Ralph Waldo EMERSON a écrit:

It is one of the blessings of old friends that you can afford to be stupid with them.

Chapman Coffee ou Jule’s Coffee ? Un véritable dilemme selon Chandler. La vérité était qu’il aurait préféré aller au premier, pour avoir une chance de plus de croiser la jeune femme portant le doux prénom d’Ollie. Seulement, il n’avait pas encore parlé de cette dernière à son meilleur ami, et il était parfaitement incapable de décrire sa relation avec elle. Alors le deuxième serait le point de rendez-vous, comme il l’avait toujours été. Il s’agissait de l’endroit où le jeune homme avait écrit une grande partie de deux de ses bouquins, enchainant les cafés alors que Ryan révisait ses cours à côté. Un simple sms avec la question « Jule’s Coffee, 18h ? » fut la seule chose qu’il envoya à Ryan. Qui avait-il de plus à dire après tout ? Rien. Il n’était que midi & il lui restait six heures à tuer avant de retrouver l’étudiant, heureusement pour passer le temps, et malheureusement pour lui, son éditrice lui téléphona peu de temps après avoir envoyé le sms. S’en suivit une longue heure peu plaisante pour le jeune homme, cette dernière passant la grande majorité de la conversation a lui gueuler dessus, lui rappelant qu’il devait rendre son livre dans huit mois & qu’il n’avait encore rien écrit. Il était donc temps pour lui de se bouger les fesses, de commencer à écrire une histoire et que cette dernière se vende mieux que son dernier livre. Il était spécifié dans son contrat qu’il devait y avoir une augmentation des ventes d’au moins dix pourcent entre chaque bouquin. Il aurait mieux fait d’ignorer ses appels comme il l’avait fait durant les deux semaines précédentes.  Au moins il n’aurait pas eu a supporter les cris inutiles, ne faisant que lui rappeler qu’il était parfaitement incapable d’écrire quelque chose de convenable depuis la sortie de son dernier livre, deux ans auparavant. Il ne savait juste pas quoi écrire, il n’avait pas d’idées … Et quand il en avait une elle semblait juste insipide, sans intérêt, et ne lui permettant pas de faire une histoire solide. Alors il préférait ne rien écrire et essayer plus tard. La vérité c’était que depuis quelques jours il avait une idée en tête, une histoire potentielle, qu’il avait notée au brouillon sur un petit carnet qu’il transportait en permanence. Il fallait juste que ses idées se mettent en place, qu’elles s’assemblent tel un puzzle, et là il serait parfaitement rassuré car écrire deviendrait un jeu d’enfant. Le problème était que le puzzle ne se complétait pas assez vite selon lui. Soupirant profondément, il venait de se prendre la tête devant son ordinateur les trois heures suivantes, si seulement une inspiration divine pouvait le frapper, ça serait merveilleux. Mais non. Rien. Lâchant un simple « fuck » Chandler ferma ce dernier, enfourcha sa moto & se rendit en une dizaine de minute au Jule’s Coffee où il devait retrouver son meilleur ami. Ancien habitué de l’établissement, il salua le personnel, commanda un thé glacé, le récupéra & alla s’asseoir à la table du fond qu’il avait l’habitude d’occuper avec Ryan normalement. Ne pouvant s’en empêcher, il ressortit son carnet et recommença à écrire tout ce qu’il lui passait par la tête.

Concentré sur ce qu’il faisait, il ferma automatiquement son calepin lorsqu’il entendit quelqu’un se rapprocher. Relevant la tête, il fit un petit signe de la tête en direction de son meilleur ami, alors que le bloc de papier retrouva sa place au fond de son sac à dos, au côté du macbook pro que trimballait en permanence Chandler. Content de retrouver son meilleur ami qu’il n’avait pas vu depuis un petit moment déjà, son livre lui prenait pas mal de temps. Enfin c’était plus la recherche d’une idée de génie qui lui prenait du temps. Parce que l’écriture elle-même était inexistante sans idée première. Et puis il savait que Ryan avait encore quelques examens a passer avant de pouvoir être libre & pouvoir exercer son métier d’avocat. Se levant, il salua son ami comme ils le faisaient toujours, à l’aide d’un check. « Salut Chand’, merci de ton invitation, ça me permet de souffler un peu dans mes révisions. » Assit l’un en face de l’autre, Chandler reprit une longue gorgée de son thé glacé. « Pas de problème, ça me fait une pause à moi aussi. Avant d’assassiner quelqu’un. » Dit-il en rigolant. Il n’avait qu’une envie trouver une idée fabuleuse, mettre la musique à fond, son casque sur les oreilles & écrire des pages & des pages, tapant sur son clavier au rythme de la musique. « Comment avance l’écriture de ton bouquin ? Et plus généralement, comment tu vas ? » « Je pense que Firefly a plus de chance de revenir sur nos écrans, que moi d’écrire quelque chose dans les prochaines semaines. Ce n’est pas comme si ma deadline était 8 mois. » Un léger rire sarcastique s’échappa de ses lèvres. Il n’avait jamais été dans ce genre de situation. Oui il lui était déjà arrivé de n’avoir aucune idée de ce qu’il pouvait écrire mais, il arrivait toujours un moment où se produisait en lui une sorte de déclique. Et il lui restait généralement assez de temps pour écrire son livre tranquillement. Or là, il voyait les jours, les semaines passer, sans que rien n’arrive. Son cerveau était juste vide, en vacances sur la plage de Copacabana. Génial. « Mais, sinon ça va. & toi ? Les révisions ? » Chandler admirait vraiment son ami, lui avait eu son diplôme de journalisme à 23 ans et il lui était parfaitement impossible d’imaginer passer une année de plus à être étudiant. Alors quand il voyait son meilleur ami passer son temps à travailler pour des examens divers & variés, oui, cela ne pouvait que forcer l’admiration chez lui. Il avait d’ailleurs l’impression qu’il avait toujours connu Ryan en tant qu’étudiant, c’était faux mais, il était vraiment content de son ami terminer ses études. Se souvenant soudainement de quelque chose, il attrapa son sac à dos sous la table, prit la boite en plastique et la tendit au jeune homme. « Cadeau de ma mère, qui te souhaite bonne chance pour tes révisions. » Elle lui avait dit qu’une boite de cookies maison lui porterait chance, et que même si elle savait que ce n’était pas vrai, cela lui donnerait de l’énergie pour pouvoir travailler. C’était surtout parce qu’elle adorait cuisiner & qu’elle n’arrivait pas à manger tout ce qu’elle pouvait faire, et détestant jeter, cela l’arrangeait bien de distribuer ses gâteaux un peu partout, et à tout le monde. Seulement Chandler la connaissait & il savait aussi qu’elle les donnait avec plaisir à son meilleur ami.