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 j'ai fermé les yeux trop vite

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MessageSujet: j'ai fermé les yeux trop vite   j'ai fermé les yeux trop vite EmptySam 27 Avr - 21:24



y'a les regards de ceux que l'on
croise et ceux que l'on habite


Le seul problème que je vois avec la Californie, c'est la chaleur suffocante qui nous donne une singulière envie de crever. Les perles de sueur roule sur mes joues, se coincent dans les boucles de mes cheveux exacerbées par l'humidité, crinière indomptable sur laquelle il y a longtemps que j'ai arrêté de régner. Je soupire, pose ma paume sur la carrosserie de Magnolia, y glisse tendrement les doigts. Il s'en dégage une chaleur harassante, et je peine à m'imaginer qu'il me faudra prendre les escaliers pour aller me chercher de quoi abreuver cette soif lancinante qui me grésille dans la gorge. Il fait chaud, tellement chaud que le tissu de mon t-shirt me colle à la peau, et tant et si bien que je me refuse de le retirer, le sentiment est tout particulièrement désagréable. Si je pense à l'arroseur, je me rappelle que les gosses du 104 l'ont bousillé la semaine dernière, lors de la dernière canicule. Je les maudis en silence, contournant la voiture pour tenter de discerner la silhouette des occupants du premier, espérant vainement trouver quelqu'un qui aura le culot de me refuser un truc pour hydrater. J'ai soif d'une bière glacée, qui viendra chauffer ma paume par sa fraîcheur. À la place, je plonge la main dans ma poche, en tire une cigarette, la coince entre mes lèvres et l'allume sans réellement en prendre conscience. Il fait chaud, les demoiselles passent à peine vêtues, regardant dans ma direction alors que je les contemple de loin, adossé sur Magnolia, la seule et unique qui comptera jamais pour moi...

Assis sur le capot, vidé d'avoir bosser sur la caisse, les poches fumantes des derniers dollars que j'ai grillé sur la voiture que je retape, la gorge désaltérée par la caisse de six bières que je suis allé me chercher au dépanneur du coin. J'en tiens une fermement entre mes phalanges, assis confortablement, la cigarette au bec, admirant la taule de l'immeuble d'en face et des fenêtres crasseuses du deuxième. Doakes District est pas le pire coin mal famé que j'ai pu fréquenté dans mon existence, faut croire qu'on croise pas souvent les centres de détention dans les quartiers hors de prix des villes, laissant plutôt place à une ou deux bicoques donnant dans les millions de dollars. Non, c'est au beau milieu d'un niveau certain de criminalité que l'on érige les murs des centres de réhabilitation et les prisons, rien de moins, rien de plus pour nous, ne cadrant pas dans ce système où les gens acceptent la bouche en coeur de se faire baiser à tout va, par l'État ou autre chose. Mon coin est particulièrement pourri, et pourtant il pullule de jeunes, camés ou pas, alcooliques ou non. Des gosses qui s'amusent à fracasser des fenêtres et à mettre le feu aux poubelles. Des délinquants, qu'on dit. Je souris, descend une gorgée de bière qui vient pétiller dans mon oesophage. Plutôt marrant comment des moindres méfaits prennent de l'ampleur une fois dans la bouche de ces adultes avec un balai coincé au cul. Entre autres. Je reste comme ça un moment, je crois bien que je m'assoupis, bercé par la candeur d'une brise qui se lève et bordé par les rayons solaires, jusqu'à ouvrir les yeux pour croiser les siens. De l'autre côté de la rue, le contact est immédiat, comme si sa simple présence mettait mes sens en éveil. Jadis innocente, elle parait délabrée, pourtant belle à damner « C'est pas beau mater, tu sais » que je lui balance de façon à ce qu'elle m'entende, me relevant doucement, le sourire aux lèvres, amusé, reprenant vie à un simple battement de ses cils...
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MessageSujet: Re: j'ai fermé les yeux trop vite   j'ai fermé les yeux trop vite EmptySam 27 Avr - 22:42

confusion in her eyes that says it all.
she's lost control. and she's clinging to the nearest passer by.
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Tu gueules des injures à la voisine qui est venue t’apporter des légumes. Elle doit avoir dans la soixantaine, elle s’accroche à une époque perdue et n’arrête pas de répéter qu’elle est fiancée, que son conjoint est juste partit. Qu’il va revenir. Mais ce qu’elle n’a pas compris, c’est que ça fait quarante ans qu’il n’est plus revenu. Et toi, ce que tu n’as pas compris, c’est que cette femme, c’est une sorte de miroir. Comme si elle était ton double mais avec la vieillesse qui lui colle à la peau. Tu ne sais même plus pourquoi tu gueules, alors tu te laisses tomber par terre, les larmes te brûlant les joues, la respiration te semble lointaine pour espérer un nouveau souffle. La sexagénaire te passe son vieux gilet des années 80’s, un gros gilet violet aux nuances brillantes. Un cardigan vintage comme on en revoit nulle part, hormis sur les femmes tout aussi nostalgiques que la vieille. Tu serres le gilet fort contre ta poitrine nue. Les yeux fermés, tu t’imagines dans un lieu à l’ambiance calme, près d’une cheminée, une robe de haute-couture collant à la peau, l’homme te serrant dans ses bras. Mais tu es loin de ces fantasmes paralysants, loin d’une existence tranquille où tu ne te fais pas ramoner le cul, où tu manges à ta faim, où tu n’es pas ce squelette repoussant.

Tu sors de ton appartement. Un short déchiré taille haute, un bustier un peu trop court et le gilet pour compléter le tout. Tes talons te donnent fière allure, mais tes yeux, ton regard trahit cette confiance. Tes fesses n’ont rien à voir avec l’anxiété qui bouille dans ton corps. Ta démarche de mannequin rend fous les minets du coin, ton regard désemparé repousse toutes les mères de famille. Tu te demandes parfois comment tu as fais pour passer de la classe de Manhattan à l’horreur des banlieues californiennes. On ne va pas dire que c’est le pire endroit que tu as fréquenté, c’est certain, mais ce n’est en tout cas pas le lieu où tu te voyais vivre une année de plus. Pourtant, il fallait que tu te mettes à l’idée que tu allais pourrir ici, comme la vieille aux légumes qui croit encore que son fiancé va la retrouver. Mais tout comme elle, vous avez longtemps cru à l’importance des hommes, à l’effet qu’ils avaient sur vous. Des soumises. Il n’y a pas d’autres mots.
La scène qui se déroule sous tes yeux ne fait qu’accentuer tes idées morbides. Tu t’arrêtes, comme une débile, en plein milieu du chemin. Juste devant l’entrée d’un parking, juste devant une nana à moitié sonné. Tu observes le tableau comme si c’était la première fois que tu le voyais. Tu te mets de suite à imaginer sa sueur sur ta peau, sa clope brûlant ta chair, son membre te remplissant le ventre. Tu manques un instant de tomber tant tes seins gonflent, te font mal. Ton angoisse est tant flagrante que n’importe quel marmot pourrait comprendre que tu perds emprise chaque seconde qui s’écoule. L’échange te tue encore plus. « C'est pas beau mater, tu sais » L’armoire, ta main en toi, ses sous-entendus. Trop de souvenirs, trop de souvenirs qui t’empêchent de réagir sur le coup. Tu manques une nouvelle fois de respirer tant tes poumons t’agressent. Tu laisses juste tes membres te diriger vers sa caisse, tu ne prends même pas la peine de regarder si une voiture va t’écraser. Au pire mourir allègera tes maux. « Je pensais que tu la faisais belle pour ça. » Répliques-tu en désignant la caisse sur laquelle il est adossé. Tu veux qu’il te baise sur le capot. Tu oses toucher le bijou de l’américain, et d’une voix aussi mielleuse que tu fais à tous ces pères de familles irrespectueux, ces macs dégoûtants et ces vieux avides d’existence perdue. Tu parles comme une pute. Sensuellement, limite vulgairement, mais très délicatement à la fois. « Elle supporte les coups ? » Tu lui affiches un sourire franc. Tu ne sais pas pourquoi tu parles. T’as juste envie de le surprendre, juste envie qu’il oublie la gamine d’il y a quelques années. La gamine pleine de fantasmes que tu ne veux plus être. Tu te colles un peu plus sur la vitre, écrasant tes ongles au passage, le regard toujours défiant. Tu vas tomber, tu le sais.


Dernière édition par Sully Thatcher le Mar 30 Avr - 13:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: j'ai fermé les yeux trop vite   j'ai fermé les yeux trop vite EmptyLun 29 Avr - 4:56



y'a les regards de ceux que l'on
croise et ceux que l'on habite


Ça remonte à une autre vie, le dernier instant où j'avais croisé le regard de la brunette. Avant qu'on m'enferme en taule parce que Irina était morte, avant que je baise sa mère et que je me sente finalement satisfait de reprendre le dessus sur cet instant où son père avait tenté de me foutre son poing à la gueule. Je n'avais pas pu riposter à ce moment-là, mais j'ai la fibre rancunière sensible et tenace. Ça aurait été facile de se rabattre sur la petite soeur, tellement facile en sachant qu'elle s'était accrochée à la poudre pour tenir le coup et qu'elle écartait les cuisses pour trouver de quoi se fourguer un sachet. J'ignore si elle vit encore aujourd'hui, peut-être, ou alors elle n'est jamais redevenue la bonne fille et a depuis longtemps crever dans un fossé, battue à mort par les proxénètes ou par les dealer parce qu'elle a pas su s'en tenir aux doses qu'elle avait le moyen de se payer. Je l'ignore, et franchement je m'en branle. M'en prendre à la mère, de l'inciter à se mettre à genoux et à m'ouvrir les draps de son lit, c'était mille fois meilleur, tellement plus jouissif que la plupart de ce que les gens normaux décrètent comme être le summum, l'ultime septième ciel. Le cul, le sexe, ça a du positif, de l'agréable, on s'y défoule et on s'y vide certes, mais assouvir une vieille vengeance de la meilleure des façons, c'est mieux que le cul, c'est presque mieux que la vie elle-même. Je souris pour moi-même, glisse la main dans mes cheveux, me rappelant doucement à cette réalité tout autre où je n'ai pas la mère d'une catin défunte à portée du bout des doigts, mais bien une demoiselle cadrant dans un tout autre contexte. Une brune incendiaire, fine comme pas permis, frêle à m'en donner envie de savoir si une simple pression de ma paume sur sa poitrine la brise en quatre. Elle est légère comme une plume, ses pommettes doucement colorées du à la chaleur suffocante qui vient nous étouffer. Elle semble en vie, malgré son teint d'albâtre et ses gestes lents, mouvements saccadés, comme si elle avait conscience que j'examinais à la loupe chacun de ses pas, ne ratant aucun déhanché plus que léger et entendant presque de loin le claquement de son pas sur le dallage de béton. Plutôt ironique de prétendre qu'elle est celle qui mate quand il est plus qu'évident que je suis à deux doigts de la mordre tant je la dévore des yeux. C'est simple, je retiens une furieuse envie de prendre possession d'elle, entièrement, sans compromis, depuis l'instant où je l'ai surprise à nous mater, sa soeur et moi, au plumard. Depuis, Amalya n'a plus exister un seul instant, si jamais elle avait même une infinitésimale seconde été quelque chose à la prunelle de mes yeux, et il n'est plus qu'apparu ce besoin lancinant de retrouver cette curieuse et délicate créature qui s'était recroquevillée, gamine prise en fautes, les yeux brillants et les joues incendiaires. Douce, douce petite nostalgie...

Il fait toujours aussi chaud, la sueur roule toujours sous mes tempes, mais j'ai oublié jusqu'au fait qu'il fasse jour. En fait, on m'a donné une source de divertissement nettement plus agréable que le simple fait de me plaindre de la température décadente, nécessaire à voir des jambes longues, fuselées se dégager de sous l'étoffe de tissu qui habille la pomme de ses fesses. Je lui adresse un sourire entendu, coince la cigarette entre mes lèvres, en prend une latte alors que je me fais glisser sur la capot, me dégageant juste devant elle, la dépassant d'un tête, relevant le compliment fait à Magnolia. Le sourire se fait plus enfantin, plus doux sur mes lèvres. Le genre de sourire que peu de personnes ont pu explorer sur mes traits, mais c'est l'effet Magnolia. Cette caisse, ça vaut toutes les thérapies du monde, tous les bénévoles et toute la prétendue médication imparable pour soigner les tarés dans mon genre. J'ai pas honte, j'en suis plutôt fier, ne pas être coincé dans le moule et de ne pas cadrer dans les normes de la société. Je n'ai cure d'absolument aucun de ses concepts, m'amusant nettement plus à faire le con qu'à me montrer obéissant à cette législation qui me donne envie de me crever les yeux. Autant passer du temps en taule que d'arrêter de respirer et marcher le cul serré de peur d'y retourner. Et si je peux faire mes trucs sans me faire emmerder par les autorités, c'est encore mieux, mais c'est pas plus mal sinon « Moi qui croyais que c'était me voir en sueur qui t'avais incité à te précipiter dans ma direction ». Elle a changé, tellement différente, à des années-lumières de la gosse de quinze ans que j'ai connu. La même que j'ai embrassé au bureau d'assistance sociale, avec les lèvres pleines, douces comme de la soie, légèrement gercées, juste envie que ma bouche lui serve de baume. Là, maintenant, tout de suite. Et pourtant non, ce serait pas drôle. Je regarde ses doigts parcourir la carrosserie de Magnolia, et je viens les arrêter en y insérant parfaitement les miens, pressant sa paume sur le métal chauffé par le soleil. Répond à son sourire par un regard amusé, malicieux. La contourne, garde sa main prisonnière sous la mienne. Emprise, pouvoir, envie qui se lève de la posséder pour de bon. Pour de vrai, et pas que ses phalanges. Elle, en entier, du début à la fin. Mais non, pas maintenant, pas tout de suite. Ce serait pas marrant « Elle encaisse autant que son propriétaire ». Je prends une dernière bouffée de nicotine, écrase le mégot sous mon pied, passe la main dans mes cheveux. Il fait chaud, j'ai soif et j'ai envie de baiser. Je referme ma paume autour de sa main, la fait glisser sur le métal jusqu'à ce que l'espace vacant sous nos doigts me donne le signal de la libérer. À contre-coeur, mais le pincement éveille d'autres envies. Beaucoup plus primitives que ce geste anodin « Le temps t'a simplement rendu plus bandante au fait ».
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MessageSujet: Re: j'ai fermé les yeux trop vite   j'ai fermé les yeux trop vite EmptyLun 29 Avr - 17:11

confusion in her eyes that says it all.
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Un sourire sincère, qui se veut heureux et détendu. Pendant quelques secondes, tu penses qu’il le fait pour toi. Parce que tu es là et que tu lui rappelles des souvenirs lointains, des souvenirs qui lui manquent et qui lui font du bien. Mais tu comprends bien trop vite qu’il ne fait aucune référence à cette vie finie, à toi. C’est de sa voiture, de son bébé particulier dont il est fier, qui le rend si.. normal. La vérité te déçoit presque, mais c’est ainsi. Il n’a jamais porté quelconque attention affectueuse envers toi, bien trop habitué aux mouvements rudes et secs. Jamais il ne te sourirait comme ça, parce que c’est la vie. « Moi qui croyais que c'était me voir en sueur qui t'avais incité à te précipiter dans ma direction. » Dès que ton père rentrait à la maison, il embrassait chastement ta mère après lui avoir passé une main au cul (son comportement avec elle était ma foi très étrange, il refusait toujours d’avoir quelconque relation sexuelle. Si tes amis parlaient régulièrement des bruits du lit de leurs parents, jamais tu n’as entendu une seule fois les cris de tiens. Pourtant, dès qu’il rentrait à la maison, il tapait toujours les fesses de ta génitrice, devant toute la famille. Comme si c’était leur marque de jouissance) et il partait vers vous, ses gosses, vous frôler le corps avec son odeur. Sa transpiration. L’odeur de l’essence, l’odeur de l’alcool, l’odeur de la mort. Tu as longtemps fais des théories sur l’occupation réelle de ton père. Ta mère te répondait toujours qu’il était chauffeur routier, ce genre de gars qui transporte des marchandises d’un lieu à un autre. Mais s’il transportait des réellement marchandises, tu doutais que ce n’était pas que des boîtes de conserves. Cependant, la sueur ne te rappelle pas uniquement cet homme perdu mais également tous les autres hommes. Les hommes trop excités, trop incontrôlés, ceux qui, pour la première fois de leur vie, baise enfin. Ainsi tu répliques, la mine dégoûtée. « Je déteste la transpiration. » Pourtant, tu ne peux que l’observer, te dire que cette sueur, ces perles qui dégoulinent sur son visage lui vont bien. T’irais bien aussi. Tu baisses le regard à la fois mi-gêné, mi-excitée de vous imaginez, vous deux. Dans le fond, tu n’as rien perdu de cette gamine qui fantasmait sur la relation que sa sœur entretenait avec cet homme. Quoi qu'en réalité, tu étais vierge, tu avais envie qu’on s’occupe de toi et c’était la seule marque d’affection que tu connaissais. Tu pensais que la violence de l’américain résoudrait tes rêves envolés. Mais avec le temps, tu as compris que ce que tu avais besoin, c’était juste qu’on s’occupe de toi, qu’on te fasse sentir importante. Pendant de longues années tu as vécu cette romance, cette douceur quotidienne, perdre ce sentiment si propre t’as descendu aux enfers. Alors tu reviens à l’idée que la violence est réellement une forme d’affection, de souffle nouveau. Continuant le chemin de tes doigts sur le métal, tu ne t’attends guère à sentir ses mains sur les tiennes. Sur le coup, malgré la chaleur de la carrosserie, tu as juste froid. Mais une fraîcheur qui passe subitement à une chaleur étouffante voir intoxicante. Tu ne l’observes même plus, tu regardes que tes mains qui brûlent à son contact, à celui de la voiture. Te mordant intérieurement les joues, tu ne peux plus supporter une seconde de plus ses mains sur les tiennes, mais tu as beau ordonner à tes membres de bouger, la force d’Elias est beaucoup plus supérieure que la tienne. Tu pourrais mourir maintenant. Ton corps ne tiendrait pas un seul coup du jeune homme. Trop petite, trop faible par rapport à lui. Tu te cambres un instant - retenant un cri de douleur - permettant à n’importe qui de voir la précision de tes os à travers la faible couche de graisse. « Elle encaisse autant que son propriétaire. » Tu ne comprends pas sur le coup ce qu’il tient à te dire, tu n’entends pas vraiment la prononciation de ses mots tant tu es concentrée sur vos mains, sur ce qu’il va faire. Tu continues toujours de te mordre les joues, petit à petit qu’il avance vos mains sur la chaude carrosserie, tu sens le goût du sang sur ta langue. Tu souffres. Lorsqu’il lâche enfin l’emprise de tes mains, tu les diriges directement vers ta langue, essayant de les refroidir, mais l’effet n’est que contraire et un gémissement de douleur sort de ta bouche. Il ne t'en faut pas beaucoup pour souffrir. Pourtant, tu subies chaque jour la violence masculine sur ton corps, on peut même voir sur celui-ci quelques marques violettes presque effacées avec le temps. Mais Elias, c’est une tout autre violence. Une violence jouissante, excitante à en perdre le souffle. « Le temps t'a simplement rendu plus bandante au fait. » Tes joues rougissent plus qu'elles ne le sont déjà. Tu prends feu. Tu tournes la tête vers lui, les yeux perdus, les sourcils froncés, signal de ton incompréhension. Tu bascules la tête sur le côté, gardant tes mains collées à ta bouche. Tes yeux se déplacent rapidement vers le bas de ton corps. Tu as de longues jambes, sans formes. Des sortes de baguettes facilement cassables. Tu détestes ton corps. Tu détestes l’image que tu offres. Ainsi tu te caches derrière des gilets trop grands pour toi, une chevelure imposante, du maquillage te rendant moins fragile mais aussi derrière une assurance que tu perds doucement aux côtés d’Elias. Tu enlèves tes doigts de leur position actuelle pour les faire tomber vers le bas, jouant alors avec eux, les tournoyant entre eux. La chaleur les a fait gonfler. Tu sais d’avance que tu vas sortir de cette histoire avec des cloques. « C’est seulement parce que tu m’as pas vu depuis un sacré bout de temps. » Mais tu oublies l’histoire du baiser d’il y a quelques semaines. Cette promesse qu’il t’avait faite, qui te rend encore folle. Te rapprochant un peu plus de lui, tu évites cependant tout contact avec la voiture, comme si soudainement elle était devenue un monstre dont tu avais peur. Tu ne veux plus baiser sur ce capot. Tu clignes plusieurs fois de suite les paupières, observant la rue à côté. Son regard te rend folle. « Tu n’as pas changé. » Répliques-tu d’une moue presque écœurée. « Juste les traits un peu durcis, tu dois être souvent en colère. » Tu conclus, inspirant profondément après ces vaines paroles. Tu ne sais pas pourquoi tu parles, t’aimerais juste te taire, plonger dans un bain tiède et t’envoler loin de cette misère. Mais pour une raison inconnue, tu restes là, attendant qu’il te dise de partir. Peut-être aurais-tu la conscience plus tranquille si t’agissais sous les ordres. Tu pourrais te dire : ‘‘Je l’ai fais parce qu’on m’a dit de le faire.’’ C’est tout, c’est comme ça, c’est pas toi.

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MessageSujet: Re: j'ai fermé les yeux trop vite   j'ai fermé les yeux trop vite EmptyMar 30 Avr - 3:36



y'a les regards de ceux que l'on
croise et ceux que l'on habite


Ce qui est intéressant, au contact de la brunette, c'est que je me dose de propos insignifiants sans avoir une singulière envie de foutre le camp. Les échanges verbaux et non-verbaux sont équivoques, voilés, délicats tout en demeurant franchement dans le genre de conneries que l'on balance à tout va quand on cherche à meubler le silence. J'aime bien quand c'est sa voix qui vient troubler l'ordre établi, la simple loi non-écrite où la plupart des gens fuient ma présence plutôt que d'accepter de me côtoyer. D'accord, j'ai l'air d'un taulard sans même le vouloir, les cheveux indomptables, le visage durci, les traits impassibles, à bosser jour et nuit sur Magnolia sans jamais m'afficher sans une cigarette au bec. Je jure comme un charretier, je passe entre des cuisses sans nécessairement connaître le prénom de sa propriétaire, je déboule souvent en sang, m'extirpant d'un taxi comme un soldat en plein champ de mine. Je beugle, je balance des obscénités à donner des envies de harakiri à une nonne. J'ai une classe discutable, un vocabulaire limité, et une singulière envie de tout fracasser dès que le moindre truc vient faire chier. On me fuit, et ça me va bien comme ça, tout est bien dans le meilleur des mondes. Sauf elle, elle qui me regarde avec des prunelles différentes, de ce regard de gamine qu'elle avait pour moi il y a longtemps, bien avant la taule, bien avant Irina, bien avant que je m'installe à Doakes District et que j'entende plus jamais parler de Amalya. Elle me regarde, ses grands yeux de biche, ses cils battant, provoquant des tornades alors qu'elle me dévisage, dégoûtée. Amusé, intrigué, daignant étonnamment s'intéresser à autrui. C'est décidément un jour à inscrire dans le calendrier, c'est le genre d'évènements qu'aimerait bien mater les psychologues qui se tuent à tenter de me faire socialiser. Si je parle, m'intéresse à qui ou à quoi que ce soit, c'est pour une raison précise. Jamais rien pour rien, tout a un but et une destination. Elle ne fait pas abstraction à la règle, elle, l'ancienne gamine trop curieuse, trop avide de goûter à ces mêmes plaisirs qui amenaient sa soeur dans une transe lucide, loin du sol, plus près du septième ciel, à quelques pas d'une falaise, un saut sans élastique dans un putain de monde où elle ne connait rien ni personne. Là où s'enserre étroitement plaisir et douleur...

« Ton regard est le même, tout le reste est accessoire ». Son regard de braise, son regard s'estompant chaque fois que j'essaie d'y éteindre le mien. Sa bouche entrouverte, laissant pénétrer dans sa bouche les goulées d'oxygène alors que la chaleur est suffocante. Ses traits réguliers, anguleux, toujours animés par cette curieuse et inexplicable détachement, une moue boudeuse, enfantine, comme si jamais la joie n'étreignait son visage et illuminait ses lèvres. Elle est belle, grand enfant aux prises avec des emmerdes d'adulte, belle avec son air détaché et apathique, belle de cette beauté singulière qui détonne de la beauté fade d'un sourire trop éloquent, d'un regard trop brillant. Belle d'une mélancolie dont on ne se lasse pas, même maintenant, même après tout ce temps. Je lui souris, contracte mes phalanges, les relâchant par la suite, diverti par les mimiques que les siennes n'ont de cesse d'effectuer depuis que je les ai relâchés. Douce, mélancolique créature, mythique relent de ce passé qui n'est pas si lointain finalement. Je passe la main dans mes cheveux, éponge de la sueur au passage, secoue la tête et pose un regard sur sa bouche, m'en détache péniblement, trouvant la force de m'extirper de mes observations pour lui répondre, haussant les épaules « Faut pas charrier, j'suis quand même pas ridé ». Je m'esclaffe, son innocence faussement représenté alors que perle dans ses yeux un regard de cent ans, usé et abusé, troublé et détaché. Tellement de ressenti dans son regard qu'il donne envie de s'y perdre encore et encore, sans se lasser, pour aller s'y oublier « La colère c'est bien, c'est bon et ça donne l'impression d'être vivant ». Je m'avance vers elle, sentant une onde émaner d'elle, une invitation à me priver d'empirer cette promiscuité. Je m'en fous, j'avance, retiens mon souffle, laisse un fin sourire s'imprimer sur mes lèvres alors que je la contemple de haut « Toi et ta moue boudeuse, qu'est-ce qui te rappelle que t'es en vie? ». Je pourrais poser ma main sur sa joue, sa pommette que je prévois brûlante comme la chair de sa main. Je pourrais poser ma main au creux de ses reins, et la plaquer contre mon bassin. Tant de choses, faire vibrer en elle une étincelle, qu'elle se brûle à assouvir ce vieux désir lancinant qui ne s'est pas estompé avec le temps. Faut croire que la cadette Thatcher a un petit goût de revenez-y...
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MessageSujet: Re: j'ai fermé les yeux trop vite   j'ai fermé les yeux trop vite EmptyMar 30 Avr - 16:05

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« Ton regard est le même, tout le reste est accessoire. » Tu hausses les épaules, peu satisfaite de l’argument d’Elias. Non, le reste n’est pas accessoire. Le reste reflète autant qui tu es et ce que tu veux être. Si tu étais vêtue comme une vulgaire femme, démunie de couleurs et de délicatesse, l’image que tu reflèterais ne serait pas la même que si tu t’habillais en Dior. Toi, tu ne fais que te balancer entre un luxe perdu - la richesse de s’habiller de soie et de dentelle, des textiles qui reflètent une innocence contrôlée, une douceur esquisse - et une misère évidente - du jean déchiré, des matières premières, de belles matières abîmées par le temps, par les endroits défavorisés et les mains crasseuses. Un style qui n’est sans rappeler l’immonde existence que tu traverses actuellement -. Une femme avec des jolies formes ne fait pas non plus le même effet qu’une femme trop imposante ou au contraire trop plate. Non vraiment, pour toi l’apparence est une étude capitale dont tu as longtemps voulu et cru être maître. Choisir de s’habiller en sainte nitouche et le soir en jeune femme délurée, en quête d’excès. Jouer avec les apparences est la meilleure des jouissances pour toi. Chacun son plaisir. Mais aujourd’hui, tu ne peux jouer qu’avec les restes, qu’avec la crasse qui semble faire des merveilles sur ta peau. Tu te dégoûtes. « Faut pas charrier, j'suis quand même pas ridé. » Son rire te fait écarter les lèvres, même dans tes souvenirs les plus lointains jamais tu n’as entendu un son aussi frais sortir de ses lèvres. Peut-être une fois, un rire forcé, limite de la moquerie. Mais ce n’était pas le même rire. Ce n’était pas la même prononciation, le même effet sur toi. Tu voudrais rire, comme si on t’avait lancé une bonne blague, mais aucun son ne sort de ta bouche et de toute évidence, tu trouverais ça trop déplacé, en fait. Rire, comme si de rien n’était, comme si la vie était belle et méritait d’être vécue. Comme s’il n’y avait plus rien qui te touchait. Tu prends une grande inspiration et passes une mèche de tes cheveux derrière ton oreille. La chaleur de ton doigt te fait grincer les dents, mais c’est supportable. Tu souris malicieusement, "supporter", ça fait bien un moment que tu le conjugues à toutes les doses. « La colère c'est bien, c'est bon et ça donne l'impression d'être vivant. » Tu lèves un sourcil. Oui, rire à en crever, pleurer toute son eau, s’énerver comme un tigre fou, oui, les excès nous font sentir vivant. C’est dans ces moments où on se dit que merde, on est là. « La colère est la plus pathétique des faiblesses. » Balances-tu en le regardant quelques secondes dans les yeux. Tu sais que tu es faible, tu gueules pour un rien sur la vieille aux légumes – parce que c’est la seule qui supporte tes vacheries, parce que sinon, t’es trop soumise et peureuse pour riposter de quelque façon qui soit -, tu pleures trop facilement, parce que, la plus part du temps tu es à bout de nerfs, que tu perds tout vocabulaire et que finalement, tu es trop faible pour te casser de cette misère et te battre. Bref, vous n’avez pas la même définition et tu commences à savoir pourquoi. « Toi et ta moue boudeuse, qu'est-ce qui te rappelle que t'es en vie ? » Son corps c’est approché du tien, peut-être trop à ton goût, peut-être trop pour que tu restes là sans rien faire, juste à l’écouter et répondre comme une élève obéissante. « Je boudes pas. » répliques-tu en faisant tes yeux étonnés, mais très affolés à la fois. Ton regard cherche une sortie, une réponse toute faite. Mais il n’y a pas de réponses toutes faites à ta portée comme dans les jeux télévisés. Et c’est là que tu en prends un coup, après tout, c’est vrai, qu’est-ce qui te fais sentir vivante ? « Eh bien.. Hum.. » Commences-tu en regardant tes chaussures. Tu joues encore avec tes doigts, les emmêler entre eux à ne plus comprendre vraiment ce que tu fais. Tu voudrais détourner la question, faire semblant. Car après tout, plus rien ne te ramène à la réalité, à part ces quelques souvenirs qui deviennent plus des illusions, voir des fantasmes. Les coups des hommes, le chien baiser la gamine du coin, les vieilles parler crument et se dandiner pour quelques dollars, les psys t’embrouiller le cerveau pour te faire petit à petit croire que tu es une folle, ne sont plus que des broutilles quotidiennes. Plus rien ne te touches vraiment. (..) Tu te lèves sur la pointe des pieds pour essayer d’être à la hauteur de l’homme en face de toi. Tu te sens moins petite, moins inférieure comme ça. Tu lui fais un léger rictus, mais ton sourire ne touche pas tes yeux assombris. « Ça. » réponds-tu quelques minutes plus tard en lui montrant la lame grisâtre qui glisse entre tes doigts pour tomber sur le goudron. Oui avec ça, tu ressens des choses, tu pars dans une réalité qui te plonge dans un orgasme inné. Dans un temps où tu faisais l’amour, où tu ressentais des émotions nouvelles, des émotions que tu as trop longtemps voulu vivre, des émotions qui te perdent aujourd’hui. Ça te ramène à lui, à ses mains qui parcouraient tes seins, qui te faisaient des tresses dans les cheveux, qui s’appliquaient à te dessiner des cœurs de sang sur ta peau, qui te parlaient de magie et de sciences. Ça te ramène à tout ce que tu ne peux plus vivre, à tout ce qui te rappelle que tu es loin de tout ça, que tu n’es plus qu’un corps grossier, mais qui vit, qui bat aux sons de ses démons. Un instant tu fermes tes yeux, tu te laisses bercer dans ces rêves doux, tes lèvres faisant quelques vagues informes. « Embrasse-moi. » Chuchotes-tu, consciente de ta demande. Tu t’approches un peu plus de lui, ta main gonflée s’entremêle dans la sienne pour ensuite remonter le long de son bras. Tes paupières s'ouvrent peu à peu, laissant juste de la place pour un regard dessiné de passion et d'impatience. Tu as juste envie de ressentir ça.
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MessageSujet: Re: j'ai fermé les yeux trop vite   j'ai fermé les yeux trop vite EmptyMer 1 Mai - 4:09



y'a les regards de ceux que l'on
croise et ceux que l'on habite


Je suis le même qu'hier, je m'étendrai dans mon plumard, accompagné ou non, saoul ou pas, pour me relever demain inchangé. Je suis immuable, comme si le temps n'avait aucune emprise et que j'étais condamné à terminer à ce stade d'évolution. Si j'avais une mère, sans doute en pleurerait-elle, ce qui me console pleinement. Que faire de ce trop plein d'émotions ingérables, d'une fragilité à fleur de peau et d'un soucis, d'un tracas pour autrui qui s'explique par des liens filiaux? Rien, absolument rien. Le néant. Je jongle avec peine à maintenir ces quelques misérables liens avec autrui que j'ai construis de façon aléatoire tout au long de ma vie jusqu'à maintenant, les bousillant consciemment ou les sortant de ma vie tout simplement. Le ressenti, autrui, très peu pour moi. Ce qui est bien, dans ce cas-là, c'est qu'on est le centre de son propre univers et qu'on s'adapte, s'autosuffit au final. C'est bien, c'est bon, c'est rassurant en un sens, avoir l'esprit en paix de devoir composer avec ces gens qui éclaboussent notre vie pour égayer les leurs, pathétiques au possible. Je me complais, moi, dans ces goulots de verre vides qui jonchent le salon de mon appartement, portant les traces de ma salive ou encore celle de Saporta. Je me sens bien à bosser sur Magnolia, du Led Zeppelin crachant dans la vieille radio quand ce n'est pas le tourne-disque de l'appartement qui fait jouer la discographie que je me suis procuré dans une vente de garage. Je suis heureux, comblé quand je peux prendre, tout m'approprier, sans jamais sourciller. Je suis égoïste et fier de l'être, parce que rien qu'à voir les emmerdes que se coltinent ceux pour qui les autres comptent, vaut mieux simplement s'en tenir à l'essentiel, soit sa propre gueule. Le reste, tout le reste, est illusoire. Même elle, alors qu'elle me fait un effet de tous les diables, une vague déferlante qui m'assèche la bouche et qui fait carburer mon imagination à plein régime. Elle si distante, elle si lointaine, elle qui provient d'une époque révolue. Le lycée. Rien que d'y penser, j'ai le frisson qui me traverse tout entier. Je préfère le chômage et dépendre des allocations que d'imaginer y retourner.

« La faiblesse, c'est de ne pas céder à exprimer sa colère ». Sinon ça gruge comme la gangrène, ça monte, ça bouffe tout sans se poser de question, ça brûle, ça chauffe, ça file la nausée et la fièvre en même temps. On se sent moche, on a envie de crever. On se meurt à petit feu, dosé par cette sensation désagréable de picotement sous la peau, et on cherche à l'expulser, la sortir de là à tout prix, au détriment de la chair et de l'épiderme. Ça dévore tout, les rêves, les aspirations, les réflexions et les rêves oubliés. Ça vole le passé, ça brouille le présent et ça gomme le passé. Résister à la colère, c'est pas sain, c'est intolérable, c'est plus douloureux encore que tout entrave à la santé physique. C'est de foutre une putain de camisole de force à son esprit. C'est l'impression que ça me fait chaque fois que je réprouve une pulsion alors que je contrôle, magnanime, mes expressions faciales pour que celles-ci ne dévoilent rien au grand jour. Encore mieux crever bouffer par les asticots Rage, Amertume et Rancoeur que de s'admettre faible. Encore mieux crever que de leur donner raison, à ces thérapeutes à la con. Je sens mon pouls s'accélérer, mes poings se contracter et se décontracter successivement. Cette envie lancinante, intolérable et irrésistible de répandre son poison pour éviter que celui-ci en vienne à t'intoxiquer, bien mieux que l'alcool, mais en moins fun. Alors je regarde la brunette, son air renfrogné, son regard mutin, ses traits tirés, la forme anguleuse de son visage. Douceur, fragilité incarnée, et miraculeusement se retire l'envie de frapper. Plus efficace que les antipsychotiques et les sédatifs réunis, rien que sa gueule a le don de m'arrêter. Peut-être j'ai simplement pas envie de l'effrayer pour de bon. Je parviens pas à m'y résoudre, pas aujourd'hui, pas maintenant, pas alors que je n'ai pas eu d'elle ce que je lui ai promis sans un mot, il y a de cela presque sept ans et des poussières. Mon regard est rivé sur elle, sur ses mimiques et sur les émotions qui lui passent sur les traits successivement, une vraie pièce de théâtre vient prendre possession de son visage seul, sans même en eut-elle conscience. Elle est belle, étrange et singulière, troublante et visiblement troublée. Mais elle est belle, belle d'une beauté surnaturelle « Embrasse-moi ». Les mots me percutent comme un raz-de-marée alors que je la domine d'une tête, qu'elle glisse sans crier gare sa paume à la mienne. Chaleur moite qui se joint à mes phalanges, imprévisible et inattendue. Juste avant de me glisser des doigts alors que les siens remontent. Je la laisse faire, catatonique, muet, stupéfait. Elle, ça, ici, maintenant. J'accroche son visage de ma paume, l'encadre, pose mon pouce sur ses lèvres, écarte celle du bas. L'observe, silencieux. Il fait chaud. Trop chaud. Elle, moi, après tout ce temps. À quelques centimètres de goûter au satin de ses lèvres, un fruit muri avec les années, bonifié comme pas permis. J'embrasse cette lèvre mise en évidence par mon doigt, l'embrasse elle uniquement, apposant mes dents pour marquer sa chair. Elle ne bronche pas. Mais je suis impatient, je suis conquérant et ça ne me suffit pas longtemps. Soulevée de terre, aussi légère qu'une plume, je la dépose sur le capot de ma caisse, remonte mes mains sur ses cuisses, insérant les doigts sous son short. Relevant les yeux pour croiser son regard, brumeux, lointain, brillant « Ces choses que tu m'inspires là, maintenant, tout de suite ». Ce n'est pas l'effet de la colère qui m'insuffle la sensation d'exister, mais bien son regard qu'elle me porte. Étrange, insondable, changeant chaque seconde pour mieux préserver ses mystères. Exister, vivre, rien que pour comprendre ce qui se cache sous sa surface...

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MessageSujet: Re: j'ai fermé les yeux trop vite   j'ai fermé les yeux trop vite EmptyMer 1 Mai - 15:45

confusion in her eyes that says it all.
she's lost control. and she's clinging to the nearest passer by.
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« La faiblesse, c'est de ne pas céder à exprimer sa colère » Une fois encore tu n’es pas d’accord avec les propos de ton interlocuteur. Au contraire, résister est selon toi une forme de contrôle. Garder toute émotion en soi, faire comme si de rien n’était et comme si le monde ne te touchait pas, c’est assez puissant. Du coup, ils veulent te faire changer, ils te balancent toutes les pires émotions à la gueule pour voir ta réaction, voir si peut-être, tu ressens quelque chose. Mais rien ne change sur ton visage, tout reste de marbre. Juste ce petit rictus plein de malice et de moquerie. Pour toi, c’est ça la force. La force de rendre les gens barges. Mais tu n’y arrives jamais. Chaque fois, chaque instant, on peut voir des goûtes de larmes ruisseler dans tes yeux, on peut voir la brillance de ton regard, la faiblesse de tes sentiments. On peut admirer la frustration, parfois la culpabilité, mais surtout la peur. Tes yeux vrillent toujours, ils explorent les environs, comme si quelque chose d’horrible allait te surprendre sans que tu ne t’y attendes. Tu inspires un bon coup, secouant la tête dans tous les sens, mais ça ne t’aide aucunement à chasser toutes les idées noires qui dégoulinent en toi. C’est déstabilisant.
Ta main qui explore son bras, tes yeux qui cherchent à analyser ses réactions. Mais il n’y a rien à déchiffrer. Il est là, impassible limite pacifique par tout ce qu’il se passe. Alors donc tu ne lui fais aucun effet ? Les questions se bousculent dans ta tête, s’en est jusqu’à te demander si tu ne devrais mieux pas partir tout de suite de là et rentrer chez toi, ou du moins ce qui te sert d’habitation. Puisque, même s’il réagissait un instant, même si tout se déroulait comme il aurait dû s’y faire des années déjà, en serais-tu capable ? Toi la gamine prise de fascinations sans sens. Serais-tu capable de tenir le choc, de résister ? La force, le contrôle, la préservation. Des réflexions qui te secouent, qui t’agressent le ventre. Tu sens sa main se faufiler au creux de ta joue, son pouce caresser ta lèvre inférieure. Tu trembles, tout ton corps n’est qu’une feuille secouée par les ravages du vent. Tout se passe lentement, trop, pas assez. Assez pour se poser de multiples questions sur la suite des évènements en tout cas. Ton cerveau bourdonne. Tu vas tomber. Il t’embrasse. Du moins cette lèvre. Tu t’immobilises, ta main vient serrer son bras au même moment qu’il mord cette lèvre. Une lèvre te suffit à paniquer. Et en une fraction de seconde tu es sur le capot. Tu ne veux pas. Tu as peur de la chaleur de la carrosserie. Tu as l’impression d’étouffer. Tes muscles te broient trop vite. Tu essayes pourtant de défier cette emprise mais ses mains viennent plaquer tes cuisses contre la chaleur. Merde. « Ces choses que tu m'inspires là, maintenant, tout de suite ». Tu le regardes d’yeux affolés mais à la fois excités. Tes joues rougissent. Rien que des paroles. Mais n’était-ce pas ce que tu voulais ? Ressentir tout ce que tu n’as jamais pu ressentir. Tes doigts viennent se faufiler dans sa chevelure épaisse, mouillée. La sueur rend le moment désagréable, mais tu n’en as que faire. Il faut que tu t’accroches. Il faut que tu oublies ce feu qui t’enserre. Tes lèvres vont chercher les siennes, mais tu as l’impression d’embrasser comme un chien, de ne plus savoir rien faire. Alors tu lui murmures dans un souffle chaud « Enlève-moi du capot. » Ta voix en devient presque suppliante. Tu n’es pas prête. Tu n’es pas prête à subir tout ce que les autres filles ont pu avoir. C’est trop lourd, trop horrible. Rien que le contact de la carrosserie te rend folle, te fait du mal. Tu voudrais t’enfuir maintenant. Ton corps s’affole, gigote sous ses caresses que tu essayes de repousser avec ta main libre. Tu voudrais être tout ce que tu n’es pas. Tu voudrais lui en faire voir de toutes les couleurs. Mais tu t’étouffes dans des espérances trop folles pour toi. Tu n’es que l’enfant qui rêvait d’atteindre les hauteurs du plaisir. Tu pensais que tout était facile, qu’il suffisait de serrer les dents et de le laisser faire. Tu ne retiens même plus les quelques souffles lourds qui sortent de ta bouche. Tu ne retiens plus rien. Tu es trop concentré à oublier la douleur qui te ronge la peau pour éviter tout gémissement. Tu fronces les sourcils, l’observes un instant. Tout mais pas ici. Tu veux fuir cette voiture, cette voiture qui t’étouffe. Tu la déteste. Tu détestes son bébé. Tes doigts glissent sur le visage du jeune homme, tu fuis chaque baiser qu’il pourrait t’offrir, tirant sur son t-shirt rempli de transpiration. Qu’il prenne une douche merde. Une nouvelle fois tu essayes de bouger, tes yeux se mettent à genoux pour qu’il te prenne ailleurs, mais pas ici. Tu viens te blottir au creux de son cou, fermant les yeux. « Arrête Elias. » miaules-tu d’une voix sonnée. Pourtant il ne fait rien. Il ne fait rien qui puisse te faire du mal. Tu as juste peur. Tu as juste peur de ne pas tenir le choc.
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