Dieu » Lui-même faisait partie de cette catégorie, dans les moins, mais il en faisait partie. C’était quelque chose qui se développait au fur & à mesure de la formation de chacun, à force de sauver des vies, d’avoir le pouvoir de prendre des décisions capitales & à cause de la compétition. Une seconde nature au bout de quelques années.

❝ La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre. ❞

Son gobelet à moitié plein dans sa main commençait à refroidir. Anthony jetait le sien dans la corbeille accompagné de sa serviette. Il engloutissait son bretzel ce qui fit sourire la jeune femme. L’appétit du brun faisait plaisir à voir. Son regard se détachait de lui pour observer la large battisse derrière eux qui semblait si calme, si ordonné alors qu’à l’intérieur c’était probablement encore la foire. Un code bleu, code rouge, code quatre, qui venait probablement de se déclencher. Pourtant, il semblait si paisible, ses lourds murs lui semblaient tout aussi rassurants. Si certaines personnes craignaient les hôpitaux ce n’était pas son cas du tout. Au contraire, en même temps, sachant qu’il lui fallait s’y rendre bien trop souvent, il valait mieux. Le jeune homme l’avait invité à passer la soirée en compagnie d’Olivia chez eux. Poliment, Brinley venait de refuser parce que cela la gênait. Enfin, la demoiselle se gênait bien trop facilement. Un rien la gênait. Peut-être parce qu’avoir des amis étaient plutôt récents pour elle. « Si je te propose, c’est qu’il n’y a aucun problème. Tu ne t’imposerais pas du tout. Et puis je pense que ça ferait plaisir à Olivia de te voir. Après c’est comme tu veux mais, si tu refuses parce que tu as peur de t’imposer, je te rassure, ça sera loin d’être le cas. » , dit-il avec un large sourire. Il tentait de la rassurer. Replaçant une mèche derrière ses cheveux, la jeune femme déposait son regard hésitant sur sa boisson. Elle pouvait toujours demander à Aaron. Qui sait peut-être l’étonnerait-il. « Merci pour l’invitation. Dans ce cas, j’en parlerais à mon époux. Si cela ne te pose pas de problème, puis je te reconfirmerais cela. Enfin, j’imagine que tu dois tout de même en parler avec Ollie avant, non ?  », répondit finalement la jeune femme avant de finir complétement sa boisson. Celle-ci rejoint la poubelle. Ses deux mains se glissèrent dans ses poches. Les voilà qui repartaient dans une toute autre discussion bien moins communes certainement. « Non je suis d’accord avec ton idée. Seulement je dois être un peu naïf sur le bord. Je préfère me dire qu’on est là pour faire le bien, pour sauver des vies & restaurer l’autonomie des patients, plutôt que pour faire de l’argent. Ah & tu peux supprimer le "nombreux médecins", je ne connais pas un seul chirurgien qui ne soit pas atteint, plus ou moins certes, par le complexe de Dieu » , lui répliqua le jeune chirurgien. Un sourire se dessina sur ses lèvres. C’était certain le complexe de Dieu était la principale qualité requise pour assumer une volonté à devenir chirurgien semblait-il. Il semblait plutôt partager son idée. Brinley hocha silencieusement la tête comme pour valider ses paroles. Elle pourrait parler psychiatrie pendant des heures et encore plus de la société qui allait à sa perte. Il fallait dire qu’elle n’était pas vraiment du genre optimiste même dans ses heures les plus glorieuses. Sauf peut-être pour la condition humaine. «  Enfin, il y a toujours espoir qu’un jour la situation se renverse. », concluait la demoiselle. Ses yeux se déposèrent sur sa montre. Ses yeux s’éclairèrent. Elle avait un rendez-vous dans quelques minutes, enfin, plutôt un suivi patient. « Je suis désolée, je vais devoir te quitter. J’ai un patient à aller voir. C’était sympa de parler avec toi…  Merci pour cette invitation à diner, je te tiens au courant. », déclara la jeune femme avec un petit sourire désolé.