Parce qu'elle ne pouvait pas encore se permettre de traîner dans les bars ou dans des soirées, Ansley passait ses nuits soit chez elle, soit à flâner dans son quartier. Elle devait rester dans un environnement neutre, sans aucune tentation, et la rue était un bon lieu pour cela. Elle n'avait pas peur de rester seule dans ce quartier délabré. Evidemment, ça la changeait de la vie qu'elle avait connu à New York. Quand elle daignait rester chez elle, elle habitait dans un hôtel particulier en plein centre-ville de Manhattan et passait ses vacances dans sa villa dans les Hamptons. Seulement, elle ne pouvait plus se permettre cette vie. Ses parents lui avaient coupé les vivres et elle n'avait pas trouvé d'emploi (ne sachant rien faire, soyons francs). Elle était donc condamnée à rester dans un quartier modeste où certains habitants ne se sentaient pas en sécurité. Ce n'était pas son cas. Elle avait grandi avec les personnes les moins fréquentables du monde, elle avait fait partie de ces gens traînant dans les rues en plein milieu de la nuit, totalement défaite, effrayant les passants. On dit souvent qu'une rue déserte en pleine nuit n'était pas un lieu sûr pour une jeune femme toute seule, mais Ansley n'était pas n'importe quelle femme. Elle n'avait pas froid aux yeux, n'avait peur de rien, et certes cela pouvait lui causer problème mais c'était également une force, par moment. Dans son sac, une arme à feu attendait d'être utilisée en cas de besoin, elle n'avait donc rien à craindre. Un bâton de bois à la main, elle le faisait glisser contre les grilles délimitant le quartier. Il n'y avait pas un bruit dehors si ce n'est que celui des grilles et de ses talons aiguilles. Ses cheveux lâchés négligemment, Ansley était vêtue d'une simple robe blanche, style baby doll, accompagnée d'escarpins noirs. Le style vestimentaire de la jeune new yorkaise était très variée, allant d'un style sexy et féminin à souhait à un style plus masculin et négligé (mais pas moins sexy pour autant). Elle avait ce soir opté pour la sensualité, bien que personne ne soit là pour le voir. Effectivement, les rues étaient désertes et c'était tant mieux ainsi. Elle aimait se balader seule en plein milieu de la nuit, se pensant alors seule au monde. Dans ces moments-là, tous ses démons s'envolaient et elle était emplie d'un bien-être qu'elle ne connaissait que trop peu pour son âge. Lasse de marcher, elle retira ses chaussures et s'assit sur le bord du trottoir, allumant une cigarette. Elle ne touchait plus à l'alcool ni à la drogue, et la cigarette l'aidait plus ou moins à tenir. Restant ainsi pendant plus de cinq minutes, Ansley finit par reprendre ses chaussures à la main et se releva, se dirigeant vers sa maison. Elle n'avait aucune conscience du temps, mais quelque chose lui disait qu'il était tant de rentrer. Le destin décida de s'en mêler puisqu'une silhouette méconnaissable se fit de plus en plus distincte devant elle. Continuant d'avancer alors que sa main venait caresser le pistolet dans son sac, la lumière des lampadaires lui permit finalement de mettre un nom sur le visage. Etouffant un cri de surprise, elle lâcha son sac à terre et resta figée face à un homme aussi surpris qu'elle.