GABRIEL & JADA
I never meant to give you mushrooms girl, I never meant to bring you to my world.

J’traîne pas dans ce coin d’habitude, mais j’avais plusieurs transactions à régler personnellement parce que la personne que j’ai envoyé pour moi a pas fait ce que je voulais. Merde, va falloir que j’apprenne à tout faire moi-même parce que clairement, les gens servent à rien, mais alors rien du tout. Ça me désespère presque de devoir prendre toutes ces responsabilités. Dans la vie de tous les jours, tout c’que j’ai à faire c’est orchestrer les quantités et les livraisons, pas à aller voir les clients moi-même et leur expliquer quoi que ce soit. Je trempe pas trop là-dedans, parce que ça m’évite d’éveiller les soupçons et surtout de me faire prendre la main dans le sac. J’vais devoir dire à Raphaël de foutre le connard qui a foiré sur la touche et de lui apprendre une bonne leçon au passage. En plus, de ce qu’on m’a dit, le mec qui occupe cette partie de la ville pour moi a déjà tenté de me voler des clients et de la tune par-dessus ça. Si y’a un truc que j’permette pas, c’est qu’on empiète sur mon territoire et qu’on tente de bouffer mes racines. J’ai commencé ce business avec l’intention d’être le meilleur, que tous les autres aient l’air de rien à côté de moi, c’est pas aujourd’hui que j’vais réduire ma clientèle et baisser le prix de mes produits ou même me réduire à demander à genoux à qui que ce soit de pas aller voir ailleurs. Les gens veulent se procurer de la dope bon marché et pas cher, c’est moi ou rien. Les dealers du coin qui chargent moins cher que moi vendent de la pure merde, je le sais, je l’ai testé. « Hey Gabe, j’pensais pas te voir ici mec… Comment ça se passe pour toi ? » Dom, un de mes travailleurs que j’ai rencontré dans un bar… C’est drôle, au début on s’aimait pas la gueule et on en est même arrivés à se battre pour des trucs salaces, mais finalement on s’en est remis et il a accepté de travailler pour moi parce que sa femme est tombée enceinte et qu’il avait pas de quoi payer leur loyer, alors de là à acheter des trucs pour son bébé. Je sais pas ce qui m’a poussé à être généreux avec lui, je suis jamais vraiment gentil avec qui que ce soit. Mais en fait c’était plutôt pour mon intérêt, parce qu’il est doué en communications et qu’il connaît un tas de gens ici qui ont besoin d’un fournisseur fiable… Du coup, ça m’a rapporté et ça lui a rapporté en même temps. Bref, je lui serre la main et envoie une tape « amicale » sur son dos. « Ça va… J’ai encore Julia, donc mes affaires roulent bien au bureau. De l’autre côté, Raphaël va manger ma merde parce que comme tu le sais, j’suis pas censé être là et j’avais autre chose à faire. » Comme aller rencontrer Sofia au restaurant où j’lui ai donné rendez-vous la semaine passée. Elle a été claire aussi en me disant qu’elle cherchait rien de sérieux, ce qui m’a plu parce qu’on est sur la même longueur d’ondes. « Ah j’vois… Donc les affaires vont bien… Diana va accoucher dans quelques semaines. J’ai une peur de chien, mais j’suis sûr que ça va passer bientôt. » J’me dis que j’suis la dernière personne à qui il doit parler de ça, vu c’que j’ai fait de mon enfant, j’vois mal le conseiller pour quoi que ce soit. J’y connais rien et ça m’intéresse pas. On reste là à discuter business pendant une bonne demi-heure avant que j’décide de me casser… Mais avant, j’vais m’arrêter quelque part pour une commission. Une fois rendu devant la porte, j’hésite à cogner, mais j’me dis que si je joue bien mes cartes, j’vais réussir à avoir ce que j’veux en sortant d’ici. Ayant fumé au moins trois joints durant la journée, je sais que mon système s’attend à plus, donc raison de plus pour insister… Je cogne, et quand j’me fais ouvrir, j’ai une bombe sur le point d’exploser se tenant devant moi. Hm, j’sens que la soirée risque d’être intéressante.