Citation :

nolan & kety
« i'll dance, dance, dance with my hands, hands, hands above my head, head, head. »

Il ne devrait pas être là… dans ce bar à essayer d’être, l’espace d’un instant, une autre personne. Les faits étaient pourtant bien réels. Que croyait-il ? Qu’il serait la seule personne à changer durant ces trois années ? Il l’aurait certainement préféré. Un verre de scotch à la main, Nolan faisait tourner ce dernier entre ses doigts, le regard vide de toute expression. Ni triste, ni joyeux et encore moins en colère. En réalité, il ne trouvait pas le mot juste pour définir au mieux la sensation qu’il ressentait depuis qu’elle était revenue. Un peu plus d’une semaine. Il aurait dû être heureux de revoir Emily après tout ce temps mais, parce que rien n’est jamais trop simple chez les Hillington, il avait fallu qu’elle lui annonce cette… nouvelle. Oublier, était son unique souhait. L’alcool, une échappatoire. Levant son verre afin de l’apporter à ses lèvres, Nolan fit glisser le liquide précieux le long des parois avant de reposer le récipient sur le comptoir, vide. Ce n’est qu’une fois la seconde boisson commandée, que Nolan se décida à changer de position et à jeter un regard circulaire autour de lui, repérant ainsi un client, dans le style gros molosse, qui discutait –était-ce le mot adéquat ?- avec une silhouette familière, trop familière. Son sourcil droit s’arqua et, poussé par une force invisible, il pencha légèrement la tête. Allait-il se conduire comme tous ces crétins qui semblaient tous, subitement, passionné par le contenu de leur verre ? Après tout, qui sait, peut-être que s’il ne voyait pas le fantôme de la personne qu’il avait tant aimée en Kety, il aurait fait de même. Il se leva souplement et partit à la rencontre du molosse qui avait quitté Kety et qui ironiquement se dirigeait dans sa direction. Lorsqu’il fut assez proche de lui, Nolan d’un geste simple et maîtrisé, saisi le bras de l’homme avant de le tordre, un regard dédaigneux posé sur son visage gras. « Je ne vais pas perdre mon temps à me présenter mais, je te donnerais simplement un conseil, pour la prochaine fois. Garde tes mains dans tes poches. » Il râla et n’hésita pas à lancer quelques injures entre deux phrases. Un tantinet énervé, Nolan saisit la tête de l’homme et la plaqua contre le mur. « Je ne te le dirais pas une seconde fois. » La situation est tout de même assez ironique lorsque l’on sait que Nolan n’a pas était violant depuis le jour où un de ses camarades lui avait volé son goûter, il y a dix-neuf ans… Peut-être que la nouvelle couleur de ses cheveux, rendait ses propos plus sérieux… Quoi qu’il en soit, il relâcha l’homme qui s’éloigna après avoir lancé quelques insultes de plus à son intention. Sortant quelques billets de sa poche, Nolan paya sa consommation et, ignorant les quelques regards curieux, se dirigea vers Kety, la rattrapant par la même occasion avant qu’elle finisse par tomber. « Certaines personnes ne changeront jamais. Tu as toujours été douée pour t'attirer des ennuis. » lui lança-t-il dans un soupir. Il y avait une chance sur deux pour que le molosse revienne avec quelques amis qui, selon son instinct, ne seront pas aussi simple à maîtriser. Saisissant la jeune femme, non sans difficultés, Nolan l’entraîna vers l’extérieur du Kelly’s bar. Sortant ses clefs de voiture, Nolan les fit rouler dans sa main, le regard toujours fiché sur Kety. « Tu viens ? Ou tu veux peut-être attendre qu’il revienne avant ? »

Spoiler:

Ce genre de comportements, Kety ne les connait que trop bien et au fond, peut-être qu’elle croit que tout ceci ne que la normalité en usage. La faute à des parents pas franchement issus de bonne famille et à des fréquentations pour le moins peu recommandables, et ce depuis son plus jeune âge. Des connards, des enculés, des fils de p*tes, oui, Kety en a connu des tas. L’un d’entre eux à même réussi à voler son cœur, plus ou moins, et coloniser son utérus pour ne lui attirer toujours que des ennuis, à ce jour encore. Alors que ce mec lui parle de la sorte, sous-entende des choses pas franchement classes et des envies peu catholiques, elle ne s’en offusque pas. C’est un mec, c’est normal, surtout ici, à Chino, qui plus est dans ce bar et à cette heure. Elle lui répond, nonchalamment, sans prendre conscience qu’il pourrait la broyer en une seconde, ou pire, prendre ce qu’il attend de force. Elle ne pense pas Kety, elle vit l’instant présent, à ses risques et périls, sans penser aux conséquences, non jamais. Amusée même, elle rigole, comme une gamine devant un dessin animé plutôt rigolo, plutôt pathétique. Elle rigole et ne fait pas attention à ce qui se passe autour d’elle, elle divague, essaie de garder son équilibre, une vision décente et le contrôle de ses talons hauts qu’elle a si peu l’habitude de porter. C’est pour ça qu’elle ne le voit pas, au départ, Nolan. Qu’elle ne se rend pas compte que dans ce monde, dans cette ville tout du moins, il existe encore des princes charmants et que son idiote de sœur l’a abandonné. Ce qu’il était mal, Nolan, quand elle est partie. Mais ça c’était avant qu’il ne commence à s’en prendre à elle, à lui rejeter la faute et qu’elle se mette à faire de même. Leurs relations sont tendues, c’est le moins qu’on puisse dire même et qu’il vienne à son secours se trouve alors être une drôle de situation, une situation que Kety a alors du mal à analyser. L’alcool n’aidant pas. Restant muette, elle observe donc, les menaces, les sommations, les râlements et enfin, la fuite du grand gaillard pas franchement courageux. Parce que Nolan est une crevette quand même, non ? Kety l’a toujours pensé en tout cas. Il repart, vers le bar et la jeune femme, elle, reprend son chemin. Son équilibre précaire, elle manque de tomber et voila que Prince Charmant réapparait à la surface. Là où il faut, quand il faut. Il a même la petite phrase qui va avec, une petite phrase qui tire d’ailleurs un rictus à la petite brune. « Et toi pour les faire fuir, je ne sais pas lequel de nous deux est donc le mieux loti. » Réplique assassine, sans aucun besoin de plus de précisions. Il sait à quoi elle fait référence, à qui plutôt et sans aucune honte, Kety s’applique à retourner le couteau dans la plaie. Un couteau qu’ils partagent d’ailleurs. L’air frais de l’extérieur se met alors à fouetter son visage, la ramenant un peu plus vers la réalité. Elle se laisse guider, lentement et prend quelques secondes avant de formuler sa réponse, doutant encore quelque peu. « Hum… Oui, ramène-moi, j’économiserais au moins le taxi. J’aurais voulu qu’il revienne, t’aurais pas eu à venir à mon secours, Charmant. C’est comme ça que t’avais chopé ma sœur ? Ptet qu’au fond, c’est elle la conne, enfin bon, c’que j’en dis… » Haussant les épaules, Kety soupire. Elle s’en fiche un peu, de sa sœur, de lui, de leur merde à deux. Elle a les siennes et c’est bien assez pour elle, oh oui, bien assez. Pourtant, une question la taquine et sa curiosité totalement désinhibée par l’alcool se fait rapidement entendre. « Puis toi alors, tu foutais quoi là-dedans ? Tu buvais pour oublier ? T’sais quoi, j’ai un scoop : ça marche pas. Après, c’est pire. » Vraiment pire.

Spoiler: