Une routine banale. Si banale pourtant qu'elle ne perd pas de son atmosphère oppressante au fil des années. Attendre, patiemment, un verdict qu'on souhaite plus que tout positif, mais qui ne s'avère pas être là pour répondre à nous chers souhaits d'enfants naïfs. Cependant, cela faisait quelques mois quand même que je la voyais franchir cette porte heureuse, souriante, sautillant partout, fière des résultats. Le genre de scène qui sans l'expliquer me remplissait de bonheur. Grandir aux côtés d'une personne comme elle s'est merveilleux, mais grandir aux côtés d'une personne qui n'aura jamais les mêmes chances dans la vie que vous, c'est malheureux. On ne peut pas s'empêcher de se sentir coupable. Et si j'avais été l'enfant né avec ce déficit, pourquoi elle et pas moi ? Bien sûr qu'est-ce que nous y pouvons, pas grand-chose. Beaucoup pensent peut-être que si je suis présent à ces côtés c'est justement parce que je me sens coupable, mais c'est faux, personne ne m'oblige jamais à faire quoique ce soit, malheureusement pour certains je ne suis que mes propres envies. Puis j'ai besoin d'elle, c'est donc avec le plus grand plaisir que je comble, surement beaucoup trop, des parties de sa vie. Encore une fois, personne ne pourrait réellement comprendre à moins d'être dans la même situation que la mienne. Vivre dans l'ombre d'un enfant malade ne m'a jamais dérangé, vous avez donc encore une fois, tord. Au contraire, mon âme de casse-cou n'a pu s'épanouir que grâce à cela. Je ne me plains pas, j'ai toujours pu faire ce que je voulais, mon unique libre arbitre. Je sais, regarde ou cela t'a mené. Mais peut importe. Ressasser le passé n'y changera rien, faites-vous en une raison, tous, which one of you. Après avoir fait un tour rapide des couloirs environnant et avoir salué quelques employés qui sont devenus désormais plus que de simples connaissances, je me suis replacé sur le banc où elle m'avait laissé, scrutant attentivement la porte. Quelques indices montraient des in-similitudes avec les anciens rendez-vous, celui-ci prenait plus de temps pour commencer, j'avais également aperçus un autre infirmière rentrée, ce qui n'était pas vraiment dans les habitudes du médecin de convier quelqu'un d'autre au rendez-vous médical de ma soeur. Malencontreusement, quand elle a enfin franchi la porte, toutes mes suspicions se sont vues confirmé. Quelque chose n'allait pas. Isobel essayait de faire face, vraiment, mais j'aurais pu sentir ces craintes à des kilomètres à la ronde. « Les résultats n'étaient pas bons ... » Bien sûr qu'ils ne l'étaient pas. « Je vais devoir revenir la semaine prochaine .... Histoire de faire d'autres examens. Il ne veut pas louper une quelconque chose. » La situation échappait au médecin, comme à tout le monde. Isobel devrait-elle vivre dans un scaphandrier pour que tout aille mieux ? Elle avait pris place à mes côtés. Mes mains plaquées sur le haut de mon visage descendirent jusqu'à mon menton. « Mais ça va aller, ce n'est pas très grave. Je vais bien et je vais continuer à bien aller. Pas besoin de s'affoler ... » S'affoler ? À quoi bon. Mais ce n'est tout de même pas une vie ! Une colère frisante bouillonnait à l'intérieur de moi. De l'extérieur, je paraissais totalement impassible. Amusant quand on pense que j'aurais vivement voulu envoyer le pot de fleur sur ma droite à l'autre bout du couloir. « Je vais demander à papa de m'accompagner, ça sera mieux je pense. » Ces quelques mots me ramenèrent à la réalité, nous deux, dans cet hôpital, notre seconde maison. « Non ! Avais-je crié un peu trop fort que prévu. Je t'emmènerais sans soucis ... Pourquoi est-ce que tu dis ça ? Tu sais très bien que ça ne me dérange pas. » J'avais pris ça comme une trahison, même un peu trop sérieusement. De toute manière papa détestait les hôpitaux, il était le premier heureux que je me porte volontaire à chaque fois. Puis il n'avait pas asse de patience. « Allons-nous en d'ici tu veux ? » Quoique ma patience actuellement ne volait pas très haut. Je me levai, prêt à partir loin d'ici, sans réellement savoir ou aller. Nous devrions surement rentrer directement à la maison, comme d'habitude. Pourtant, même à l'annonce des résultats moyens, j'aurais presque envie de l'amener n' importe où, sauf à la maison. Je ne supporte pas l'idée qu'elle soit comparable à ces souris en cage, attendant que le temps passe, sortant le minimum possible. Je sais bien que c'est ironique, je suis le plus souvent celui qui lui dit de faire attention, mais ne pensez pas que ce soit de bon coeur. Ne pensez-vous pas que j'aimerais la voir s'amuser comme une fille typique de son âge ? J'ai toujours rêvé de l'emmener à la plage, lui apprendre à surfer, comme notre père l'avait fait pour moi.

Me faire réagir, pour le coup, j'avais plongé tête baissée dans son piège. Ne vous faites pas avoir par ce petit visage d'ange qu'elle use à son avantage, elle est aussi rusée qu'un renard. Si elle le voulait bien, elle pourrait mener tout le monde par le bout du nez. Enfin, qui sait, peut être que c'est déjà le cas. Un petit rire m'échappa à cette pensée. « Laisse tomber tu veux. Je t'accompagne, point barre. Ceci n'a rien d'une négociation jeune fille, il n'y a donc pas lieu d'en aborder le sujet. » Ces rendez-vous était marqué tout aussi bien dans mon agenda que dans le sien. Voyez ça comme une aventure dont j'en fais partie pour le meilleur comme pour le pire. Elle avait démarré son ascension comme une gazelle sur un champ de course. Pour finalement se stopper quelques mètres plus loin et revenir avec l'air de quelqu'un qui souhaite clairement quelque chose. Malheureusement, à chaque fois que cela m'arrivait, j'avais cette impression d'avoir perdu d'avance. Le fait est que je ne peux rien lui refuser et mademoiselle en prend un parti malsain. « Aucune chance pour que tu gardes ces résultats pour toi, pas vrai ? » Elle venait de toucher un point délicat. Mentir à mes parents n'a jamais été un problème, c'était d'ailleurs extrêmement facile. Seulement quand il s'agissait d'Isobel, c'était différent. C'est de sa vie dont on parle. « Le cas contraire arrangerait ta petite sœur chérie, tu sais celle qui compte plus que tout pour toi. » Le piège avec les compliments dans toute sa splendeur. « N'exagère pas. Les burritos te font tout de même grandement concurrence ! » La nourriture, toujours un ennemi redoutable. « Je ne suis pas confortable avec cette idée. Tu sais à quel point tout ceci est important, ils ont le droit de savoir Is ... si ce n'est pas dire le devoir de savoir. » Une chose à la liste des choses que je déteste : décevoir ma petite soeur. « Mais pourquoi tu t'inquiètes tant, qu'est ce qu'ils pourraient t'interdire de plus de toute manière ? Disons que les limites sont plutôt bien apposées. » Ceci n'avait rien de méchant. Elle en était d'ailleurs bien au courant. La réalité fait mal, ceci n'a rien de bien nouveau. Elle enroula ses bras autour de moi. « Avec tes grandes jambes, c'est bizarre que tu ne marches pas plus vite que ça ... » « Laisse mes jambes d'athlète en dehors de ça veux-tu ? .... Toutes ces inquiètudes à propos de ta "liberté" n'aurait pas un rapport avec quelqu'un par hasard ? » dis-je sans aucunes arrières pensées et pour la taquiner à mon tour. Seulement, son comportement me troubla. Venais-elle de rougir ? OH MON DIEU. Ma curiosité venait de flairer quelque chose. « Attends voir, c’est du rouge sur tes joues ? » Clairement, j’avais été expulsé d’une information de la plus haute importance.

« Oui, du privilège à foison, en effet. J'irais même jusqu'à dire que ça se fête ! » Rigoler de ces situations était la meilleure chose à faire. Nous le faisions très souvent. N'oubliez pas le diction, mieux vaut en rire qu'en pleurer. Argumenter sur ces conditions n'étaient même pas envisageable alors que la carte de l'humour passait plutôt bien. Bien qu'en y repensant, ceci n'avait trop rien de marrant. « Pff n'importe quoi Dawson ! Mes joues sont parfaitement normales ... » Mensonge. Je sais reconnaitre une fille qui blush quand j'en vois une. « Tu vois, rien. C'est comme d'habitude ! » Le fait qu'elle y porte une attention toute particulière indiquait pourtant le contraire. Pas besoin d'être très perspicace pour entrevoir cela. « Mais toi tu devrais consulter par contre, les hallucinations c'est pas génial ... » Ironique, elle se rapprocherait presque d'une vérité. Il m'arrive de me concerter avec une bande d'instable, mais pas pour les mêmes raisons. « [color=olive]Aussi normal que le fait que tu mentes très mal ? » Je venais de mettre le doigt sur quelque chose, quelque chose de réellement inattendu. Bien sûr, Isobel était une fille, intelligente et jolie. Comment il en aurait été autrement. « Comment s'appelle t-il ? Ou l'as tu rencontré ? Il faut dire que les endroits sont plutôt limités, la librairie ? Dans notre jardin ? Ne me dit pas que c'est le fils des Callaghan au bout de la rue. Pas ce type, s'il te plait ! » Voilà qu'il était intéressant de ne pas être la source d'un interrogatoire pour changer. Nous venions d'arriver vers la voiture. Seulement elle ne pouvait aller nulle part, j'étais le capitaine à bord. « Je ne démarrerais pas avant d'en savoir plus. » Les parents étaient-ils au courant ? Cela m'étonnerait, j'aurais été mis au parfum, pas vrai ? Ce genre d'information n'est pas le genre à finir dans le placard des Eaton. Non. Mais plutôt le genre à faire débat. Mon père a souvent trouvé un malin plaisir à s'intéresser à ma vie amoureuse. Seulement, il a très vite perdu le fil. Je ne me rappelle pas lui avoir présenté qui que ce soit. Puis, j'aime poser des limites à ma vie privée. Ma famille est une autre paire de manche. Mon petit jardin secret que j'aime mettre à l'abri des orages de ma vie. Nous ne sommes jamais trop prudent. Mieux vaut dissocier des parties de sa vie. Professionnelle, familiale, intime. Trois catégories qu'on doit à tout prix contrôler séparément pour éviter les entrechocs. Enfin, il est aussi très compliqué de mettre tout ce petit monde à jour, tout en étant cohérent. C'est comme avoir une triple vie, tout en restant le même. Du moins, sauf dans le contexte familial où il m'arrive d'être plus attentionné qu'on ne pourrait le penser. C'est bien connu, même le plus gros idiot possède un coeur. Il faut juste creuser sous la surface. Il y a le Dawson crétin et sarcastique que toutes les filles pensent cerner mais qu'il n'en est rien. Puis le personnage presque altruisme, qui donnerait tout pour aider sa famille. Ensuite le gosse passionné de tout ce qui se déroule autour de lui, en soif intense de connaissance. Autant dire qu'ensemble, ils forment un sacré mélange. Autrement dire moi.