❝ drive until you lose the road ❞

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Pupilles dilatées, regard absent. Grace Halberstam voguait entre les shoots de vodka, les mégots entamés, les substances étranges qu’on lui proposait. Le pire dans tout ça, c’était qu’elle ne prenait pas la peine de réfléchir. Ses jambes ne fléchissaient que rarement, ses doigts se perdant lamentablement dans ses cheveux ébouriffés, son maquillage ne ressemblant plus à rien. Juste l’ombre d’elle-même. Elle ne prenait pas non plus la peine de réfléchir lorsqu’à trois heures du matin, elle s’était décidée à regagner sa maison, en voiture. La conduite, rapide, peu assurée la conduisit difficilement jusqu’à Sunbury Drive où Grace ne prit même pas la peine de garer son véhicule correctement. Whatever. Un majordome se chargera de le remettre à sa place. Le respect, à cet instant, la jeune fille n’en avait plus personne. Elle n’était qu’un corps, perché sur des talons, qu’une apparence, qu’une ombre qui errait dans les couloirs, les escaliers en quête de vérité. Non, pas en quête de vérité. En quête de mensonge plutôt. Un signe qui lui indiquait que ça allait bien, qu’elle était bien cette adolescente débile, pas une autre. Pas celle qui touchait délicatement le briquet qui se trouvait dans sa poche, un rictus amer sur son visage de poupée. Un rictus amer qui se mêlait à ce regard vide puis un rire, un rire cruel émanant de sa bouche démaquillée. Lorsqu’elle fut dans sa chambre, le premier réflexe fut de s’asseoir sur son lit, de se laisser tomber en arrière, de pleurer silencieusement. Pourquoi ? Elle ne savait pas. Enfin si. Elle détestait cette robe moulante, ces chaussures à talons, ces cheveux de poupée barbie. Elle se détestait. Sa main effleura de nouveau le briquet tandis qu’elle lâchait un nouveau rire, sec. Le briquet roulant entre ses doigts, elle l’alluma brièvement et laissa son regard vide vagabonder dans la lumière de la flamme. Au bout d’un instant, Grace finit par se relever difficilement et se fraya un chemin jusqu’à son dressing. Elle y prit maladroitement un sac, balançant d’un geste de la main les premiers vêtements et paires de chaussures qui lui tombaient sous la main. Elle aurait pu en rester là mais non. C’était bien trop amusant de faire tout tomber par terre, de tout virer des armoires, des étagères, de les écraser avec ses chaussures à talons. Son visage demeurait statique, dénué d’expression. Un automate, en somme. Un automate  non plus programmé pour devenir une machine à perfection mais plutôt pour tout détruire. Et c’était étrangement trop facile. Tellement facile que lorsque Grace bougea son bras, elle sentit le briquet toujours au fond de la poche de sa veste. Elle se souvenait de la flamme qui avait temporairement suscité son attention et le sortit pour réitérer l’expérience. Sauf que cette fois-ci, l’étreinte de sa main se fit plus lâche, jusqu’à ce que l’objet ne tombe au sol sans un bruit. Rapidement, une lueur enflammée se dessina sur l’une des robes au sol, l’une de ses robes de mini-miss. Indifférente, Grace observa le spectacle avant de s’emparer de son sac, le regard toujours aussi vide.
Heureusement que la route était déserte. Grace conduisait de façon désinvolte, son véhicule zigzaguant allègrement sur la chaussée. Un idiot roulant trop vite et c’en était fini. Mais parce qu’elle ne réfléchissait pas, qu’elle n’était plus vraiment elle-même, elle s’en foutait royalement. Elle allait chez Dawson, comme si c’était d’une pure évidence. Comme si c’était le seul qui pouvait faire quelque chose alors qu’en dehors d’une relation peu sérieuse et d’un épisode fâcheux, ils ne se connaissaient strictement pas. Mais il avait été le seul, la dernière fois, à la remettre à sa place, à la froisser, à la déstabiliser, une façon de lui prouver qu’il savait. Qu’il n’était pas dupe. D’ailleurs, Grace, après s’être braquée, avait fini par craquer à un endroit désert avant de nager de nouveau dans le Pacifique pour effacer toute trace de sa faiblesse. Depuis, elle n’avait fait qu’enchaîner les bourdes. Ses résultats au SAT étant brillants, son dossier accepté à UCLA ne l’avaient pas rendue plus heureuse. Loin de là. La décadence avait été la solution de facilité. Sauf qu’au lieu de rester seule, elle avait pensé au jeune homme. Elle ne cherchait pas assistance, juste mettre deux-trois points au clair. Reine au cœur de glace, ça ne lui correspondait pas. Et que lui pensait une chose pareille ne faisait que la blesser. Alors, elle arriva devant ce qui ressemblait à la bâtisse de ses maigres souvenirs et gara brusquement sa voiture en plein milieu de la route. La démarche chancelante, elle s’avança de la porte d’entrer et plutôt que de sonner délicatement, elle attendit patiemment quelques secondes pour frapper d’un geste qu’elle croyait mou mais pourtant assourdissant. Le genre de bruit à vous réveiller un régiment. Lorsque ses yeux virent quelqu’un dans l’entrebâillement de la porte, Grace lâcha un rire cruel avant de s’affaler sur l’angle du mur, son bras en l’air, sa cheville de travers, ses chaussures dans un piteux état. « Okay, j’ai pris…La voiture uniquement…Pour toi. » Elle pensait pointer son doigt en direction de la silhouette qui se dessinait dans l’ouverture de la porte mais désignait plutôt le mur d’en face. « J’ai un touuuut petit peu…Bu », continua-t-elle en lâchant un nouveau rire acide. « Reine de glace…Tu sais, c’est pas sympa. Je suis pas comme ça…Enfin si. Mais non. Mais on va dire que oui. » Un nouveau rire. « Laisse tomber, je sais même pas pourquoi je suis venue. » Un autre rire fendit l’air, cette fois mêlé d’une expression bizarre, apeurée. Un rire déformant son visage, un rire indépendant de ses yeux bruns larmoyants. Grace allait bien, hein.

i’m still awake tonight.broken up inside.
(...) i know you can change my life.
i wanna know who you are, that you can fix my heart.
@ashesremain

Spoiler:

Elle y était, chez Dawson. Ce que la jeune fille voulait, quelque part. S’enfuir loin de tout ça. Si elle avait été chez Leigh, ça n’aurait strictement servi à rien. Elle l’aurait encouragée à boire encore plus, à sortir dans la rue, à écumer la dernière soirée qui terminait dans Orange. Aller chez Dawson, c’était une façon de se repentir. Grace ne dirait pas qu’il serait la personne idéale pour régler ses problèmes mais puisqu’il était en partie à l’origine de son éveil, autant qu’il en assume les conséquences. Enfin, ça, c’était la version officielle. La version officieuse, en revanche, voulait qu’elle voie en lui le seul capable de l’apaiser. Un mot de travers prononcé ce jour-là, à la plage, un mot qui lui revenait depuis en tête. Un mot que lui seul avait le pouvoir de retirer. Etait-ce ce qu’elle attendait ? Oui. Apparaître comme étant la reine au cœur de glace avait eu l’effet d’une chute dans un ravin. C’était ce que les gens pensaient, c’était ce que les gens racontaient derrière, dans son dos, en rejoignant les autres qualificatifs plaisants de certains. Grace Halberstam aka la poupée Disney. Grace Halberstam aka l’adolescente pistonnée parce qu’elle se « tapait » ses profs. Grace Halberstam et son regard vide, à l’image de son cerveau. Alors, parce qu’elle n’était pas dans son état normal, elle se croyait plus ou moins puissante pour faire plier Dawson. Son rire cruel, ses larmes presque joyeuses avec ce sourire enfantin lui donnait l’air d’une folle. Elle allait bien. Très bien même. « Ne me dis pas que tu as conduit dans cet état ... » Grace ne voyait pas tellement comment Dawson prenait son initiative. Ses yeux ne relayaient pas l’information à son cerveau, alors, comme une idiote, elle mimait un non de la tête en prenant soin d’éviter le regard de son interlocuteur. C’était bien évidemment pour plaisanter. Parce que oui, ça la faisait rire, d’avoir pris le volant dans un état second, d’avoir zigzagué sur les routes sans se soucier du potentiel danger qui pouvait arriver en face. Pire, si la jeune fille n’avait pas eu de voiture sous la main, elle aurait été prête à monter dans la première qui voulait bien la conduire chez Dawson. « Peu importe. Mais avant d'ameuter tous les quartiers avec tes répliques pittoresques, entre, tu veux ? Je ne voudrais pas avoir davantage de problèmes avec mes voisins, déjà que la plupart me prennent pour un récidiviste condamné, il pourrait te prendre pour ma complice et tâcher ta belle réputation. » Grace se mit à rire de nouveau et à pleurer de plus belle, comme si elle ne savait pas quoi répliquer. Ce qui était plus ou moins le cas, au fond. « Oh la, doucement, Cullen. Tu parles trop vite. » Fière de sa phrase, la jeune femme eut un moment d’arrêt avant de se remettre à rire de plus belle. Elle imaginait son interlocuteur scintiller au même titre que le vampire-luciole dont ses amies, avant le lycée, en étaient raide dingues. « Tu serais tellement plus agréable à regarder si tu brillais un peu plus dans le noir. » Grace n’écoutait pas, persistait dans la veine pathétique. Elle entra dans la demeure, l’air hésitant, comme si les lieux la dérangeaient. Curieuse réflexion quand on y pensait, n’est-ce pas. Curieuse réflexion venant d’une jeune femme dans un état qui se passait de tout commentaire. Elle dépassa Dawson puis s’arrêta, contempla l’entrée un bref instant les bras croisés l’entrée qui se dessinait sous ses yeux. Trop de courbes, trop de formes irrégulières pour qu’elle puisse clairement détecter quoi que ce soit. « Plus sérieusement. Tu es tombée dans un feu de lutin ? » Grace explosa de rire à nouveau lorsque le terme « feu » parvint à ses oreilles. Elle se retourna vers Dawson, un énième sourire de crétin sur son visage. « Feu…Comme le briquet qui est tombé dans ma chambre…C’était tellement drôle de tout voir brûler…. » Son regard était vide à ce moment-là, ses yeux toujours embués par les vestiges de larmes. « Plus de Grace…Envolée… » Le sourire disparaissait progressivement de son visage. La jeune fille ne riait plus. « Pouf, envolée… », répéta-t-elle avant d’éclater en sanglots, enfin à moitié consciente de ce qu’elle venait de faire. Elle porta une main sur sa bouche et ne bougeait pas, ne regardait pas le jeune homme. Elle pleurait silencieusement, ne lui disait pas qu’elle avait envie d’une paire de bras pour la supporter, ni d’un bon lit ou d’un endroit confortable où se reposer. Elle ne parlait pas non plus de son admission à UCLA, ni du prochain concours de miss qui se profilait dans deux semaines. « C’est que du plastique toutes ces couronnes, de toute façon… J’ai des vêtements mais je ne sais même pas si ça va ensemble, tu le crois ça ? » Elle pleurait de plus belle, comme si sa tenue devenait l’objet de ses attentions alors qu’elle venait de mettre le feu à son dressing, en sachant pertinemment que la maison était trop grande et trop équipée pour que cela ne dévaste la propriété. Une faible partie de sa collection de tenues de Barbie allait être réduite en cendres. Quel dommage.

Grace n’avait jamais bu au point de perdre la raison. Les rares fois, elle n’avait été qu’un brin joyeuse, une, voire trois coupes de champagne grand maximum. Les substances illicites, même sort. Jamais consommées, toujours évitées. Sa mère lui répétait sans cesse que tout ce qui incitait à la débauche ne ferait que la rendre plus laide. Les cheveux ternes, le regard éteint, l’haleine, les poumons dans un état lamentables. Tout ce qui l’empêcherait de réussir, de gagner ses précieux trophées. Sauf qu’en ce moment, les précieux trophées, elle leur disait merde. Dix-huit années passées à créer un physique pour plaire à une assistance, dix-huit années à jouer à la marionnette. Grace ne connaissait rien de sa personnalité, rien de ses goûts. Elle ne savait pas si elle préférait la montagne ou la plage. Ni choisir entre une exposition et un film. Alors, comme seule solution, la jeune fille pleurait. La Grace superficielle avait brutalement disparu, ne restait plus que cette autre Grace qui lui paraissait tellement étrange, effrayante. Un débat intérieur d’une rare violence qui lui faisait perdre la tête, oubliant presque que son interlocuteur s’était rapproché tout doucement d’elle. Et un automatisme, celui de fondre dans ses bras. C’était la seule chose à laquelle elle pouvait se rattacher. Ses bras. Comme avant, où leur relation se résumait à de simples contacts physiques, affectifs. Sans se soucier de ce que l’autre faisait, sans se soucier de la réputation, du passé, de leurs propres vies. Ca devait être comme ça tout le temps,non ? « Je crois que tu ne devais pas t'inquiéter de ça maintenant et que de toute façon, les couronnes en plastique et les vêtements qui vont ensemble, moi, ça me dépasse. » Si Dawson cherchait à lui remonter le moral, c’était malheureusement peine perdue. Grace se mit à pleurer de plus belle, ne voulant pas décoller des bras du jeune homme. Ses mains s’attachaient fermement à ce qui semblait être le tissu de son haut, peu importait si elle lui laissait une superbe trace de ses larmes mêlées au noir de son maquillage. « Facile à dire pour toi pui- » Grace s’arrêta brutalement, à moitié consciente qu’elle allait finir par sortir un reproche de plus, reproche quand bien même alcoolisé qui ne trouverait pas grâce aux yeux du jeune homme. « Tout va bien se passer. Je te le promets ... Après avoir dessoûlé, je te raccompagne chez toi. » Elle secouait brutalement la tête pour indiquer qu’elle n’était pas d’accord. Loin d’être d’accord. « Non, tout sauf ça, je ne veux pas y retourner… », babultiait-elle, se contenant de devenir hystérique une seconde fois. « Tu ferais mieux d'être là-bas. Non seulement tes parents risquent de s'inquiéter mais tu pourras toujours prétendre que je suis ton alibi, même si entre nous, des répercussions seront à venir pour celui-ci également. Mais ils ne viendront pas à savoir que c'est toi qui a provoqué cet incendie. Nous mettrons tout en oeuvre pour mettre ça sur le dos d'une adolescente jalouse de ta personne. » Grace mimait toujours un « non » de la tête. Il ne comprenait rien lui aussi. Personne ne la comprenait. Alors comme un coup d’éclat, elle se dégagea de son étreinte et hurla un « NON » à en faire trembler les murs de l’endroit. Et elle restait les bras ballants à observer Dawson, à moitié consciente qu’elle venait de lui hurler dessus. Mais ça ne sembla point la traumatiser puisqu’elle continua. « JE NE VEUX PLUS ETRE UNE POUPEE DISNEY, JE NE SUIS PAS VOTRE MARIONETTE ! » Grace avait momentanément arrêté de pleurer mais reprit de plus belle avant de s’enfoncer dans le fauteuil le plus proche. Elle ne contrôlait pas vraiment ses sautes d’humeurs, n’était même pas consciente qu’elle pouvait éventuellement blesser Dawson. « Reviens chez toi, l’adolescente jalouse…Parce que tu crois que je vais repartir et que tout reprendra son cours normal ? Non, je veux pas, je veux plus. Toi, ça te coûte rien le matin, de te lever, d’enfiler un jean. Tu n’as pas à prendre un petit déjeuner ultra-vitaminé, faire un jogging, te faire coiffer, te maquiller, passer une heure à choisir ta tenue, à décider de ce que tu feras de ta journée et avec qui quand tu es en vacances. T’es libre de faire ce que tu veux et tu peux envoyer balader les gens s’ils ont quelque chose à redire. Moi…Nah. Tu te rends compte si Grace Halberstam veut faire de la randonnée, manger un hamburger et porter des leggins toute la journée, c’est la fin du monde. » Une pause. « Enfin j’ai pas le choix, retournons dans la noble demeure des Halberstam pour y recevoir mon ultime châtiment. » Grace se redressa et adressa une révérence à son interlocuteur, ainsi qu’un sourire sarcastique. Un petit geste de la main, digne de la reine d’Angleterre et titubante, se dirigea vers l’entrée. Enfin, dix pas plus tard, les talons flanchant dangereusement, nul doute que Grace Halberstam finit par se vautrer de tout son long.

Grace la tête à claques. Grace l’enfant pourrie-gâtée, la détestable. Si vous vous demandiez quand est-ce que la jeune fille se heurterait au mur de la honte, soyez satisfaits. Grace Halberstam venait définitivement de tomber de son piédestal. Au même titre que sa propriétaire, il venait de voler en éclat d’une façon tellement pathétique qu’elle en devenait hilarante. Surprise par sa propre chute, elle demeurait assise, le regard dans le vide. Comment se faisait-il que sa grâce naturellement avait brutalement disparu ? Comment se faisait-il que son ange gardien, celui qui la tirait vers le haut, venait de la lâcher brutalement ? Elle n’aurait pu le dire. Elle en était tout bonnement stupéfaite. Son aura majestueuse ne brillait plus, son aura majestueuse ne trouvait pas de public en la personne de Dawson. Avec lui, le cirque ne prenait pas, c’était tout bonnement difficile de le faire plier. Elle avait mis du temps à le comprendre mais là, c’était finalement rentré dans sa petite tête. Le jeune homme, lui, tandis que Grace se débattait avec ses démons intérieurs, s’était approché pour l’aider à se relever. Contrairement à d’habitude, elle ne bronchait pas, se laissait faire, encore trop sonnée  pour dire quoi que ce soit. Même sa chute avait eu raison de son état second. « Tu sais quoi, oublie ce que j'ai dis. » Grace l’observa sans rien dire. Elle ne réagit pas non plus alors qu’il était plus proche de raison qu’elle. « Tu peux rester dormir ici ce soir, comme pas, c'est ton choix. » Que…Quoi ? Il la laissait rester chez elle quand bien même la jeune fille avait été plus que détestable avec lui. Qu’est-ce qui le motivait à vouloir essayer de la sauver  alors qu’elle, quand Grace aurait pu le faire au tribunal, elle avait décidé de lui pourrir la vie ? Oh, comme elle le traitait mal depuis ce jour. Comment pouvait-elle se montrer aussi inhumaine, hein ? Grace l’ignorait. Sûrement à force d’être l’intouchable. Énième réponse larmoyante de sa part. Sauf que cette soudaine crise ne s’accompagnait point d’une pique, ou d’une phrase qui témoignait de sa crise existentielle. Oh non. Grace l’observait, son regard noisette embué, plein de regrets.  La jeune fille retira ses chaussures à talons, instruments de torture, et plongea momentanément son visage dans ses mains. Elle laissa défiler les secondes, les minutes, peu importait vraiment. Jusqu’à ce que Grace délaisse cette position inconfortable pour passer ses bras autour du cou de Dawson. Comme avant. Quand tout était bon enfant, innocent en dehors des relations charnelles. Et Grace découvrait certainement tard, trop tard, qu’il lui avait prodigué un instant de répit. Pourquoi s’étaient-ils quittés, déjà ? Elle ne s’en souvenait même plus. Mais peut être que ça avait été une grossière erreur. « Dawson…, commença-t-elle de sa voix tremblante, sa tête enfouie au creux de son épaule, je suis…Désolée pour tout. Désolée pour le tribunal…Désolée de te traiter de…Je regrette, voilà. » L’alcool venait mettre son grain de sel. Grace ne savait plus trop ce qu’elle faisait, c’était bien trop compliqué de décrypter, d’arrêter les mouvements que son cerveau réalisait ou du moins essayait. Elle relâcha son étreinte et eut un temps d’arrêt avant de poses ses deux mains sur les joues de son interlocuteur. Et rapidement, sa bouche vint à la rencontre de la sienne, malgré la forte odeur d’alcool que la jeune fille dégageait. Geste irréfléchi, c’était venu comme ça, simplement, sans arrière pensée. Grace ne se disait même pas qu’elle venait de franchir une barrière que Dawson ne voulait certainement pas franchir de nouveau. Mais bon, la Grace ivre ne connaissait plus aucune limite.

Spoiler: