❝People always leave. ❞

L'heure était une nouvelle fois aux retrouvailles. Toby ne se rappelait plus la dernière fois où il avait été autant nerveux. Certes le fait de revoir Elisa avait été déjà assez éprouvant pour ses nerfs mais là c'était une tout autre affaire étant donnée qu'il devait affronter ses parents adoptifs. Lorsqu'il leur avait donné des nouvelles, c'est-à-dire la veille, ses parents ont étonnamment très bien réagi. Ils n'avaient qu'une hâte le retrouver. Ses parents avaient toujours été très compréhensifs que ce soit avec lui ou encore avec sa petite soeur. Ils avaient tout de suite compris lors de leur arrivée dans leur foyer qu'ils ne pourraient jamais les séparer, ils savaient que Jules et Toby avait ce lien que peu de personnes avait l'occasion d'avoir. Ces deux-là avait toujours ressenti un amour fraternel. Leur amitié, leur lien était si fort que les personnes autour d'eux se demandaient comment leur relation allait être lorsque l'un des deux aurait une relation amoureuse avec une autre personne. Lorsque Toby avait rencontré Elisa tout avait changé à ses yeux. Bien que sa soeur était toujours dans son coeur, toujours à la première place au moindre problème, Elisa petit à petit commençait elle aussi à prendre une grande importance. Jules n'avait jamais imaginé, n'avait jamais vu Toby agir de cette sorte envers une autre fille. Est-ce qu'une jalousie s'était alors installé, Toby n'en avait aucune idée. La seule chose qu'il avait remarqué c'était cette distance que les jeunes femmes avaient installé, durant cette période Toby n'en avait pas fait attention... il aurait peut-être dû au final.

Il était en train de se préparer, avait pris la décision de se vêtir d'un costume noir, il avait envie d'être classe pour les revoir mais lorsqu'il vit son reflet dans le miroir il ne pouvait s'empêcher d'observer l'homme qui était en face de lui. Il était propre sur lui, on dirait presque qu'il était prêt à faire la fête. Il avait cette drôle d'impression de faire partie de la haute bourgeoisie d'Orange. Une image de son défunt ennemi Harvey lui vint en mémoire et Toby du très vite se résoudre à changer de tenue au risque de ce dégoûter lui-même. Après avoir décidé de sa tenue, c'est-à-dire un pull léger blanc avec un jean foncé plus une veste noire il décida d'affronter la nuit et la pluie. Effectivement il n'a même pas posé un pied dehors qu'il se prend une rafale d'eau sur la tête. Il regarde l'heure sur sa montre, il n'a pas le temps de remonter pour se changer, il doit donc y aller comme ça. Ne voulant pas aggraver les choses il hèle un taxi et après avoir réussi à en attraper lui indique la direction. Le chauffeur va pour lui faire une remarque sur le fait qu'il soit trempé mais le regard de Toby voulant tout dire, il se renferme comme une huître. Toby nerveux sur la route, prend son jeton fétiche et joue avec dans la voiture, bien que naturellement et généralement ça le calme cette fois-ci son stress ne fait que s'agrandir en fonction des kilomètres qui ne font que diminuer seconde par seconde. Arrivé à destination il reste un moment dans la voiture, il réfléchit à la manière de sortir de ce taxi, à la manière de retrouver ses parents, la dernière fois qu'il les a vus il n'était rien et aujourd'hui il... n'est pas grand chose... ses parents n'ayant jamais aimé vraiment l'argent ni les jeux. Il décide d'ailleurs de ranger le jeton dans sa poche de veste puis décide enfin de sortir. Il donne l'argent au chauffeur puis tape sur le haut de la voiture signifiant qu'il peut partir. Se trouvant devant son ancienne maison, une pointe de nostalgie touche son coeur. Il n'ose pas rentrer. Pourtant il sait qu'il doit y aller, il a promis et à son retour à Orange il a décidé de tenir toutes ses promesses.

Arrivé devant le seuil de la porte il toque frénétiquement. Il imagine que sa mère attendait derrière la fenêtre car il n'eut même pas le temps de prendre son inspiration que la porte d'entrée était déjà ouverte, que sa mère les larmes aux yeux le pris dans ses bras. Au début décontenancé, mal-à-l'aise il y pris étrangement goût et la retourna son étreinte. « Bonsoir maman ! » dit-il d'une voix fragile. Il voit un peu plus loin dans la pièce son père qui lui adresse un sourire, ce sourire qui dit tout. L'étreinte passé, ils se retrouvent dans la toute nouvelle véranda que son père à construite avec Ben. Le fait d'entendre le prénom de son ancien meilleur ami le touche, il a envie de dire quelque chose mais il se retient car il sait au fond qu'il aurait dû être à la place de Ben. Mais le passé était le passé et aucun des trois ne voulait en parler. Ils étaient en train de prendre l'apéro lorsqu'il entendit quelqu'un rentrer dans la maison, étonné il se tourne vers ses parents et leur dit dans un ton totalement innocent, n'imaginant pas ce que ses parents lui avait préparé. « Vous attendez quelqu'un en plus ce soir ? » Ils ne répondent pas pourtant il sent une présence derrière lui. Curieux il se détourne d'eux pour apercevoir une silhouette qu'il pourrait reconnaître entre milles. Sa sœur. Un joli petit bout de femme. Il la regarde de haut en bas et ne peut s'empêcher d'apercevoir qu'elle se tient debout à l'aide de ses béquilles. Une piqûre de rappel de cette nuit dans le casino où tout a basculé, où la vie de Jules s'est effondré. Toby ne sait même pas si sa sœur se souvient que c'est lui qui l'a sauvé des flammes. Certes il n'attend pas à ce qu'elle se jette dans ses bras ou encore moins des remerciements pour l'avoir sauvé des flammes, il sait que de toute façon Jules n'est plus la même et ce n'est pas dû à ses recherches qu'il le sait mais c'est au visage qui le scrute qu'il peut le voir, le sentir. Depuis l'arrivée de sa sœur un silence c'est installé. Toby décide alors de le rompre prudemment. « Bonsoir ! » Approche banale mais des plus dangereuse. Lui qui pensait que la soirée allait être mouvementée il ne croyait pas si bien dire. 

Spoiler:

C'est drôlement dangereux de s'attacher à quelqu'un, c'est incroyable ce que ça peut faire mal. Rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse. C'est moche de guetter un signe de quelqu'un pour se sentir heureux...

forgiveness is earned

Une fois de plus, je devais aller diner chez mes parents adoptifs. J'y allais deux fois par mois environ, pas plus. C'était pas parce que je ne les aimais pas, bien au contraire. Depuis notre arrivée, Toby et moi, lorsque nous étions jeune, ils nous avaient traités comme leurs enfants biologiques. Ils nous avaient tous donnés, un foyer stable, de l'amour, une éducation correcte, un dîner chaque soir, bref j'aurai pu tomber sur des psychopathes, qui sait. Mais non, j'étais tombée sur une petite famille adorable. Seulement depuis le fameux accident du casino, qui avait lieu il y a presque onze ans, mes parents me traitaient différemment. Ils me regardaient d'une autre façon. Leurs regards trahissaient toutes leurs pensées. "La pauvre, la personne qu'elle aimait le plus dans ce monde la laisser quand elle avait le plus besoin de lui." "Elle doit être mal à l'aise dans cette chaise." "Comment fait elle pour vivre dans ses conditions, tous doit être difficile pour elle." "Et si on lui proposait de vivre avec nous, ça sera plus facile pour elle." Et celui qui me tuait à chaque fois, le regard que je recevais surtout les premiers mois après l'accident: "est ce que je les ai éduqué pour qu'ils finissent dans un casino alors qu'ils étaient des adolescents ?" du coup, j'évitais autant que je pouvais d'aller chez eux. Mais d'après mon psychologue, je devais y aller, même si ça me rappelait Toby, notre enfance et les beaux souvenirs qu'on avait crée. Hé oui, après tout ce qui s'était passé, ma vie qui s'était détruire en une soirée, j'arrivais toujours à penser aux bons moments passer auprès de mon frère. Après onze ans de réflexion, je savais toujours pas pourquoi il était parti, tout d'un coup, sans prévenir qui que soit. Je savais pas comment je réagirai si je le voyais, si après onze ans il viendrai toquer à ma porte. Même si ça n'allait jamais arriver puisque je connaissais Toby, ou Will, je savais même plus comment je devais l'appeler.

J'étais devant mon miroir, j'observais les jambes de mon autre moi. J'avais laissé mes béquilles sur mon lit qui était à quelques mètres de moi. Ce que je faisais était sûrement masochiste, appelez ça comme vous voulez mais je pensais tout les jours à cet accident qui m'avait mis dans cet état. Qui avait brisés mes rêves et détruit ma relation avec mon frère. Quand on regardais mes jambes, elles avaient l'air totalement normal. Du coup, on voyait une fille qui avait l'air plus jeune que son âge, petite de taille, blonde aux yeux, qui trahissait une tristesse énorme dans ses yeux mais pas handicapé. Oui, j'utilisais ce mot pour me d'écrire. J'arrêtais de me fixer dans le miroir et décidais de mettre une robe blanche en dentelle, tandis que mes cheveux étaient tressés. J'hésitais à appeler Ben pour qu'il me dépose, avec cette pluie et dans la nuit, j'allais pas trouver un taxi rapidement, sans être toute trempée en tout cas. Je savais que Ben aurait jamais dit non, et qu'il arriverait dans un quart d'heures maximum. Ben était le genre de meilleur ami que tu pouvais appeler en pleurant à quatre du matin et qui viendra immédiatement chez toi et franchement, j'avais besoin de quelqu'un comme ça dans ma vie. Je l'aimais plus que tout et sans lui, je sais pas ce que je serais devenue. Au final, j'avais décidé de sortir trouver un taxi seule, comme une grande. Ben n'avait pas que ça à faire. Je pouvais bien évidement pas porter un parapluie puisque les bras étaient prises par les béquilles et si je pouvais marcher, je devais les utiliser. Je restais à l'abri de la pluie en me cachant devant la porte de l'immeuble et après un long moment, un taxi remarqua enfin ma présence. Je marchais le plus rapidement possible vers lui. Je lui donnais l'adresse, je vis qu'il avait remarqué mes béquilles, il ne commenta pas, tant mieux.

Arrivée à destination, je payais le conducteur puis ouvrit la porte. Je m'apprêtais à sortir mes béquilles, je réalisais tout juste que je devais encore une fois affronter être pluie odieuse mais à ma surprise, le conducteur était sorti du véhicule et vint, non pour m'aider mais pour protéger ma petite tête avec un parapluie, en tant normal, je l'aurai rejeter mais je ne pouvais pas me le permettre alors je me contentais de lui sourire. Quelques minutes plus tôt, je pensais que j'allais être d'un état lamentable mais j'étais complètement sèche lorsque je toquais à la porte. Je ne pensais rien de particulier de ce rendez vous familiale, enfin il était incomplet sans Toby mais après onze ans, on n'y pensait plus. La porte s'ouvrit et ma mère vint m'aider pour rentrer, j'avais horreur de ça, elle ne réalisait sûrement pas qu'après des années de pratique, j'avais pas besoin d'aide. j'avais cru que cette rencontre serait banale, du coup je m'étais pas préparé, moralement pour ce qui m'attendait, enfin qui m'attendait, au fond du couloir. Mon frère. Oui, le fameux Will. Celui qui m'avait abandonné. Bla bla bla. J'avais pensé à cette rencontre tous les jours pendant onze ans, aucun jours ne passaient sans que je ne pense à lui. Est ce qu'il était heureux, là où il vivait ? Est ce qu'il regrettait ce qui avait fait ? Est ce qui pensait à moi ? Mais pour notre rencontre, je m'imaginais entrain de l'insulter, entrain de pleurer, de le gifler, de courir dans ses bras. Au moins mille scénarios possible, et pourtant, je n'avais pas imaginé que je serais bouche bée. Il me regardait de haut en bas, et je remarquais son expression facial lorsqu'il vit mes béquilles. Un peu comme tout ceux qui voyaient l'état dans lequel j'étais mais voir sa réaction, la réaction de Will,  celui qui décida de me quitter le soir qui avait causé cet handicap. Un silence s'installa dans la pièce pendant un long moment, je sentais le regard de mes parents posés sur moi. Ils attendaient sûrement une réaction mais mon visage était impassible, serein même. « Bonsoir ! » je restais bouche bée, certes, je m'attendais pas à une excuse ou un monologue mais un bonsoir simple, j'étais presque insultée. C'était à mon tour de le scruter de haut en bas. Il n'avait pas énormément changer. Il portait des vêtements assez décontracté et je remarquais qu'ils étaient légèrement mouillés.
Un sourire jaune s'affichait sur mon visage, je savais pas trop quoi dire. J'avançais pour saluer mes parents, puis m'arrêta devant Toby. « après onze ans, c'est tout ce que tu as à me dire ? »

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❝People always leave. ❞

Bien qu'elle soit en béquilles, bien que Toby essayait d'imaginer la souffrance que sa soeur avait pu subir tout ce temps et encore aujourd'hui elle réussissait tout de même à faire du sarcasme. Comme quoi le fait de le revoir ne lui faisait pas si plaisir que cela. En même temps Toby ne s'attendait pas à ce que Jules lui saute dans les bras. Dû à l'accident sa soeur était devenue fragile et lui se devait d'être fort pour elle. Il fallait donc dans un premier temps qu'il ne montre pas au travers de son regard ses pensées, il fallait qu'il paraisse neutre, il fallait qu'il la regarde avec le même regard d'il y a onze ans. Il s'en voulait de l'avoir laissé, de ne pas lui avoir rendu visite à l'hôpital. Même si ce soir-là sa décision avait été prise il savait qu'il aurait dû au moins lui rendre une petite visite, lui montrer qu'il était là même si ce n'était qu'un court instant. Mais il ne l'avait pas fait et n'avait qu'une envie à présent, la récupérer. "Il faut bien commencer par quelque chose non? Alors si cela ne te dérange pas je préfère utiliser la politesse avant de rentrer dans le vif du sujet!" Lui répondre par une provocation n'était peut-être pas la meilleure manière pour débuter une conversation mais Toby n'aimait pas qu'on l'attaque de front directement. Il voulait être poli et se voyait très mal débuter ses retrouvailles par une explication des plus bancales et non travaillé. Il avait été pris de court et n'aimait pas ça! Il fallait donc qu'il improvise, une nouvelle fois, pour faire bonne figure. Un long silence s'ensuivit ce qui amena Toby à réfléchir sur la situation qui se trouvait être, étonnamment, loin d'être banale. Généralement lors des retrouvailles en famille les personnes présentaient des mines joyeuses, radieuses même parfois. Ils s'embrassaient, s'éternisaient sur des étreintes et des banalités sur leur vie quotidienne. Au lieu de ça, la famille Reid était en train de vivre le plus long silence pesant qu'il n'y avait jamais eu dans cette famille, pas même après leur arrivée dans leur famille d'accueil il y a de ça quelques années.

La première à fuir fut leur mère prétextant qu'elle devait faire un tour dans la cuisine pour voir si le repas n'était pas en train de brûler. Quelques temps après ce fut le père qui prit la poudre d'escampettes direction le salon pour regarder les résultats du match de hockey qu'il avait soi-disant raté dans l'après-midi. Toby presque amusé par la situation fit un bref geste d'au revoir avant de se focaliser de nouveau sur sa soeur qui ne l'avait pas lâché du regard depuis son arrivée. Il comprit très vite qu'il ne restait plus que Jules et lui. Pensant qu'ils n'allaient pas rester debout encore longtemps il eut le réflexe de se diriger vers elle pour l'aider à s'asseoir mais le regard de sa jeune soeur lui fit très vite comprendre qu'il valait mieux rester à sa place. Ben avait pris ce rôle, lui n'était plus rien en tout cas, aux yeux de Jules. Il ne pouvait pas lui en vouloir, il avait laissé cette situation se créer avant même son départ. Comment lui montrer maintenant qu'elle pouvait compter sur lui? Comme l'avait si bien dit Elisa l'autre jour, Toby ne savait pas tenir à quelqu'un en tout cas il ne savait pas le montrer. Il décida quelques temps après de s'asseoir. Toby avait réfléchi à la manière d'aborder le sujet mais n'arrivait pas à débuter sa phrase ayant la gorge nouée. C'était dur pour lui de parler de ses sentiments. Il savait qu'il devait accepter ce qu'il avait perdu en la quittant. Mais il n'arrivait pas à mettre de mots. Pas les bons. "Je..." commence-t-il faiblement. "Je ne voulais pas que ça se passe comme ça! Je crois qu'ils ont essayé de bien faire!" dit-il en évoquant ses parents. "Je suis désolé et je sais... oh oui je sais que cela ne suffit pas mais je voulais te le dire!" dit-il en cassant le silence. Il savait que ce n'était pas assez, que ses excuses n'étaient pas assez suffisantes mais bien qu'il ne lui avouera jamais, il était en colère face à cette situation. Oui il l'avait abandonné, oui il n'avait donné aucune nouvelles mais c'était lui qui l'avait sauvé des flammes. Cette pensée il l'a détesté, c'était une pensée égoïste qui ne lui ressemblait pas, mais en même temps il se demandait parfois si sa soeur se souvenait de ça. Est-ce que le fait d'être parti pendant des années avaient effacé le fait qu'il lui avait sauvé la vie? Apparemment oui. Mais là encore avait-il le droit de lui en vouloir lui aussi de ne pas avoir reçu de merci? Il savait qu'il n'avait pas le droit d'en parler. Car ce serait se poser en martyr et Toby ne voulait pas en être, il ne l'avait jamais été, n'avait jamais voulu l'être et ce n'était pas aujourd'hui que cela allait changer. Il n'avait pas le droit de poser de questions, de parler de lui car il était la cause de ses soucis. Toby était le problème et il devait se résoudre pour qu'elle aille mieux. Il ne devait plus fuir mais affronter ce qu'il avait tourmenté, ce qu'il avait cassé, ce qu'il avait détruit.  

Spoiler:

❝People always leave. ❞

Des sarcasmes. Ma soeur avait réussi à s'améliorer dans le sarcasme ce qui n'était pas vraiment une chance pour lui. Le fait qu'elle évoque ses parents ne le mettaient pas non plus à l'aise, sa phrase tout court le gênait. Bien que cela l'énervait il savait qu'il ne devait pas leur en vouloir. Ils voulaient juste retrouver la famille qu'ils avaient eut du mal à voir. Il n'avait eu qu'une envie à cet instant lui répondre comme il l'aurait fait il y a quelques années. Comme un grand-frère mais le comportement de sa soeur lui faisait comprendre qu'il ne tenait plus ce titre, en tout cas pour elle. Il savait que la situation était plus difficile que celle qu'il avait pu vivre il y a quelques jours avec Elisa. La relation n'était pas la même et même si celle avec Elisa était complexe celle avec sa soeur était différente. Ils ne s'étaient jamais quittés depuis qu'ils s'étaient rencontrés à l'orphelinat de Chino. Il se rappellerait toujours du courant qui s'était immédiatement fait avec Jules. Cette petite tête blonde et ce petit châtain, toujours fourré ensemble. On ne pouvait les décrocher, l'un avait toujours besoin de l'autre, l'autre ne pouvait imaginer son futur sans l'un. Bien qu'ils n'avaient aucun lien de parenté, biologiquement, pour eux tout était clair. Leurs parents les avaient abandonnés tous les deux pour qu'ils se retrouvent quelques années plus tard. Pour eux c'était évident ils étaient frère et soeur et lorsque la famille Reid venu pour adopter une petite fille il comprit très vite que la petite Jules ne pourrait lâcher la main du petit garçon se trouvant auprès d'elle. Il esquissait un grand sourire. Les parents avaient au début essayait de les séparer, en douceur mais lorsque la petite fille était en train de jouer, Will était venu à leur encontre. Il se rappellera toujours de ses paroles: "Bonjour, je sais que vous ne voulez pas me prendre, je suis trop grand pour vous! Mais si vous prenez Jules... faites bien attention à ma petite soeur! C'est tout ce que j'ai à dire... Et puis non... je serais quand même là et quand je serais plus âgé j'irai la récupérer car vous savez que vous avez pas le droit de me l'enlever!" il prit ses jambes à son cou et alla rejoindre sa petite soeur pour la serrer dans ses bras. Quelques jours après on l'avertit que la famille Reid voulait l'adopter avec Jules. Cette époque était bien révolue, ils avaient grandi et s'étaient éloignés. Il savait que ses pauvres excuses n'allaient pas suffire, il n'était pas dupe ni con. Mais il l'était et avait besoin de lui dire avant de lui avouer ce qu'il avait lui aussi sur le coeur. Mais pour l'instant ce n'était pas à lui de se confesser et sa jeune soeur l'avait très vite comprit étant donné qu'il ne lui fallut pas beaucoup de temps après les excuses de Toby à monter sur ses grands chevaux et à hurler sa peine et surtout sa colère qu'elle avait gardée contre lui pendant onze longues années.

Le fait qu'elle lui lance en premier lieu son mensonge en pleine poire ne lui fit évidemment pas plaisir. Toby n'appréciait pas qu'elle lui lance ça dans la figure alors qu'elle était l'investigatrice de toute cette mascarade, bon oui c'était lui qui l'avait perpétré mais quand même ils en étaient tous les deux fautifs. "Tu peux m'appeler Will, je sais que tu ne supportes pas mon autre prénom!" dit-il froidement. Il sait qu'il n'était pas en position de négocier ou encore de se plaindre mais il préférait régler ce problème de prénom tout de suite plutôt que de le laisser traîner tout le long de leur discussion. Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Jules était repartie de plus belle. Lui remettant toute la faute sur son dos. Il s'y attendait. Même si sa première phrase lui donna un coup de massue. Elle pensait réellement ça de lui. Bien qu'il s'était promis de l'écouter avant de rebondir il eut envie de clarifier ce point et pris au vif se mit lui aussi debout. "J'étais là Jules! J'étais à l'hôpital ce soir là comme tu dis où je t'ai abandonné d'accord! J'étais là et j'ai attendu comme Ben à l'hôpital pour savoir si tu allais survivre! Je ne me suis pas enfui après le casino j'étais là pour savoir si ça allais. Et..." le voilà que sa gorge se noue de nouveau. Il n'arrive pas à le dire, n'arrive pas à parler de ce moment où il a entendu le docteur, où il n'a pas eu le courage de pousser la porte, où il a eu cette brillante idée pour prendre la poudre d'escampette pour mieux revenir... Sachant qu'il n'y arrivera pas il décide de se rasseoir et de l'écouter de nouveau parlant de ses béquilles... et de ce que lui a dit le docteur ce soir-là. Tout ça il le savait, il y était. Mais sa soeur elle n'en avait eu aucune idée, en tout cas jusqu'à aujourd'hui, de sa présence ce soir-là. "Tu crois que je ne le sais pas." dit-il doucement en relevant les yeux, en la regardant droit dans les yeux. "Tu crois que je suis si con que je pensais qu'un simple désolé allait suffire. Je le sais Jules mais tu vas peut être trouver ça débile mais je le suis! Je suis désolé de t'avoir laissé tout ce temps, je suis désolé pour ton accident mais.." dit-il en prenant un temps de pause et en se relevant. Il ferme les yeux, essayant de trouver les bons mots qui sont aux abonnés absents. "j'aurais voulu que tout ça ne soit jamais arrivé tu le sais! Mais je ne me voyais pas non plus revenir à ton chevet alors que ce soir-là tout a changé!" dit-il sachant pertinemment que ses propos allait être mis à mal dans quelques secondes.