Britta était d'une impatience chronique. Ce n'était d'ailleurs pas nouveau. Aussi, passer la soirée et une bonne partie de la nuit à attendre sa petite amie relevait de l'angoisse, pure et dure, d'une épreuve qu'elle n'était pas sûre de surmonter à chaque fois où elle se renouvelait. Assise sur leur lit, la tête nichée dans ses mains, ses cheveux blonds descendant en de jolies cascades jusque sur le haut de sa poitrine, elle laissa les derniers sanglots qu'elle s'autorisa faire vibrer son petit corps avant de se lever précipitamment. Ces pulsions lui prenaient au moins deux fois par semaine. Elle n'y tenait plus, devait le faire. Bien que Britta sût pertinemment qu'elle n'en avait pas le droit, elle écarta la petite voix sur son épaule lui intimer de rester planter dans son appartement à regarder la télévision jusqu'à ce que Lola ne daigne rentrer. D'une pichenette quelque peu tremblante par l'anxiété résidant en elle, elle préféra, et de loin, écouter la seconde petite voix acquiesçant toutes ses lubies. Ainsi, elle se délesta de son pyjama qu'elle envoya valser, ouvrit son armoire et, dans un sourire qui se voulu tout aussi mutin que machiavélique, elle choisis une petite robe noir lui arrivant mi-cuisse, dévoilant la peau nacrée de ses longues jambes. Lola adorait cette robe. Elle se souvenait l'avoir comprit le soir où la grande brune l'avait faite glissée doucement le long de ses courbes avant de lui offrir une nuit loin de ses vieux démons. Un sautoir en argent ferait l'affaire et mettait en valeur sa poitrine rebondie. Elle laissa ses cheveux en pagaille et s'approcha du miroir dans lequel elle se scruta un long moment. Comment en es-tu arrivée là, ma vieille ? Se demanda-t-elle, ses opales couleur océan se scrutant elle-mêmes. Comment en était-elle arrivée où ? Britta avait toujours eu tendance à ressentir les choses bien trop fortement, à prendre tout trop à cœur. L'amour qu'elle portait à Lola n'avait fait qu'amplifier ce qui sommeillait docilement en son sein. Tout avait explosé donnant un cocktail détonant d'amour et de jalousie qu'elle peinait à contrôler. En réalité, la blonde ne contrôlait plus rien et suivait le court de ses crises sans prendre la peine de réunir ses maigres forces pour lutter et redevenir elle-même. Elle n'était plus personne, à présent. Sa famille l'ayant rejetée, elle ne possédait plus personne à qui s'accrocher. A part Lola. Là résidait le plus grand drame de sa vie. Amoureuse d'une égoïste. Consciencieusement, Britta démaquilla ses yeux noircis par le mascara et le crayon ayant coulé lors de sa crise de panique quelques minutes auparavant. Comme si rien ne l'avait ébranlée, habituée à ce genre de sessions assez impressionnantes vues de l'extérieur, elle se remaquilla, un peu plus provocante, cette fois et sourit même à son reflet dans le miroir. Certains disait d'elle qu'elle possédait, en plus de sa dépendance, des symptômes d'une bipolarité qu'il serait temps de soigner mais Britta s'obstinait à les emmerder. Elle se sentait normale. Elle ne voyait pas le mal. Elle attrapa au vol sa veste en jean qu'elle jeta sur ses épaules e sortit du petit appartement en direction du lieu de travail de sa petite amie. Parfois, et pour se donner la conscience plus légère, la blonde s'obstinait à fermer les yeux afin de se tester. Elle connaissait le chemin par cœur. Le moindre trottoir, le moindre réverbère, elle réussissait avec grâce et facilité à les éviter. Et pourtant, pas même cette constatation ne lui mettait la puce à l'oreille. Non, connaître par cœur le chemin du boulot peut-être même mieux que Lola elle-même n'avait rien de terrifiant. Elle était simplement amoureuse... Britta. Une amoureuse éperdue, complètement terrifiée à l'idée d'être seule et certainement plus à celle que Lola puisse être entourée de monde. Elle était sienne et la blonde ne supportait pas qu'une autre ou un autre puisse ne serait-ce que la regarder. Elle pénétra dans la boîte, un sourire complice au videur qui ne lui octroya pas même l'ombre d'un regard. Il ne connaissait que trop bien la jeune Gallen pour la voir arriver telle une furie dans l'établissement et pousser chaque personne dans la file d'attente afin de pénétrer avant tout le monde. Elle déposa sa veste au vestiaire et embrassa la salle des yeux, à la recherche d'une seule chose, sa moitié. « Qu'est-ce que tu fais la toute seule, ma belle ? » elle toisa l'homme de ses deux mitraillettes bleues et traça son chemin, le bousculant quelque peu au passage. Rien à foutre de ces hommes. Tous les même, songea-t-elle en prenant place autour d'une table vide. Ses opales firent le tour de la salle pour se poser au bar, sur la silhouette qu'elle reconnaîtrait entre mille. Sur ces longs cheveux sombres qu'elle avait tant de fois parcouru de ses mains. Sur ce corps agréable que ses caresses avaient réussis à faire frissonner. A ses pensées, Britta se mordit nerveusement la lèvres inférieure. Il n'y avait pas à dire, Lola rayonnait de toute sa beauté, sa prestance et son naturel. A trop la fixer, sa petite amie croisa son regard qu'elle s'empressa de détourner. Et merde, ne put-elle s'empêcher de songer tandis que la grande brune s'approchait d'elle de sa démarche féline, encore vêtue de cette jupe bien trop courte et de ce décolleté trop profond au goût de la jeune Gallen. « Je... j'attends Sadie mais.. hum, je ne la vois pas.. je crois qu'elle n'est pas encore là. » balbutia-t-elle, espérant secrètement rendre jalouse Lola. Sadie ? Quel prénom de pouffiasse, pensa-t-elle après réflexion.
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