Une fois encore, mon adorable mari n’avait rien trouvé de mieux que d’être aux petits soins pour moi. M’apportant avec amour le petit déjeuner, je n’éprouvais pourtant que de la haine à son égard. Le mot était fort certes, mais le fait de me sentir comme un pauvre animal en détresse ne me plaisait pas et en créant ce terrible mensonge, je ne m’attendais pas à ce que cet homme que j’avais épousé par intérêt se montre aussi adorable et attentifs à mes besoins. Il ne comprenait donc pas que j’étais censée ne plus me souvenir de lui ?! A croire que non, et j’avais été une pauvre idiote d’accepter qu’il me rende visite quand bon lui semblait, dans cette maison qui n’était autre que celle de mes grands-parents. « Pour l’amour du ciel, quand allez-vous comprendre que je ne veux pas de votre aide ! » Criais-je, en jetant le plateau divinement bien dressé par-dessus le lit. J’avais ce sentiment d’être étouffée, étouffée par cet amour bien trop grand pour moi. « Foutez moi la paix ! » Ajoutais-je afin qu’il me laisse enfin respirer en paix. Au bout de quelques minutes, d’un air complètement triste – qui en soit aurait pu m’atteindre si j’avais eu le moindre sentiment pour lui – il prit enfin la porte, me laissant seule. Je pris mon téléphone et proposais alors à Silley de venir me rejoindre, car la connaissant elle saurait me remonter le moral. Je ramassais rapidement les dégâts du plateau sur le sol, et la porte se mit à sonner. Je descendis les marches à toute vitesse, et ouvris la porte en souriant. Sa chevelure était parfaitement coiffée, et son visage était éclatant. La jeune femme n’était pas venue les mains vides et m’annonça directement la couleur : une bouteille pour la courtoisie, et une bouteille pour le moral. Un sourire éclatant se dessina alors sur mon visage et je lui fis signe d’entrer. « Toi alors, tu sais comment me remonter le moral ! » Rigolais-je alors, la saluant rapidement avant de refermer la porte, à clefs pour être sûre de ne pas être dérangée. « Si tu savais comme je suis contente de te voir ! Rhett m’étouffe, c’est horrible ! Je n’en peux plus… » Je commençais déjà à me plaindre, sans même qu’elle ne soit installée mais j’étais comme ça, et elle le savait. « Je vais nous chercher des verres. Installes toi ! » Lançais-je avant de me rendre rapidement dans la cuisine. J’étais soulagée, enfin, car j’allais pouvoir me détendre et passer un agréable moment en sa compagnie. Sans avoir à jouer le rôle de la fille amnésique et ça, c’était terriblement agréable.

De toutes les personnes que je connaissais, Silley était de loin celle en qui j’avais le plus confiance. Elle savait comment me remonter le moral, avait toujours les mots justes et surtout, elle avait compris mon secret. Un secret dont elle était la seule à connaitre la vérité tant la confiance que je lui avais accordée était grande. Je me contentais de sourire à sa remarque, d’un sourire plutôt éclatant même et la laissais entrer dans mon humble demeure. Je détestais cette maison, puisqu’elle n’était autre que celle de mon futur ex-mari et je rêvais de la retaper du grenier au sous-sol. Mais les choses étaient compliquées pour l’instant. Silley n’était pas venue les mains vides, et là encore cela confirmait le fait qu’elle me connaissait presque par cœur, assez pour savoir qu’un bon verre me ferait le plus grand bien. Que dis-je, une bouteille me ferait le plus grand bien au point où j’en étais. J’étais au bord de la crise de nerfs, regrettant presque d’avoir monter de toute pièce un tel mensonge qui ne marchait absolument pas comme prévu. J’avais fait ça pour m’éloigner de certains proches, afin d’avoir un nouveau contrôle sur ma vie qui devenait trop minable et pourtant, j’étais loin de vivre l’effet voulu. Rhett se montrait beaucoup plus attendrissant, beaucoup attentionné alors que je voulais simplement m’en débarrasser sans passer pour la pire des garces. Si j’avais su que la situation serait ainsi, j’aurai peut être réfléchi à un autre stratagème. Je me rendis dans la cuisine afin de prendre deux verres et un paquet de gâteaux afin de grignoter, tandis que je proposais à Silley de s’installer et de faire comme chez elle. Je l’entendis me demander ce qu’il s’était passé avec Rhett et je m’arrêtais un instant dans la cuisine. Le simple fait d’entendre son prénom me rendait nerveuse, j’avais envie d’exploser tant cet homme m’étouffais. Je tournais les talons en direction du salon, préférant lui expliquer en face à face. « C’est toujours la même chose, il est aux petits soins. Je n’en peux plus, je veux simplement qu’il me fiche la paix mais il ne semble pas comprendre le message. Je n’en peux plus, j’étouffe Silley. J’ai l’impression que je vais exploser s’il n’arrête pas son petit jeu. » Répondis-je alors, pleine de désespoir. J’avais une petite idée de ce qu’elle allait me dire, mais je préférais ne pas prendre les devants. La jolie rouquine me demanda ensuite quelle bouteille choisir pour démarrer et je ne pu m’empêcher de sourire à nouveau. « Vodka, gardons le vin pour un repas. » Après tout, la journée ne faisait que commencer. Je m’installais sur le canapé, totalement à mon aise, et me tournais vers mon amie. « Et toi dis-moi, qu’est-ce qui ne va pas ? » Elle avait une bien triste mine, même si elle essayait de le cacher je devinais parfaitement que quelque chose n’allait pas. J’ouvris alors la bouteille et nous servis deux verres, que je bus d’une gorgée.